Les perturbations de trafic ne vont pas cesser pendant les fêtes. Jeudi 19 décembre, la SNCF a annoncé que 2 TGV sur 5 et 2 Transilien sur 5 circuleront la semaine prochaine.
« Le 23 et le 24 décembre le trafic sera encore très perturbé. 400 000 voyageurs avaient déjà leur réservation, mais pour 48% d’entre eux, c’est un peu la douche froide : ils devront échanger leur billet ou alors trouver une autre date pour espérer avoir un train et partir pour les fêtes », rapporte le journaliste Ignacio Bornacin de l’AFP depuis la gare Montparnasse à Paris.
La CGT-Cheminots, premier syndicat à la SNCF, « continue » la grève contre la réforme des retraites, tandis que l’Unsa ferroviaire, deuxième syndicat, « appelle à une pause pour les vacances scolaires », ont indiqué les deux organisations jeudi à l’AFP, après une réunion multilatérale à Matignon.
L’Unsa, en revanche, appelle à une « pause », a indiqué son secrétaire général, Laurent Escure, aux journalistes à la sortie de la réunion à Matignon.
Cette pause est décidée « pour les vacances scolaires », a précisé à l’AFP Didier Mathis, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire, qui représente 7,5% des conducteurs et contrôleurs. SUD-Rail, troisième syndicat à la SNCF, « va entretenir le mouvement avant les temps forts de la rentrée », a indiqué à l’AFP Erik Meyer, secrétaire fédéral, dont l’organisation représente environ un tiers des conducteurs de train et plus de 25% des contrôleurs.
Sur France Inter, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a répété qu’il avait noté une «volonté de dialogue et d’ouverture» de la part du premier ministre, ainsi que des «perspectives d’avancées» sur certains sujets sensibles de la réforme des retraites, dont la pénibilité ou le minimum de pension. «Le système dessiné est insuffisant, mais il n’est pas mauvais», a-t-il jugé. Cependant, a-t-il immédiatement tempéré, le «désaccord» autour des mesures paramétriques de court terme, dont l’instauration d’un âge pivot, demeure. Ces mesures d’équilibre ne sont «absolument pas nécessaires», a-t-il jugé, dénonçant la volonté du gouvernement de faire passer une «bonne vieille réforme classique des retraites où l’on va demander aux gens de travailler plus longtemps», en parallèle de la transformation systémique.
«Je veux que l’âge pivot soit retiré de cette réforme», car il est «injuste», a-t-il martelé. Le chef de la majorité présidentielle a toutefois laissé la porte ouverte à des négociations, a précisé Laurent Berger: «Le premier ministre a dit qu’on pourrait imaginer un cocktail de mesures», mélangeant par exemple une hausse des cotisations à d’autres mesures supplémentaires pour financer la réforme. «C’est encore sur la table», selon le syndicaliste, qui craint que la réforme soit en train de «pourrir» à cause de mesures budgétaires et comptables «qui ne se justifient pas» sur le court terme. «Ce qui a changé, c’est la vision politique, c’est le fait que certains veulent avoir une réforme budgétaire plutôt que systémique», a regretté le représentant. Pour lui, «certaines personnes» poussent à «faire faire des économies à l’État» sur «le dos du régime des retraites», une situation inacceptable.
Laurent Berger a senti la «grande détermination» d’Édouard Philippe à mettre en place ce dispositif, et a prévenu que la CFDT comptait bien se mobiliser pour l’en dissuader. Après la trêve des confiseurs, qu’il appelle ses vœux, le leader syndical va remobiliser son organisation: «à partir du 6 janvier», l’organisation va interpeller les parlementaires, d’une part, et pourrait proposer aux travailleurs de se mobiliser en amont de la présentation du projet de loi en conseil des ministres, fin janvier, d’une manière «plus festive» que les manifestations habituelles, a-t-il suggéré. Ces rassemblements porteront l’idée que «demander de travailler plus longtemps n’est pas acceptable».
Le représentant syndical a également salué les avancées timides sur la pénibilité, tout en appelant l’exécutif à aller plus loin, par exemple en prenant en compte les postures pénibles, le risque chimique ou encore les gestes répétitifs. Il refuse de voir se rejouer un scénario semblable à celui de l’assurance-chômage : « si c’est pour jouer un jeu de dupes où tout est fixé à l’avance, il n’en est pas question« , prévient-il. « Veut-on une justice sociale, dans ce pays, ou doit-il être gouverné par une logique de règle arithmétique » et comptable, s’est interrogé Laurent Berger en conclusion.
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