Après bientôt six mois de mobilisation, le mouvement des « gilets jaunes » semble s’essouffler avec un acte 26 qui peine à mobiliser, même à Lyon ou Nantes censés être les épicentres nationaux du jour.
A Lyon ou Nantes, les cortèges ont réuni moins de 2.500 personnes chaque fois selon l’AFP et des sources sécuritaires, dans une ambiance qui s’est rapidement tendue.
A Nantes, où Maxime Nicolle dit « Fly Rider » avait fait le déplacement, une équipe de la Brigade anti-criminalité (BAC) a été la cible de jets de projectiles par des manifestants, conduisant à une intervention des forces de l’ordre et des tirs de LBD.
Un journaliste reporter d’images (JRI) de la chaîne d’information CNews a dit avoir été touché par un tir de LBD au niveau du bas ventre, assurant toutefois aller « bien », sa « ceinture abdominale ayant permis d’atténuer le choc ».
A Lyon, la gendarmerie mobile et les CRS, qui encadraient de très près la tête du cortège, étaient l’objet de jets de bouteilles, pierres ou pétards. Ils ripostaient par de nombreux tirs de gaz lacrymogène, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ailleurs en France, ils étaient plusieurs centaines à Paris ou Toulouse, 1.300 à Montpellier selon la préfecture. A Bordeaux, longtemps bastion du mouvement, la manifestation est passé sous le cap des 1.000 participants avec 700 personnes recensées par la préfecture.
Et les premiers chiffres du ministère de l’Intérieur, systématiquement contestés par les « gilets jaunes », confirmaient un repli. A 14H00, ils étaient 2.700 à manifester en France, dont 600 à Paris, selon la place Beauvau; contre 3.600 manifestants dont 1.000 à Paris le 4 mai à la même heure.
L’acte 25 avait été le moins suivi depuis le début du mouvement le 17 novembre puisqu’il avait réuni moins de 19.000 manifestants dans l’Hexagone selon les autorités, plus de 40.000 pour les organisateurs. Des chiffres bien inférieurs à ceux du 1er mai ou de la mobilisation des fonctionnaires jeudi.
« Tant en nombre qu’en motivation, ça n’a rien à voir avec les manifs du début, ça a marché un temps mais il y a de la lassitude. Aussi, beaucoup de gens ont peur des violences policières », reconnaît Mo, un Bordelais de 32 ans et militant La France Insoumise.
« Il va falloir repartir sur les rond-points et penser à d’autres actions. Cet été, on pourrait peut-être aller sur les parkings des plages », propose-t-il.
« Je commence à penser que ça ne sert à rien », soupire à Paris Christine Sawicki, 51 ans, comptable.
Pour elle, Emmanuel Macron « ne prend pas les bonnes décisions. La baisse des impôts en 2020 alors que l’ISF il l’a supprimé tout de suite. J’aimerais une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité. Et qu il supprime le CICE », réclame-t-elle, se demandant aussi « comment frapper économiquement le pays ».
– « Ca va, ça vient » –
D’autres ne voulaient pas croire à un déclin. « Ca va, ça vient, ça dépend des jours », assure Laurence, 57 ans, à Paris.
« Il y a eu un bel éveil des consciences. Il y a de plus en plus de gens qui nous rejoignent et qui comprennent que le +gilet jaune+ c’est pas une idéologie politique ou terroriste et que en-dessous il y a des citoyens et que les revendications qu’on apporte sont des revendications citoyennes », veut croire Jérôme Rodrigues, depuis Lyon.
Et il promet que si Emmanuel Macron « ne veut pas nous écouter, on continuera jusqu’à ce qu’il nous entende, quitte à lui foutre en l’air son quinquennat ».
A Paris, la manifestation, dans le calme, avait été placée sous le signe du « soutien aux enseignants » et contre la loi Blanquer.
L’accès aux Champs-Élysées avait été fermé au sein d’un périmètre d’interdiction comprenant le palais présidentiel et l’Assemblée nationale, de même que le secteur de Notre-Dame.
A Lyon, Lille, Dijon, Toulouse ou Orléans, les autorités avaient également mis en place des zones interdites aux manifestations.
Enfin, à Strasbourg, ils étaient une soixantaine aux abords du meeting de LREM au Palais de la musique et des congrès avec sur une banderole bleu-blanc-rouge le slogan: « Vivre pas survivre, justice fiscale ».
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