GAFA : Ronan Le Gleut s'engage dans une pétition pour une riposte numérique

GAFA : Ronan Le Gleut s'engage dans une pétition pour une riposte numérique

52 personnalités du numérique et responsables politiques se sont adressés à Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques dans une tribune publié chez de nombreux médias le mardi 28 juillet 2020.

Mailo, un service de messagerie « européenne sécurisée et souveraine », a pris l’initiative de cette tribune pour pousser un cri d’alarme.

Sénateur Ronan Le Gleut
Sénateur Ronan Le Gleut

Dans une époque marquée par le Covid-19 qui nécessite une relance énergique, cette tribune affirme l’urgente nécessité de mener une politique protectrice et stratégique visant à reconquérir notre souveraineté numérique.

Vous pouvez consulter La tribune en cliquant ICI.

Parmi les signataires, Le sénateur des Français de l’Etranger Ronan Le Gleut. Elu en 2017 sur une liste constituée de proches du parti « Les Républicains » mais non investie. Il siège, aujourd’hui, dans les rangs de la majorité sénatoriale (LR, UDI, indépendants) au sein du groupe Les Républicains dont il est secrétaire général adjoint. Ingénieur en Allemagne, il s’était engagé auprès des Français de l’Etranger via un mandat d’élu à l’Assemblée des Français de l’Etranger.

Ronan Le Gleut répond aux questions du site lesfrancais.press sur la difficile guerre qui oppose Etat et Citoyenneté.

 

« Les géants du numérique empiètent sur des fonctions régaliennes de l’Etat » – Ronan Le Gleut (LR)

 

Lesfrancais.press : Nous vous remercions de répondre à nos questions suite à la publication de la tribune signée par 52 personnalités à destination du  Secrétaire d’État chargé de la transition numérique.

Vous êtes membre de la commission numérique de la francophonie au Sénat, et vous venez de conclure un rapport en 4 tomes sur l’avion de combat du futur, est-ce que, pour vous, le secteur économique du numérique est le pendant civil des guerres du futur ?

S.Ronan Le Gleut : La puissance des États ne s’exprime plus seulement par la seule force militaire, mais par un ensemble plus large. Joseph Nye est le premier à avoir théorisé le « soft power ». En 2020 les plus grandes entreprises du monde ne sont plus les compagnies pétrolières ou les banques mais les sociétés du numérique dont la capitalisation équivaut au PIB de certains États. Dans ce contexte « disruptif » les géants du numérique empiètent sur des fonctions régaliennes de l’Etat à l’image du projet Libra de crypto-monnaie par Facebook ou bien le stockage de données extrêmement sensibles dans le cloud. Ainsi, il serait dangereux de négliger ces mutations.

 

Lesfrancais.press : Comme vous le mentionnez dans le texte, la bataille des géants de l’informatique se joue au niveau des États-Continents. Comment la France peut-elle influencer l’Union Européenne pour renforcer la prise de conscience des autres états membres et de la Commission ?

S.Ronan Le Gleut : Thierry Breton, actuel Commissaire européen (ndlr, il est Français) au marché intérieur dispose d’un portefeuille élargi qui inclut également le numérique ou la défense. Avec son expérience ministérielle auprès de Nicolas Sarkozy puis dans l’industrie, Thierry Breton est un relais efficace et compétent pour ces enjeux. Durant le confinement, j’ai eu la chance de participer à une visioconférence de travail avec lui et je sais qu’il est un relais pour nous.

 

Lesfrancais.press : Comment expliquez-vous le retard pris par la France ? Dans les années 90 et 2000, Bull a tenté de se renouveler, ce fût un échec. Depuis les années 2010 de grandes PME tentent de se développer, avec beaucoup de difficulté , comme le moteur de recherche Qwant ou Oodrive pour le Cloud et Goodbarber dans les applications dites « mobiles ».

S.Ronan Le Gleut : La France compte elle aussi des licornes, ces start-ups dont la valorisation dépasse le milliard de dollars à l’image de BlaBlaCar, OVH, Dataiku ou Doctolib. En Europe la Suède se distingue avec Spotify, iZettle et Klarna, l’Allemagne avec Zalando et HelloFresh et le Royaume-Uni avec Shazam.

Mais de manière générale les Etats-Unis dans un premier temps et progressivement la Chine, innovent de manière spectaculaire. Au delà du numérique, le continent européen semble en déclin et peut-être même l’Occident au profit d’un basculement du monde et d’une tectonique des plaques des politiques de puissance au profit de Pékin. Le numérique n’est que le reflet et le révélateur de l’expansion des politiques de puissance et de l’affaiblissement rapide du multilatéralisme.

 

« Au delà de ces aspects factuels, l’aversion au risque chez nous peut être un handicap, nous devons collectivement changer notre regard sur l’échec, qui n’est qu’une étape vers la réussite. »  – Ronan Le Gleut (LR)

Lesfrancais.press : Il faut donc adapter nos outils de soutien à ces pépites françaises. OVH, une grande réussite nationale, souligne régulièrement les dysfonctionnement des fonds français et européens. Comment mieux les aider dans leur développement ?

S.Ronan Le Gleut : OVH est une des grandes réussites françaises dans le domaine du cloud, l’une de nos rares licornes. La culture du capital-risque dans le Silicon Valley est sans commune mesure avec ce que nous connaissons en Europe. Évidemment la taille du marché américain est un avantage pour une Start-up qui dispose d’un marché domestique considérable avec une seule version de son produit.

Au delà de ces aspects factuels, l’aversion au risque chez nous peut être un handicap, nous devons collectivement changer notre regard sur l’échec, qui n’est qu’une étape vers la réussite. Un brevet d’invention est le fruit d’une succession de tentatives ratées jusqu’au jour où finalement, par tâtonnement et retour d’expérience, l’invention permet enfin de résoudre un problème technique.

 

Lesfrancais.press : Les Français de l’Étranger, que vous représentez au Sénat, sont des grands utilisateurs des réseaux sociaux et autres outils nomades, souvent américains. Peuvent il apporter leur pierre à l’édifice ? Et si oui comment ?

S.Ronan Le Gleut : Oui car les Français de l’étranger sont un atout inexploité. En vivant hors de France, ces Français voient les bonnes pratiques des pays dans lesquels ils vivent et comprennent mieux que personne nos propres blocages. La culture du parangonnage* est quotidienne et permettrait de rendre la France plus forte.

 

Parangonner quelque chose  : Présenter comme modèle.

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire