Lundi (11 décembre), le président de la République Emmanuel Macron a annoncé de nouveaux investissements dans la fusion nucléaire, l’hydrogène natif, le stockage d’énergie et la capture de carbone.
À l’occasion du deuxième anniversaire du plan d’investissement France 2030, Emmanuel Macron s’est rendu à Toulouse, dans les locaux du géant européen de l’aviation, Airbus.
Le plan France 2030 vise à investir 54 milliards d’euros sur cinq ans pour « rattraper le retard industriel français, investir massivement dans les technologies innovantes ou encore soutenir la transition écologique », peut-on lire sur le site du ministère de l’Économie.
À Toulouse, le président de la République en a profité pour faire de nouvelles annonces en matière d’énergie et de décarbonations de l’industrie, pour « aller plus vite, plus fort dès la rentrée » avec « enfin une stratégie française et la réforme de notre stratégie européenne ».
Nucléaire innovant
En matière de nucléaire d’abord, « nous avons besoin d’accélérer nos innovations de rupture », a déclaré M. Macron. Au-delà de la fission nucléaire, utilisé pour les grands réacteurs nucléaires, mais aussi les petits réacteurs nucléaires (SMR) en cours de développement, comme le SMR d’EDF NUWARD, le président de la République souhaite « explorer » la fusion nucléaire.
« Au-delà des SMR que nous avons beaucoup poussés, fusion et aimants supraconducteurs seront deux verticales que nous allons beaucoup encourager avec France 2030 et sur lesquelles je veux qu’on redouble d’efforts », a-t-il annoncé.
L’objectif est d’atteindre, d’ici à deux ans, « un niveau d’avancement aussi fort en relatif que sur les réacteurs innovants d’aujourd’hui », c’est-à-dire les SMR.
Bien que le potentiel de la fusion nucléaire soit important, cette technologie, en l’état de la science, ne devrait pas être opérationnelle avant plusieurs décennies. Dès lors, elle ne devrait pas participer à l’atteinte des objectifs de décarbonation pour 2030 ni même 2050.
Dans le même temps, le président de la République a insisté sur la nécessité de développer massivement les moyens de stockage d’énergie pour accompagner le développement des énergies renouvelables.
« Je veux qu’on accélère en effet le développement de moyens de stockage à moyen et long terme pour mieux gérer la flexibilité du système électrique qui est rendue nécessaire par le recours en particulier aux renouvelables et répondre à la croissance des besoins en électricité », a-t-il déclaré.
Pour tous ces enjeux, M. Macron veut « redoubler d’efforts ».
Hydrogène blanc
En parallèle, le chef de l’État a mentionné l’hydrogène. Objectif : accélérer la décarbonation de l’industrie et faire de la France « une plaque tournante du transport d’hydrogène ».
À cette fin, M. Macron a annoncé le déploiement de « financements massifs » pour explorer le potentiel de l’hydrogène blanc, naturel ou natif, c’est-à-dire l’hydrogène naturellement présent dans la croûte terrestre.
Son existence est connue depuis les années 1980, mais les premiers gisements potentiellement exploitables se sont fait jour en juin dernier, dans le bassin lorrain, au nord-est du pays, mais aussi dans les Pyrénées-Atlantiques dans le sud-est du pays, à la frontière espagnole.
Là-bas, M. Macron a rappelé que les autorités ont délivré le 3 décembre dernier le premier permis d’exploration d’hydrogène blanc en France.
Les espérances sont immenses, avec une ressource abondante coincée sous la surface de la Terre, peu chère et peu carbonée.
« En France, il est possible d’imaginer des quantités telles que le pays pourrait être exportateur », confirmait à Euractiv France Mikaa Blugeon-Mered, enseignant spécialiste de la géopolitique de l’hydrogène à Sciences Po, en juin dernier.
À terme, 3 millions de tonnes par an pourraient être produites.
Attention toutefois, les premières productions ne devraient pas être opérationnelles avant 2028 au moins.
Métaux critiques et capture du carbone
Cette ressource du sous-sol illustre un besoin de cartographie plus général du sous-sol, dont le président de la République souhaite un démarrage dès la mi-2024.
Pour l’industrie également, le président de la République n’a pas oublié de mentionner la capture, le stockage et l’utilisation du carbone, rappelant les objectifs de la stratégie française en la matière.
Des partenariats sont déjà en cours d’élaboration au niveau européen, notamment entre la France et la Norvège, pour transporter, depuis le continent, des quantités de carbone vers les eaux norvégiennes.
La Commission européenne a d’ailleurs rendu éligibles à des financements européens plusieurs projets de stockage et de transport de carbone dans sa dernière liste de projet d’intérêts communs européens.