La crise de 2008/2009 avait démontré la violence des anticipations face aux annonces économiques et financières. Au temps d’Internet, de l’interdépendance, les réactions en chaîne sont de plus en plus rapides.
La chute de la production et des échanges avait été quasi-immédiate en 2009 accentuant le blocage des paiements interbancaires. Aujourd’hui, avec le coronavirus, l’effet de contagion concerne autant le virus que les informations vraies ou fausses qui lui sont liées.
Dans une société très averse aux risques, la moindre rupture dans la chaîne de confiance génère des spirales dépressives de grande ampleur. Les banques centrales et les États sont ainsi appelés au secours de manière très rapide et cela avant même d’avoir une idée réelle de l’évolution du problème et des dégâts. L’accumulation des mesures de confinement, de fermeture des entreprises et des services publics, l’annulation des spectacles tout autour de la planète constitue un phénomène sans précédent qui ne peut qu’amener une récession.
Face à cette situation, une coopération internationale tente de s’organiser. Après plusieurs années de remise en cause du multilatéralisme, cette crise sanitaire démontre tout l’intérêt des politiques concertées et coordonnées.
L’ensemble des systèmes de santé sous tension
Dans un grand nombre de pays, les systèmes de santé éprouvaient avant même la crise des difficultés à faire face aux conséquences du vieillissement des populations. La faible croissance de ces dernières années dans les pays occidentaux pèse sur les budgets de la santé publique. L’épidémie de coronavirus provoque un afflux de malades dans les services d’urgence et de réanimation difficile à gérer, même au sein de grands pays comme l’Italie.
L’Italie avec plus de 3 000 personnes atteintes et 107 décès (au 5 mars 2020) éprouve les pires difficultés à gérer la crise. Par sa soudaineté et par sa médiatisation, l’épidémie génère un effet de psychose au sein des populations. Si le taux de la létalité au regard des autres virus demeure moyen, le ressenti est tout autre en grande partie en raison de l’absence de connaissances sur le virus et les traitements curatifs possibles.
Le caractère mondial de l’épidémie accroît son caractère anxiogène.
La létalité de la maladie varie d’un pays à un autre. L’Iran et la Corée du Sud enregistrent les taux de morbidité les plus importants (entre 4 et 5%). La fiabilité des chiffres iraniens a été à maintes reprises soulignées. Le taux moyen de mortalité, calculé le mercredi 4 mars à partir des données du site « Gisanddata » est de 3,4 % selon le « Center for systems science and engineering » de l’université Johns Hopkins aux États-Unis. Selon d’autres études, le taux se serait entre 2 et 3 % sachant que la Chine n’avait pas pris des mesures de santé publique dès le début de l’épidémie.
Le taux varie en fonction de l’âge des personnes atteinte. Faible jusqu’à 50 ans, il augmente assez rapidement au-delà de 60 ans. En ce qui concerne les personnes infectées, ce sont les 50 à 60 ans qui paient le plus lourd tribut du fait qu’elles sont actives et donc en contact avec un grand nombre de personnes et qu’elles sont membres de générations larges (générations du baby-boom). Des doutes existent, en revanche, sur la véracité de certaines statistiques. Ainsi, l’Inde, jeudi 5 mars, avec 1,4 milliard d’habitants comptabiliserait une trentaine de cas avec aucun décès. L’Afrique reste également préservée. Nul ne sait si c’est en raison de la température ou de la faiblesse des systèmes de santé.
Ces approximations sont autant d’incertitudes rendant difficile la modélisation de l’épidémie et de ses conséquences. Les premières remontées statistiques de l’épidémie soulignent que les États dont le système de santé est de bon niveau enregistrent le moins de décès. C’est le cas dans les pays d’Europe du Nord, de l’Irlande et dans une moindre mesure de la France et de l’Allemagne. La rapidité des prises en charge et la présence de plateaux de réanimation constituent les deux facteurs pouvant expliquer, en l’état actuel des connaissances, les écarts de mortalité.
Laisser un commentaire