Le député MoDem Frédéric Petit, représentant la 7e circonscription des Français de l’étranger (Allemagne, Europe centrale et Balkans) est l’invité du podcast « En Toute Confidence » sur Lesfrancais.press. Au micro, il revient sur la nouvelle équipe gouvernementale de Sébastien Lecornu, le budget des Français de l’étranger et l’avenir du réseau de l’AEFE. Pour lui, il est urgent de repenser le modèle de gestion des lycées français à l’étranger afin de préserver un réseau qu’il juge « à la croisée des chemins ».
Écouter le podcast le député de la 7ème circonscription des Français de l’étranger
Un parlement « plus représentatif de la société française »
Interrogé sur la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Sébastien Lecornu, Frédéric Petit rappelle d’abord le rôle du député. « Je ne suis pas chargé de nommer le Premier ministre, je suis chargé d’évaluer ce qu’il fait et de le contrôler », explique-t-il.
« J’entends certains collègues parler de l’enfer des Français à l’étranger, mais ça ne correspond à rien »
Frédéric Petit, député des Français de l’étranger
Allemagne, Europe centrale et Balkans
Habitué aux coalitions politiques dans les pays européens où il réside, l’élu estime que la situation française actuelle est une évolution positive : « Je trouve que c’est un progrès pour notre pays », souligne-t-il, voyant dans la diversité parlementaire une meilleure représentation des sensibilités françaises.
Services consulaires : « Une modernisation en marche »
Concernant les budgets liés aux Français de l’étranger, Frédéric Petit rejette l’idée d’un désengagement de l’État : « J’entends certains collègues parler de l’enfer des Français à l’étranger, mais ça ne correspond à rien », affirme-t-il.
Au contraire, il salue la modernisation des services consulaires : « La plateforme France Consulaire, la numérisation, ce sont des choses qui vont pas mal, il y a une grande écoute des élus de terrain ». Il insiste néanmoins sur la nécessité de protéger certaines politiques publiques comme l’aide au développement, souvent mal comprise : « On a un collègue du Rassemblement national qui dit qu’il faut couper 7 milliards, parce qu’il ne comprend pas comment ça marche », déplore le député.
AEFE : un réseau solide mais une agence à réformer
Au cœur de l’entretien, Frédéric Petit aborde longuement le futur de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), pilier de la diplomatie éducative française. Il démonte d’abord les discours alarmistes : « Sur les 560 lycées, il y en a 85 % qui vont très bien », déclare-t-il.
« Il faut réfléchir à comment l’AEFE travaille, à ce qu’elle fait de cet argent, et comment le répartir entre ses deux grandes missions : gérer des lycées et parler à l’ensemble d’un réseau »
Frédéric Petit, député des Français de l’étranger
Allemagne, Europe centrale et Balkans
Mais pour lui, le problème n’est pas le réseau, mais l’agence elle-même : « L’agence, ce n’est pas le réseau. Elle est chargée de l’animer, de le développer, mais elle ne gère directement que 68 lycées sur 560 ». Une majorité d’établissements, rappelle-t-il, « n’a aucun lien économique avec l’agence ». Il plaide donc pour un rééquilibrage et une meilleure répartition des ressources dans une perspective de réforme : « Il faut réfléchir à comment elle travaille, à ce qu’elle fait de cet argent, et comment le répartir entre ses deux grandes missions : gérer des lycées et parler à l’ensemble d’un réseau ».
Frédéric Petit estime donc que « l’activité de l’agence est trop concentrée sur la seule mission d’administration d’un petit nombre de lycées, soit les 68 établissements gérés intégralement par l’État ». Or, pour lui « la dimension de diplomatie culturelle, qui suppose de dégager des moyens et des compétences pour réellement développer et animer le réseau au service de l’excellence de nos établissements, est à l’inverse trop souvent délaissée ». C’est la raison pour laquelle le député plaide pour une séparation claire de ces deux missions dans l’organisation financière et administrative de l’agence.
« Un petit moment dur à passer » avant une refondation de l’AEFE
Conscient des tensions budgétaires, le député estime que l’AEFE doit passer par une phase difficile avant de se réformer : « Il y a un petit moment dur à passer, mais j’espère que ce petit moment permettra enfin derrière à ce que l’agence fasse vraiment la réforme qu’on attend depuis dix ans ».
« Je ne vois pas pourquoi l’agence gère les bourses. Les bourses devraient être gérées à la direction des Français à l’étranger »
Frédéric Petit, député des Français de l’étranger
Allemagne, Europe centrale et Balkans
Il alerte sur la dérive de la masse salariale : « Vous avez une croissance absolument pas contrôlée et exponentielle », dit-il, avant de suggérer des économies structurelles, notamment en transférant certaines missions. « Je ne vois pas pourquoi l’agence gère les bourses. Les bourses scolaires devraient être gérées à la direction des Français à l’étranger », plaide-t-il.
Une réforme concertée avec la diplomatie
Frédéric Petit confirme avoir été associé à la réforme conduite par la Direction générale de la mondialisation (DGM) au Quai d’Orsay : « J’ai auditionné Mme Grillo, j’ai beaucoup parlé avec elle. Sur la réforme, on est à peu près en phase ». Il explique avoir remis des propositions au gouvernement, destinées à améliorer le fonctionnement du réseau avant même de toucher aux chiffres : « D’abord, il faut retravailler un peu notre moteur », résume-t-il.
Parmi ses propositions figure un renforcement de la légitimité de la direction de l’AEFE : « Il faudrait que la direction de l’AEFE soit validée par le Parlement. Sa légitimité et sa marge de manœuvre pour réformer en profondeur seraient complètement différentes ». Mais il prévient : « Il faut que l’AEFE ne soit pas en cessation de paiement ».
Une fois cette étape franchie, l’agence devra mener une réforme profonde, loin des « rustines » du passé : « Dire que l’AEFE est une instance qu’on veut privatiser, c’est absurde », insiste le député Petit. Son souhait : une AEFE modernisée, performante, capable de faire rayonner le savoir-faire éducatif français. « Il faut essayer de penser un peu plus, de penser comme au XXIe siècle », conclut-il.
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