Ce jeudi 23 mai se tenait à Bamako, la capitale du Mali, la cérémonie d’investiture du nouveau Président de la République du Tchad, M. Mahamat Idriss Deby. La France y était représentée par Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger.
Un héritier et un chef de junte militaire
Cette cérémonie, qui adoube une élection pourtant jugée peu « crédible » par des ONG internationales, avec 61% des suffrages, met fin à une transition au début de laquelle il avait été proclamé, le 20 avril 2021, à la tête de l’Etat par une junte militaire à la mort de son père Idriss Déby Itno. Le maréchal Déby venait d’être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé le Tchad d’une main de fer pendant plus de 30 ans.
Au diapason de l’opposition qui a appelé à boycotter cette cérémonie, des ONG internationales, à l’image de la Fédération internationale des droits humains (FIDH), ont fustigé une élection « ni crédible, ni libre, ni démocratique », « dans un contexte délétère marqué par (…) la multiplication des violations des droits humains ».
La junte a fait réprimer violemment toute opposition depuis trois ans et avait écarté du scrutin les rivaux les plus dangereux du général Déby, dans un pays marqué, depuis son indépendance de la France en 1960, par les coups d’État, les régimes autoritaires et les assauts réguliers d’une multitude de rébellions.
Un maillon clé de la présence militaire française
Entre 2022 et 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont contraint au départ les troupes françaises, après l’arrivée au pouvoir de juntes militaires hostiles à Paris et réticentes à poursuivre leur coopération au sein du G5 Sahel, une coalition régionale mise en place pour lutter contre les groupes jihadistes.
Aujourd’hui, le Tchad est le seul pays sahélien à abriter encore des forces françaises. Pour Paris, « le pays a repris sa centralité stratégique avec les retraits de l’armée au Mali et au Niger », analyse Élie Tenenbaum, de l’Institut français des relations internationales (IFRI) sur TV5MONDE.
Depuis la fin de l’opération antijihadiste Barkhane (2014-2022), la France prévoit de réduire drastiquement sa présence militaire en Afrique, et notamment au Tchad, mais Paris n’a pas l’intention de totalement quitter ce pays par crainte de créer un appel d’air.
Fin janvier, Mahamat Idriss Déby Itno s’est d’ailleurs rendu à Moscou pour appeler, aux côtés de Vladimir Poutine, à « renforcer (les) relations » avec la Russie, un « pays frère ». Le Tchad doit donc rester un partenaire que Paris doit ménager même si le soutien à N’Djamena n’est pas sans coût politique.
Soutenir les Français du Tchad
Bien sûr, comme à son habitude, Franck Riester, a aussi pris du temps pour la communauté française. Ils sont désormais moins de 1000 à rester dans le pays. Le ministre des Français de l’étranger les a remerciés pour leur courage et leur pugnacité. Leur présence est la démonstration qu’un lien peut être reconstruit avec le Tchad mais plus généralement avec tous les pays du Sahel.
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