Franck Pajot : " On doit avoir une politique de gauche sociale forte, avec des réformes dès le début d'une prise de pouvoir "

Franck Pajot : " On doit avoir une politique de gauche sociale forte, avec des réformes dès le début d'une prise de pouvoir "

Pour la campagne électorale des élections législatives du 30 juin et du 07 juillet, nous proposons aux auditeurs de la French Radio Hong-Kong et aux lecteurs du site Lesfrancais.press de rencontrer les candidats, sur la XIème circonscription des Français de l’étranger. Nos 3 invités représentent les 3 principaux mouvements en position de créer une coalition à l’Assemblée nationale et de gouverner notre pays. Après une Anne Genetet, la députée sortante qui se représente pour la majorité présidentielle sous l’étiquette Ensemble, soutenue par Horizon, nous avons reçu Franck Pajot, élu consulaire pour la Chine du Nord, la Corée du Nord et la Mongolie mais aussi candidat pour le parti socialiste au sein du Nouveau Front Populaire.

Écouter l’interview de Franck Pajot

Son interview

Q : Il n ‘y a que quelques jours avant le vote. Comment pensez-vous pouvoir vraiment faire campagne en si peu de temps ? 

Ça va être très compliqué, surtout dans notre circonscription qui représente 49 pays. 

J’étais candidat/suppléant en 2022, et nous avons donc un réseau important sur la circonscription, d’élus, de responsables d’associations, de militants.

Q : Vous êtes donc désigné par le Front populaire, avez-vous déjà réussi à rassembler l’ensemble des partis de gauche, des communistes aux écologistes en passant par les socialistes ?

Ça n’a pas été simple. C’est une candidature d’union et je suis quelqu’un qui a toujours cherché à rassembler. Je pense qu’on ne peut pas tenir un discours rassembleur et au moment où on nous propose l’union, ne pas s’engouffrer dans cette union. 

Maintenant, je me tourne vers l’avenir effectivement, il y a eu des discussions au niveau national. J’ai été désigné pour représenter ce front contre les idées de l’extrême droite et contre un parti présidentiel qui, finalement, a créé le chaos dans notre pays et le chaos depuis quelques jours, avec cette dissolution surprise.

Q :  Justement, on parle de cette dissolution surprise, que vous disent les Français de votre circonscription sur ce délai ? Moins de quinze jours de campagne pour un engagement qui est de cinq ans. Est-ce que ça n’est pas un peu les priver de débat ?

Certainement. Je suis quelqu’un qui suit au service des gens depuis de nombreuses années. J’aime rencontrer les gens, j’aime parler avec eux, j’aime savoir ce qu’ils font, comprendre comment ils fonctionnent. Je suis un élu de proximité et suis à l’écoute de tous.

J’ai mes convictions, je suis affiché à gauche, je les assume pleinement, mais je suis à l’écoute de tout le monde, et notamment en tant qu’élu et je le serai en tant que député. C’est ce qui nous manque profondément dans la circonscription.

Alors, les Français ont été surpris, dans un premier temps, de cette dissolution, mais nous sommes organisés, on a envie de faire campagne, on a envie d’apporter cette rupture que les Français attendent.

Q :  Dans la onzième circonscription, le rassemblement national a un fort taux avec 9,48 % aux européennes. L’arrivée au pouvoir en France de ce parti et la question clé, c’est le paradoxe entre une campagne en France et une campagne à l’étranger Parler d’eux dans votre campagne, est-ce que ce n’est pas aussi faire un peu évoluer ces idées auprès de vos électeurs?

Sur la question du vote rassemblement national, ce sont des gens en colère qui se tournent vers les extrêmes. Je l’ai observé, j’étais assesseur, toute la journée, dimanche, j’ai vu des jeunes s’exprimer pour le rassemblement national. Je le regrette, évidemment, mais cette colère, finalement, elle a été amenée encore une fois par la politique menée depuis quelques années. Je parlerais à ces gens pour leur expliquer, et notamment pour les Français de l’étranger, que la voie qu’ils ont choisie n’est pas la bonne. 

Parce que le Rassemblement national, est un parti raciste qui a comme projet de casser le social, c’est-à-dire que pour les Français de l’étranger il n’y aura plus de CFE, il y a une remise en cause aussi du système éducatif. On pourrait débattre longuement sur le programme du Rassemblement national, il faut en avoir peur.

Q : On est dans une campagne express, concrètement, comment est-ce que vous pouvez faciliter, le choix des électeurs à travers une réforme ou un sujet fort qui vous permette de vous engager auprès des Français de l’étranger.

Il y a deux choses : un député, est député de tous les Français. J’ai la conviction, après toute cette violence, on a une société fracturée, il y a beaucoup de violence dans les propos, dans le débat politique, qu’on a besoin d’alternance, on a besoin d’apaisement et je pense qu’on doit avoir une politique de gauche sociale forte, avec des réformes dès le début d’une prise de pouvoir. 

Q :  Concernant les Français de l’étranger quelle serait la réforme prioritaire que vous souhaitez soutenir ?

Pour moi, l’école elle, est au centre des préoccupations des Français de l’étranger on l’a vu au moment de la crise du covid. L’école française, est un lieu de rassemblement.

J’ai évoqué la crise de la Covid. Vous savez qu’elle a beaucoup impacté les Français de l’étranger notamment en Chine, où je vis. Il y a une vraie réforme qui doit amener à un service public fort dans les consulats, où on a réduit les effectifs, mais aussi à l’école et nous devons défendre ce service public, qui est l’agence pour l’enseignement français de l’étranger (AEFE) et refuser une privatisation de notre système éducatif à l’étranger. Il faut défendre le statut des écoles. Nous avons des établissements en gestion directe et conventionnés. Nous devons rester dans ce cadre, avec des personnels détachés ou recrutés localement, avec des formations. Il faut renforcer le fonctionnement de nos consulats, beaucoup de Français se sentent délaissés. Je pense que nous avons une réforme à faire à ce niveau-là. 

Il y a aussi la question de la fiscalité, de l’accompagnement il y a beaucoup de choses à faire pour les Français de l’étranger. Aussi la question de la représentation des élus locaux, même s’il y a des choses qui ont été faites, mais on a encore beaucoup de sujets à travailler.

Q : Là, on est sur une configuration globale des Français de l’étranger on revient sur la onzième circonscription, là où vous êtes candidat. Quelles seraient pour vous les deux principales actions à mener pour les Français de la onzième circonscription?

La onzième circonscription est complexe avec 49 pays et la population française dans chaque pays n’est pas la même. Il faut en tenir compte. 

Par exemple, si je prends la Thaïlande, où on a un grand nombre de retraités, qui sont maltraités, délaissés par leurs représentants, notamment sur la question de la fiscalité. Les représentants de la France devraient être là, à leur service pour régler ce problème qui dure depuis quelques mois. Finalement, ce sont des gens qui touchent une petite retraite, sont modestes, ils font venir leur retraite en Thaïlande. Ils ont fait ce choix et on les taxe alors même qu’il y a des accords fiscaux entre les deux pays. C’est finalement un problème technique qui devrait être réglé tout de suite. 

Q : Demain, vous êtes élu député de la onzième circonscription. Qu’est-ce que vous allez faire en premier ?

Je serais, dans un premier temps à l’écoute des gens. J’ai mes convictions, je suis capable de prendre des décisions, de trancher, mais j’aime bien écouter.
Il y a deux questions pour moi essentielles : la question de l’école et la question des inégalités, notamment des inégalités sociales. 

Je n’ai pas parlé de la CFE qui vit des problèmes de fonctionnement en ce moment, parce qu’elle n’est pas soutenue. Mais c’est quelque chose d’extraordinaire, on peut continuer à avoir une sécurité sociale quand on est Français de l’étranger et on peut continuer à cotiser à la retraite. 

Je suis pour soutenir la CFE, pour maintenir ce système par répartition, ce système social qui est quand même important pour tous les Français de l’étranger en tant que député, j’aurai une parole forte sur ces questions sociales : sécurité sociale, CFE, et la question des retraites.
C’est vrai que ce sont des problématiques complexes, les Français de l’étranger sont dans des pays différents, sont des populations de différentes, et ils sont dans des pays avec des lois et des accords différents avec la France. C’est pour ça que c’est complexe. Il faut aller sur le terrain. Je le fais en tant que petite élu de proximité. L’AEFE parle beaucoup d’écoles inclusives, de l’égalité homme femme. Ce sont des sujets que je porte quotidiennement, il faut avoir des résultats.
Malheureusement, j’aurais peu de temps pour me déplacer. Je ne me déplacerai pas que dans les grands bureaux de la circonscription. Je veux aller voir tous les Français.
L’Europe orientale. On a un conflit, on a une guerre qui dure depuis des années. Notre circonscription est au centre de beaucoup de choses, des problématiques géopolitiques mondiaux. On a eu le covid, on a eu la guerre. Et un député des Français de l’étranger, il connaît sa circonscription, il connaît les problématiques géopolitique, géographique, écologique de sa circonscription et il doit apporter son expertise. Il est là pour ça. C’est ce qui a manqué avec nos députés actuels.

C’est un bilan. Il faudra quand même parler du bilan à un moment donné. Si je suis au deuxième tour.

Je serai le député qui apportera l’expertise de la circonscription, dans une région géographique essentielle pour la paix dans le monde.

Je vis en Chine depuis 17 ans. C’est complexe. Au moment du Covid, j’ai écrit au président Macron, j’ai écrit au ministre des Français de l’étranger pour la question de la vaccination. J’ai fait des webinaires avec Shanghai, avec les parents d’élèves, avec les collègues du lycée de Shanghai qui étaient en souffrance pendant un confinement épouvantable. J’ai soutenu les parents, les collègues, les enfants. Très vite, je suis intervenu pour militer pour cette question du contrôle continu pour le baccalauréat et finalement on a été entendu. On a été abandonné sur la question du covid. Je ne veux pas revenir là-dessus, mais ça a quand même marqué la population et j’en reparlerai quand même pendant ma campagne. Nous étions dans un pays pendant trois ans enfermés, on ne pouvait pas sortir et à 10.000 kilomètres de la France et on n’a rien fait. 

Q : Qu’avez-vous envie de dire aujourd’hui en une phrase aux électeurs de la 11 circonscription pour qu’ils vous fassent confiance? 

Je suis quelqu’un qui veut rassembler. Je souhaite qu’on fasse front contre le danger du Rassemblement national et je veux qu’on soit unis pour une France fraternelle. 

Donc j’invite tous les Français de l’étranger, sans distinction, à voter pour moi et pour ma suppléante 

Q : Qui est votre suppléante ?

Florence La Carbona, elle est en Australie. Elle n’appartient pas à un parti politique. C’est quelqu’un de très engagée pour l’école, pour l’écologie. 

Auteur/Autrice

  • Catya Martin

    Catya Martin a eu plusieurs vies. Après une carrière dans le groupe Dassault, elle s'envole avec sa famille pour Hong-Kong où elle se pique pour le journalisme et l'expatriation. Elle y crée Trait d'Union et est élue Conseillère consulaire en 2014 et 2021. Elle a créé aussi La French Radio Hong-Kong, partenaire du site Lesfrancais.press

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