France – Ukraine : le contrat du siècle avec 100 Rafales

France – Ukraine : le contrat du siècle avec 100 Rafales

Depuis ce lundi 17 novembre, c’est le branle-bas de combat chez les industriels tricolores, à commencer par le groupe Dassault, fabricants des fameux Rafale, l’avion de chasse polyvalent qui cartonne à l’export ! Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont signé une lettre d’intention pour 100 exemplaires du Rafale qui viendront s’ajouter aux 533 aéronefs qui ont déjà été commandés par la France et huit pays étrangers depuis le lancement du programme. Pour les Français de l’étranger, on fait le point !

Un "accord historique"

C’était la neuvième rencontre entre Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron depuis le début de la guerre en Ukraine, elle a abouti au deal du siècle pour la France. Les deux chefs d’États se sont retrouvés sur la base militaire aérienne de Villacoublay ce lundi 17 novembre pour évoquer le renforcement des moyens de défense de l’Ukraine, notamment la lutte anti-drones élevée au rang de priorité par la présidence française après les récentes frappes russes. Sur place, les deux hommes ont signé une lettre d’intention et la présidence a détaillé le contenu de l’accord passé entre les deux pays.

Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron signant une "déclaration d'intention" en vue de l'achat futur d'avions Rafale.
Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron signant une "déclaration d'intention" en vue de l'achat futur d'avions Rafale. ©AFP

Celle-ci prévoit « un renforcement significatif de notre aviation de combat, de notre défense aérienne et de nos autres capacités de défense » comme annoncé par le président ukrainien sur X avant sa visite d’État, porte sur « l’acquisition par l’Ukraine d’équipements de défense français (…) de l’ordre de 100 Rafale, avec leurs armements associés » a déclaré l’Élysée ce lundi 17 novembre.

4 avions par mois chez Dassault

Comme vous le savez, l’Ukraine a un besoin urgent de ces appareils. Est-ce que la France va pouvoir honorer la livraison de ces centaines d’avions de combat ? Car, la France a déjà livré des Mirage à Kiev, mais jusqu’à présent, il n’avait jamais été question de voir l’Ukraine se doter du Rafale. D’abord parce que l’avion de chasse est un peu victime de son succès. Avec 533 unités en commande ferme, huit pays clients à l’export dont l’Inde qui pourrait signer en 2026 pour 90 avions supplémentaires, Dassault a déjà doublé ses capacités de production initiale pour porter la cadence à 4 appareils produits par mois. Seulement, en cas de nouvelle commande de l’Ukraine, il faudra faire de la place dans les chaînes de montage de l’usine de Mérignac.

Impossible pour les Ukrainiens d’attendre 4 à 5 ans selon le rythme actuel pour recevoir ces appareils. Il faudra donc les « prélever » sur des commandes en cours, que ce soit pour l’armée de l’air française ou un autre client étranger. Le choix sera délicat : les forces françaises attendent vivement ce renouvellement, et les clients qui ont déjà payé veulent être livrés. D’autant plus que la question du financement ukrainien n’est pas claire à ce jour. Qui paiera pour ces futurs Rafale ?

7 à 8 milliards pour une centaine d'engins

L’Ukraine, dont l’économie est en berne en raison du conflit et déjà massivement tournée vers l’effort de guerre, ne paraît pas en mesure de payer la facture seule. La production d’un Rafale est évaluée entre 70 et 80 millions, un montant qui passe de 7 à 8 milliards pour une centaine d’engins. Le président ukrainien pourrait cependant décider de réquisitionner une partie des avoirs russes gelés depuis le début de la guerre et dont la somme s’élève à 210 milliards d’euros selon BFMTV.

Une centaine d'appareils Rafale pourrait être livrée à l'Ukraine d'ici 10 ans.
Une centaine d'appareils Rafale pourrait être livrée à l'Ukraine d'ici 10 ans. SIPA / © Eliot Blodet

Autrement, selon un scénario jugé probable, l’Ukraine pourrait être soutenue par l’Otan pour l’acquisition des Rafale grâce au programme PURL (pour « Priority Ukraine Requirements Lists » ou « liste des besoins priorisés de l’Ukraine » en français). Cette procédure a été mise en place en juillet dernier par les États-Unis pour que l’Otan définisse les besoins de l’Ukraine, achète le matériel militaire, notamment américain, et le livre à Kiev. Le fonds, alimenté par les pays membre de l’Otan et alliés de l’Ukraine qui se sont associés à l’initiative, devrait servir à l’achat des avions français. La France, si elle continue de soutenir l’Ukraine, ne s’est pas associée au programme PURL, elle ne participera donc pas au financement des Rafale construits et fournis à l’Ukraine.

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