France - Ecosse : le salut de l'Eurostar ?

France - Ecosse : le salut de l'Eurostar ?

Le ministre écossais des Transport, Michael Mathesons, a appelé à des pourparlers sur de nouvelles connexions pour le train Caledonian Sleeper au départ de Londres afin de sauver l’Eurostar de la faillite et ainsi stimuler le tourisme direct du reste de l’Europe.

Le rapide Calédonien assure des liaisons nocturnes en voitures-lits entre Londres et cinq gares terminus en Écosse : Édimbourg, Glasgow, Aberdeen, Inverness et Fort William ainsi que certaines gares intermédiaires (Dundee, Stirling, Perth…) en empruntant l’itinéraire occidental de la ligne principale de la côte ouest du Royaume-Uni.

Un trafic réduit pour l’Eurostar 

Michael Matheson est intervenu alors que l’avenir de l’opérateur ferroviaire de la Manche, Eurostard s’assombrit avec un réel risque de faillite..

En effet, actuellement, du fait de la pandémie, au lieu des deux trains par heure aux horaires de pointe, l’Eurostar n’assure plus qu’un seul départ quotidien de la gare Saint-Pancras à destination de Paris. À cause de la crise du Covid et de la quarantaine imposée aux voyageurs entre cinq et dix jours à l’arrivée au Royaume-Uni, le nombre de passagers a chuté drastiquement.

C’est pourquoi tous les voyants sont au rouge pour l’Eurostar.

Malgré la catastrophe financière imminente, il semblerait qu’une impasse politique se profile entre les autorités britanniques et françaises. Leur principal désaccord est une question capitale : « qui devrait intervenir en premier dans ce sauvetage ? ». Le budget français ou le britannique ? Les discussions risquent de laisser l’Eurostar à quai…

Selon les déclarations du SNP (Scottish National Party), le gouvernement britannique devrait faire pression sur Network Rail pour qu’il examine les futures connexions du service du sleeper Ecosse-Londres et de l’Eurostar à St Pancras International. Malheureusement, le réseau Caledonian Sleeper a été aussi réduit pendant le confinement.

Une liaison ferroviaire entre Paris et l’Écosse

M. Matheson a déclaré que de meilleurs interconnexions à Londres stimuleraient le tourisme en Écosse et aideraient à réduire les émissions de carbone.

“Faire en sorte qu’il soit plus facile et plus rapide de prendre le train de Paris ou Bruxelles à Édimbourg, Glasgow ou Inverness pourrait permettre à des milliers de visiteurs de voyager à faible émission de carbone pour des vacances dans les hautes terres et c’est précisément le type d’ innovation dont l’Écosse a besoin”

Le ministre écossais des Transport, Michael Mathesons

Dans cette démarche, il est soutenu par son parti comme Emma Roddick, candidate du SNP dans les Highlands, qui a déclaré :

“Les voyages en train de l’Écosse sont accompagnés de certaines des vues les plus époustouflantes du monde, ce qui attire sans surprise des touristes du monde entier. Avec les rapports selon lesquels le service Eurostar se trouve dans des difficultés financières croissantes, il est vital que le gouvernement britannique intervienne et travaille avec Network Rail pour renforcer les liaisons ferroviaires, y compris entre les Highlands et l’Europe”

Emma Roddick, candidate du SNP dans les Highlands

Pour l’office du tourisme écossais, il serait ainsi possible d’établir une connexion appropriée entre le service Caledonian Sleeper et l’Eurostar de St Pancras International et ainsi créer une expérience de voyage à faible émission de carbone et vraiment inégalée, avec des passagers voyageant de Paris et se réveillant dans les Highlands.

Les expatriés en Ecosse soutiennent le projet

Clarisse, qui vit à Londres pense que c’est une excellente idée et pour elle c’est “indispensable écologiquement, des trains de nuit sont remis en service un peu partout en Europe et de plus en plus de personnes prennent le train. Vu les objectifs écologiques affichés du gouvernement anglais, ils ont intérêt à trouver toutes les solutions pour y arriver.”

Le témoignage de Clarisse

Nahilé, qui vit à Édimbourg pense également que ce projet est une bonne idée…. 

Et,sur la page Facebook du Cercle des Français à Londres Officiel, quelques personnes ont réagi. Pour les nombreux expatriés membres de ce groupe, c’est une bonne idée, mais ils s’inquiètent des capacités de l’Ecosse à mener à bien ce projet à terme. Pour eux, sans l’appui financier du gouvernement britannique, les interconnexions ne se feront pas. Ils en appellent au gouvernement britannique.

l’Écosse et la France, un lien historique

La relation entre l’Écosse et la France est aussi ancienne que forte. Un partenariat forgé sur les champs de bataille au Moyen-âge et qui demeure tout aussi important aujourd’hui qu’il l’était des siècles auparavant.

Charles-de-Gaulle avait visité Édimbourg en 1942, en proclamant que » l’alliance écossaise / française était la plus Ancienne Alliance du monde ». Il avait également ajouté :

“Aucun peuple n’a jamais été plus généreux que le vôtre (en parlant de l’Écosse) avec son amitié »

Charles-de-Gaulle à Édimbourg en 1942

Les liens entre l’Écosse et la France remontent à plusieurs siècles, avec l’Auld Alliance, ou «Vieille Alliance» comme on l’appelle en France. Elle a été promulguée pour la première fois en 1295. En effet,le roi John Balliol d’Écosse et le roi Philippe IV de France ont tous deux signé le traité à la lumière de la menace d’invasion anglaise. Avec cet accord,  si l’Écosse ou la France devaient être attaquées, une assistance réciproque serait automatique. Étonnamment, le traité a été prolongé par tous les monarques écossais ou français jusqu’à ce qu’il soit remplacé par un nouveau traité en 1560.

Au cours de la Guerre de Cent Ans, le Roi de France Charles VII a remis au nom de l’Auld Alliance, la seigneurie d’Aubigny à John Stuart de Darnley, connétable de l’armée d’Écosse. Pendant près de 4 siècles, le village situé à 2 heures de paris a vécu à l’heure écossaise.

Un passé historique lie à jamais les deux pays.

Aujourd’hui, l’Écosse souhaite son indépendance et rejoindre l’Union européenne à moyen terme. Une solution pour s’ancrer de nouveau avec le continent et réaffirmer ses liens avec la France. Ainsi les Ecossais espèrent que les européens comme les expats à Londres prendront l’Eurostar pour découvrir l’Écosse, si ce projet devait voir le jour.

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