Depuis Téhéran, Armand Meimand, président du Conseil consulaire pour la vaste circonscription d’Asie centrale, revient pour Lesfrancais.press sur les moments de tension qui ont suivi l’escalade militaire entre Israël et l’Iran. Il dresse ainsi un tableau sans détour des manquements institutionnels, des défis humains et de l’esprit de cohésion dont les Français de l’étranger doivent faire preuve dans la tourmente. Un podcast qui vous parle des Français en Iran : entre inquiétudes, solidarité et défaillances.
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« Ma première réaction a été de me tourner vers l'ambassade »
Dès les premières heures du conflit, la rédaction Lesfrancais.press avait pu contacter Armand Meirand. L’élu consulaire avait alors fait le point sur les dangers encourus par les Français d’Iran et les réponses potentielles. Pour faire face aux premières inquiétudes et favoriser la solidarité entre nos compatriotes en Iran, il nous rappelle, au cours de ce podcast, avoir immédiatement cherché à s’informer auprès des autorités diplomatiques françaises : « Ma réaction personnelle a été de me tourner vers l’ambassade » et cela afin de connaître « les instructions à suivre ».
« Je n'ai vu aucune instruction envoyée par l'ambassade sur le groupe WhatsApp aux chefs d’îlots »
Armand Meimand, président du conseil consulaire, Français d’Iran
À ce jour, environ 800 Français sont inscrits au registre des Français de l’étranger en Iran. Mais d’après notre invité, il faut y ajouter « probablement des touristes ou des binationaux venus visiter leurs parents », estimés à près de 200 personnes supplémentaires, dont peu se sont inscrits sur le fil d’Ariane, pourtant plus que recommandé lors d’un séjour à l’étranger.
Un soutien diplomatique jugé insuffisant
Dans les premières heures de la crise, deux messages de précaution ont été diffusés par l’ambassade de France en Iran. Toutefois, l’élu souligne une communication lacunaire : « Je n’ai vu aucune instruction envoyée par l’ambassade sur le groupe WhatsApp aux chefs d’îlots », un dispositif pourtant essentiel en cas d’urgence. Autre source d’inquiétude : « Le numéro d’urgence de l’ambassade s’arrêtait à 20 heures. Je trouve que pendant une guerre, il devrait fonctionner 24 heures sur 24 » souligne Armand Meimand.
Quant aux promesses de rapatriement évoquées par le gouvernement, elles n’auraient pas été suivies d’effet. Pourtant des routes pour évacuer nos ressortissants français d’Iran ont été mises en place. Mais selon notre invité, « l’ambassade a passé quelques coups de fil, mais 800 personnes, c’est peut-être un peu trop long à appeler, bien que je ne trouve pas que ce soit infaisable. »
Coupures Internet, isolement et improvisation
Au cours de ce podcast, Armand Meimand indique que les difficultés ont été encore plus importantes quand l’Iran a coupé l’accès à Internet. « Là, on est entré dans une seconde phase beaucoup plus stressante. Une fois qu’Internet est coupé, il ne reste que le téléphone.
« Ce n’est pas le rôle des élus d’intervenir en lieu et place de l’ambassade, mais que faites-vous si vos compatriotes se tournent vers vous comme le seul recours ? »
Armand Meimand, président du conseil consulaire, Français d’Iran
Or, les élus consulaires de cette zone avaient pourtant recommandé des outils comme des groupes WhatsApp par îlot ou un système de SMS de masse. « Malheureusement, l’ambassade de France en Iran n’était pas équipée d’un tel dispositif. » Armand Meimand s’est alors senti obligé d’agir : « Ce n’est pas le rôle des élus d’intervenir en lieu et place de l’ambassade, mais que faites-vous si vos compatriotes se tournent vers vous comme le seul recours ? »
Une aide au départ … trop sporadique
Face à l’afflux de personnes souhaitant fuir, certains pays étrangers ont déployé des équipes aux frontières. Notre invité a alors écrit directement aux ministres concernés pour réclamer une action similaire. « On nous a signalé la présence, bien qu’épisodique, d’équipes du ministère à la frontière avec l’Arménie. Mais de l’autre côté, il n’y avait absolument aucun soutien », informations rapportées par des Français qui ont souhaité quitter l’Iran, via ce dispositif.
Depuis la France, en cas de d’événements majeurs survenant à l’étranger, le centre d’aide et de crise , directement rattaché au Ministère de l’Europe et des Affaire étrangères, est pourtant sollicité.
Une nouvelle ère diplomatique de la France en Iran ?
Alors qu’un nouvel ambassadeur de France en Iran, Pierre Cochard, vient d’être nommé, Armand Meimand insiste sur l’importance de l’impartialité républicaine : « Il faut que l’ambassadeur intervienne sincèrement auprès des Français de l’étranger et qu’il leur fasse comprendre qu’il n’y a absolument aucune différence entre un Français et un autre. »
« Le message que j’ai à passer à mes compatriotes français, c’est de s’unir. Toutes ces divisions nous paralysent et nous fragilisent »
Armand Meimand, président du conseil consulaire, Français d’Iran
Lui-même binational, franco iranien, il espère pouvoir collaborer étroitement avec les nouvelles équipes pour garantir la sécurité et la représentation équitable de tous.
« La vie a repris à grande vitesse »
Après les heures sombres, le retour à la normale est rapide en Iran : « Dès le lendemain du cessez-le-feu, les restaurants de Téhéran étaient pleins à craquer. Je ne trouvais pas de place pour m’asseoir. » Le besoin de cohésion demeure ainsi plus que jamais essentiel. « Le message que j’ai à passer à mes compatriotes français, c’est de s’unir. Toutes ces divisions nous paralysent et nous fragilisent. »
Et de conclure avec un appel à l’esprit français : « La France a toujours été admirée par l’indépendance de sa pensée. Elle n’est pas elle-même lorsqu’elle se confond avec tout le monde. »
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