Fonds de pension, une faiblesse française

Fonds de pension, une faiblesse française

En France, l’épargne retraite assure 2,3% des revenus des retraités. L’encours de tous les produits de retraite par capitalisation s’élevait en 2018 à 230 milliards d’euros loin derrière l’assurance vie (1700 milliards d’euros). Leur poids est même inférieur au Livret A.

Une exception française

Au sein des pays de l’OCDE, la France est un des pays où le rôle des fonds de pension est le plus faible. En moyenne, la capitalisation représente 17% des revenus des retraités. En France, seulement 10% de la population active est couverte par un produit d’épargne retraite quand ce taux est de 100 % en Suède et aux Pays-Bas, de 60 % au Canada et aux États-Unis, de 50 % au Royaume-Uni et de 40 % en Allemagne.

 

Poids des fonds de pension en % du PIB :

Pays-Bas 171%

Royaume-Uni 104,5%

Etats-Unis 76,3%

Allemagne 6,7%

Suède 4,1%

France 0,7%

Source : OCDE- Cercle de l’Epargne

En France, le fonds de pension le plus important est celui du Régime Additionnel de la Fonction Publique. Il est alimenté par les cotisations assises sur une partie des primes perçues par les fonctionnaires, soit plus de 4,5 millions de personnes. L’encours de ce fonds atteint 30 milliards d’euros. La Prefon qui propose aux fonctionnaires des plans d’épargne retraite dispose d’un encours de 14 milliards d’euros.

Une majorité favorable à la capitalisation

Selon l’enquête 2019 du Cercle de l’Épargne/Amphitéa, 57 % des Français sont pour un système de retraite comportant une dose de capitalisation. Ce taux est de 75 % chez les cadres supérieurs et de 46 % chez les ouvriers.

Plus de 55 % des Français déclarent épargner en vue de leur retraite afin d’améliorer leur niveau de revenus. Ce choix est justifié par la baisse du taux de remplacement de pension (rapport pensions/ revenus d’activité) et cela quel que soit le mode de calcul des pensions. Il peut se justifier également sur le plan financier.

Selon Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis, de 1982 à aujourd’hui, le rendement réel de la répartition a été en moyenne de 1,8 % par an. Si la France s’était dotée de fonds de pension ayant investi dans des actions et des obligations, sur la même période, le rendement réel (corrigé de l’inflation) aurait été supérieur à 8 % (le rendement moyen d’un portefeuille actions étant de 11,4 % par an et celui d’un portefeuille d’obligations de 6,1 % par an).

Dix fois plus rentables

Un euro de 2019 de cotisation retraite investi en 1982 fournit en 2019 une richesse de retraite de 1,9 euro en répartition et 21,9 euros en capitalisation, avec un fonds de pension investi 50 % en actions et 50 % en obligations.

Durant les années 50 à 70, le rendement de la retraite par répartition était supérieur à celui de la capitalisation. Le faible nombre de retraités, la croissance de la masse salariale en lien avec l’augmentation de la population active en emploi explique alors le bon rendement de la répartition. L’inversion des facteurs a changé la donne. Les calculs de Patrick Artus soulignent la complémentarité des deux techniques de gestion.

Une hostilité de principe pénalisante

L’hostilité aux fonds de pension a pour conséquence que les résultats des entreprises françaises financent non pas les pensions des retraités français mais celles des Américains, des Britanniques, des Néerlandais. Les entreprises françaises pour attirer des investisseurs étrangers sont contraintes d’offrir des dividendes plus élevés qu’à des acteurs français du fait que les premiers intègrent une prime de risque plus importante au nom de l’adage « ce qui est loin est moins bien connu… ».

Sur longue période, les pays dotés de fonds de pension ont tendance à avoir des taux de croissance supérieurs à ceux qui en ont peu comme la France ou l’Italie.

42 % de la capitalisation des entreprises françaises du CAC 40 sont détenus par des nonrésidents, soit un pourcentage supérieur à celui des pays de taille comparable ayant des fonds de pension. Par définition, des investisseurs ont tendance à défendre les intérêts des entreprises de leur pays. A contrario, les investisseurs auront moins de scrupules sur les questions d’emplois ou de salaires pour des établissements relevant d’un pays qui n’est pas le leur.

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