Foires aux vins aux États-Unis : comment le vin français séduit le marché américain

Foires aux vins aux États-Unis : comment le vin français séduit le marché américain

L’automne 2025 s’annonce prestigieux pour le vin français aux États-Unis. À New York, le 17 octobre prochain, l’ancienne Première dame Carla Bruni présentera le Château d’Estoublon, domaine provençal dont elle est co-propriétaire, lors du New York Wine Experience. Aux côtés de grands noms comme le Château Cheval Blanc, de maisons de vins de Bourgogne ou encore du chef français Eric Ripert, cet événement illustre l’importance croissante des foires et festivals américains pour les producteurs français, qui y trouvent une vitrine unique pour promouvoir leurs crus et saisir les tendances du marché américain.

Les vins français toujours prisés par les consommateurs américains

Les vins français continuent de séduire les consommateurs américains, malgré un contexte économique mondial difficile. En 2023, les exportations de vins français ont chuté de 8 % en volume, atteignant 122,6 millions de caisses, principalement en raison d’une baisse des livraisons vers les États-Unis. Cependant, la France demeure le premier pays exportateur en valeur, devant l’Italie, avec des expéditions totalisant 3,8 milliards d’euros vers les États-Unis en 2024, marquant une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente.

Parmi les catégories les plus populaires, les rosés français, notamment ceux de Provence et du Languedoc, continuent de dominer le marché américain. En 2022, les exportations de rosés provençaux vers les États-Unis ont augmenté de 4 %, mais ont légèrement diminué en 2023 (-8,5 %). La Bourgogne, malgré des prix en hausse, continue de séduire les amateurs de vin, avec une augmentation de ses exportations de 9,1 % en 2023, tandis que celles des vins de Bordeaux ont chuté de 8,4 %. Les crus du Beaujolais connaissent également une évolution intéressante, avec 5,3 millions de caisses exportées vers les États-Unis en 2023, soit 29 % de la valeur totale des exportations de la région.

Naviguer dans le marché américain : droits de douane et réglementations

Les droits de douane et les différences entre États compliquent l’accès au marché américain. Pamela Wittmann, Franco-américaine installée à New York et experte en marketing et relations publiques dans le secteur viticole précise : « Cest encore un peu tôt pour juger vis-à-vis des consommateurs, car la plupart des importateurs ont fait venir de quoi tenir toute lannée avant de savoir à combien ils se monteraient. Les augmentations de prix seront partagées entre producteurs et importateurs, certains ajustant leurs tarifs avant limpact réel pour rendre les hausses plus progressives. »

Depuis le retour de Donald Trump à la présidence en janvier 2025, certaines taxes sur les vins importés, notamment français, ont été réévaluées dans le cadre d’une politique protectionniste visant à soutenir les producteurs américains. Ces mesures accentuent la nécessité pour les producteurs étrangers de planifier leur stratégie de prix et de distribution avec soin.

Chaumes des Narvals Bourgogne
Chaumes des Narvals Bourgogne @ Rachel Brunet

Les différences entre États ajoutent une complexité supplémentaire. « 50 États, 50 lois différentes», résume Pamela Wittmann. Certains États, comme New York, n’autorisent pas la vente d’alcool en supermarchés, tandis que d’autres, comme la Pennsylvanie, ne vendent l’alcool que via des magasins d’État. La livraison inter-États est également très encadrée. « Il est donc essentiel pour les exportateurs de bien s’entourer de professionnels connaissant les lois locales, » indique la Franco-américaine.

Nouvelles habitudes des consommateurs américains

Selon Pamela Wittmann, les jeunes Américains boivent moins d’alcool, mais il faut leur laisser un peu de temps pour se familiariser avec le vin. Ce monde les impressionne encore, et les étiquettes classiques ne les séduisent pas toujours. « Aujourdhui, ils ont beaucoup plus de choix en termes de boissons intéressantes, autres que les sodas. Les Ready-to-Drink ont pris une grande importance et constituent la seule catégorie à connaître une véritable croissance. La filière doit donc sadapter. »

« Ces salons sont essentiels pour les producteurs français, car ils offrent une visibilité qu’on ne peut obtenir ailleurs »

Pamela Wittmann, experte marketing et relations publiques dans le secteur viticole

La spécialiste note également que la génération des baby-boomers se retire progressivement : « Beaucoup boivent moins ou arrêtent complètement lalcool. » Quant aux nouvelles générations, si elles semblent boire moins, elles s’intéressent aux vins « better for you », comme les vins bio, naturels ou à faible teneur en alcool. Les vins sans alcool restent, selon elle, « assez marginaux ». Les vins situés dans la gamme de 20 à 50 dollars demeurent les plus populaires, et un storytelling crédible sur les étiquettes continue d’influencer les choix des jeunes adultes, davantage soucieux que leurs aînés de savoir ce qu’ils consomment.

Les foires aux vins : une vitrine stratégique pour les producteurs français

Pour Pamela Wittmann, « ces salons sont essentiels pour les producteurs français, car ils offrent une visibilité quon ne peut obtenir ailleurs. » Les foires américaines, de New York à Miami, en passant par Aspen ou Pebble Beach, permettent aux producteurs de rencontrer chefs, acheteurs et amateurs éclairés, et de présenter directement leurs vins au marché américain.

Foire aux vins
Foire aux vins @ Rachel Brunet

Ces événements servent également de plateforme marketing : « Les salons offrent un accès direct au marché américain, mais leur coût augmente constamment, ce qui oblige les producteurs à être stratégiques dans leur participation. Depuis la pandémie, les réseaux sociaux et laccès direct aux producteurs prennent de plus en plus dimportance. Les foires ne sont plus seulement un lieu de dégustation, mais un outil de communication et de marketing. »

Pour les amateurs et professionnels, les foires aux vins représentent ainsi une occasion unique de découvrir des crus français dans un cadre convivial, d’échanger avec les producteurs et de repartir avec des bouteilles rares ou des conseils d’achat adaptés au marché américain.

Pamela Wittmann conclut : « Participer aux foires, comprendre le marché et les préférences des consommateurs américains est essentiel pour ceux qui souhaitent rester à la pointe des tendances du vin français aux États-Unis. »

Auteur/Autrice

  • Rachel Brunet

    Rachel Brunet est une journaliste française installée à New York depuis 13 ans. Après un début de carrière dans la presse économique à Paris, elle a rejoint la presse francophone aux États-Unis. Elle défend une information rigoureuse et une analyse exigeante de l’actualité.

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