Fin du label Eco-score sur les produits alimentaires dans l’UE

Fin du label Eco-score sur les produits alimentaires dans l’UE

L’ONG de défense du bio en Europe (IFOAM) vient d’obtenir un accord pour que la France mette fin au label Eco-score évaluant l’impact environnemental des produits alimentaires, lequel serait « trompeur » pour les consommateurs et enfreindrait le règlement européen sur le bio.

L’Eco-score, label environnemental ayant pour but d’informer les consommateurs sur l’impact écologique des produits qu’ils consomment, est sur le point de disparaître après une expérimentation initiée en France en 2021.

Un accord a en effet été conclu entre la Fédération européenne de l’agriculture biologique (IFOAM) et l’ADEME, l’organisme public français pour la transition écologique, à l’initiative du label. La plateforme d’information alimentaire YUKA et ses partenaires faisaient également partie de la négociation en tant qu’utilisateurs du label.

Dans la droite ligne du Nutri-score, l’Eco-score classe, à partir d’indicateurs écologiques compilés par l’ADEME – émissions de gaz à effet de serre, perte de biodiversité, toxicité humaine, etc. – les aliments selon 5 catégories : A, B, C, D ou E.

Depuis 3 ans, plusieurs acteurs français se sont associés au projet, des applications smartphones et site web, mais aussi des distributeurs comme Carrefour, Lidl ou encore Intermarché. Fin 2022, 400 000 produits et 100 000 recettes et plats cuisinés affichaient un Eco-score.

Dans l’UE, certaines sociétés se sont emparées du dispositif dès 2021, comme le groupe de supermarché Colruyt en Belgique. Des pétitions citoyennes ont également appelé la Commission européenne à mettre en place ce dispositif à l’échelle européenne.

Créer « un cadre d’étiquetage durable » qui couvre « les aspects nutritionnels, climatiques, environnementaux et sociaux des produits alimentaires » fait d’ailleurs partie des objectifs de la stratégie « de la ferme à la table » (Farm to Fork) de l’UE.

Alors que l’ADEME s’engage à retirer tout simplement l’Eco-score, les autres utilisateurs comme YUKA doivent renoncer « aux dessins et modèles contenant le terme “Eco-score” déposés au niveau européen », au plus tard le 31 décembre 2024.

Confusion avec le bio

Toutefois, pour l’IFOAM, l’usage du préfixe « éco » est trompeur, et contrevient ainsi à l’article 30 du règlement relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques.

Selon le texte, ces termes sont interdits dès lors qu’ils « seraient de nature à “induire le consommateur ou l’utilisateur en erreur” ».

« Le bio est un label officiel, or dans plusieurs langues européennes “Eco” est synonyme de “bio”, il y avait donc un risque de confusion », précise à Euractiv Charles Pernin de IFOAM France.

C’est la raison pour laquelle l’ONG qui défend l’agriculture et l’alimentation bio a engagé une action auprès du Tribunal judiciaire de Paris en janvier 2023 pour interdire cette dénomination, au titre d’une possible « pratique commerciale trompeuse ».

Dans le cadre de cette procédure, une médiation a permis aux parties de se mettre d’accord, et vient ainsi clore le chapitre judiciaire. Cette voie accélère nettement le retrait du label au niveau européen, se réjouit Charles Pernin.

Alors que l’ADEME s’engage à retirer tout simplement l’Eco-score, les autres utilisateurs comme YUKA doivent renoncer « aux dessins et modèles contenant le terme “Eco-score” déposés au niveau européen », au plus tard le 31 décembre 2024.

L’Eco-score est également critiqué depuis de nombreuses années par les ONG pour la méthode employée par l’ADEME, laquelle ne prendrait pas suffisamment en compte les dommages causés à la biodiversité ou encore l’impact des pesticides.

Contacté par Euractiv, l’organisme précise qu’il ne s’agit pas d’une suppression du label à proprement parler, mais simplement de la dénomination :

« Le terme Eco-score ne sera pas retenu par les pouvoirs publics français car il n’a pas été jugé le plus pertinent au regard de nos objectifs », explique Vincent Colomb, Coordinateur « Affichage environnemental » à l’ADEME.

La France et l’UE pourront donc faire perdurer le label, mais sous une autre appellation.

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