Décembre avance, les guirlandes s’allument et, comme chaque année, une autre tradition se met en place : celle du grand retour des Français de l’étranger. On les reconnaît de loin, traînant des valises pleines à craquer, remplies de cadeaux, de « trésors introuvables en France » et d’achats répondant méticuleusement aux commandes familiales envoyées depuis l’Hexagone. Car oui, la diaspora transporte volontiers shampooings coréens, gadgets japonais, jeans américains moitié moins chers et se demande comment « cacher » 12kg de chocolat suisse dans une valise cabine.
Seulement voilà : si l’esprit de Noël détend les cœurs, il n’assouplit pas le Code des douanes. À l’arrivée comme au retour, quelques règles méritent d’être connues pour éviter qu’un saucisson, un pot de miel ou une quantité un peu trop généreuse de rhum arrangé ne transforment un trajet de fête en incident administratif. Lesfrancais.press vous propose donc un petit guide pratique et souriant inspiré des recommandations du Service public et de l’Union européenne (UE).
À l’arrivée en France : ce que vous pouvez rapporter et ce qui risque de rester à la frontière
Lorsqu’on arrive d’un autre pays de l’UE, le principe est simple : pas de droits de douane, pas de limites strictes tant que tout est pour un usage personnel. Vous pouvez donc rapporter la valise entière de biscuits danois, le gouda néerlandais sous vide ou encore le chocolat belge par kilos entiers, tant que l’on ne soupçonne pas l’ouverture d’une épicerie parallèle à Carcassonne durant les fêtes.

Dès que l’on arrive d’un pays hors UE, la partition change. Les voyageurs aériens bénéficient d’une franchise totale de 430 euros sur les biens rapportés. Au-delà, taxes et droits peuvent s’appliquer, même si vous assurez d’un air contrit que « c’est un cadeau ».
En matière d’alcool, les limites sont très concrètes :
- Le douanier acceptera volontiers 4 litres de vin, mais pas 12,
- 1 litre d’alcool fort (whisky, rhum, vodka) ou 2 litres d’alcool intermédiaire, pas davantage,
- Et si vous rêvez de passer la frontière avec une sélection complète de rhums des Caraïbes, mieux vaut prévoir une déclaration préalable… ou une autre stratégie.
Pour les produits d’origine animale, la règle est simple : en provenance de pays tiers, c’est en principe interdit. Cela signifie que :
- La charcuterie achetée au marché de Noël de Sarajevo,
- Le fromage artisanal rapporté des États-Unis,
- Ou le placali de Côte d’Ivoire,
ne franchiront pas la frontière française.
Seules exceptions : certains produits transformés (lait en poudre pour bébés, aliments thérapeutiques) et le poisson, dans des limites raisonnables (20 kg, ce qui laisse de la marge pour les amateurs de saumon).
Au retour vers votre pays d’expatriation : la nostalgie autorisée, les rillettes parfois moins
Le retour post-fêtes est aussi un moment de haute émotion gastronomique. Le Français de l’étranger repart généralement chargé de victuailles : saucisson, confit de canard, calissons, fromages fermiers, sans oublier les gâteaux de Belle-Maman qui, trois jours après, n’entrent plus dans aucune catégorie juridique identifiable.
Pourtant, tous ces produits ne sont pas acceptés par les pays d’expatriation. Chaque État a ses règles, parfois strictes, parfois surprenantes :
- La Suisse, pourtant voisine, limite strictement les quantités de viande, de beurre et d’alcool, sous peine d’amende immédiate,
- Le Royaume-Uni, depuis le Brexit, interdit l’entrée de viande, de charcuterie, de lait cru et de fromage non pasteurisé en provenance de l’UE. Faire traverser un reblochon devient donc un exercice diplomatique,
- Les États-Unis interdisent totalement les charcuteries, confits, foie gras maison, fromages non pasteurisés, œufs frais et même certaines farines. Le saucisson de tonton ne survivra pas à l’agence fédérale,
- Le Canada admet certains fromages fermiers mais interdit toute viande non stérilisée,
- Le Japon, plus pointilleux encore, bannit strictement tous les produits carnés et la quasi-totalité des produits laitiers.
Pour chaque destination, mieux vaut vérifier avant de remplir la valise : les ambassades et consulats en France publient des informations claires et peuvent répondre à vos questions. C’est souvent le meilleur moyen d’éviter de voir confisqués à la douane les cadeaux les plus précieux, ou de devoir expliquer à votre famille pourquoi leur terrine maison a été aimablement détruite par les autorités.
Les règles varient, mais l’essentiel ne se déclare pas
Les frontières contrôlent les marchandises, jamais les émotions. La France n’a jamais taxé les embrassades familiales, ni limité la quantité de joie autorisée à l’arrivée. Et au retour, aucun pays au monde n’interdit l’exportation de la nostalgie, de la chaleur du foyer ou du parfum d’un repas partagé.
Alors profitez ! Revenez chargés de ce qui ne se mesure pas en kilos et ne s’inscrit pas sur un formulaire douanier. Et repartez avec un peu de France au cœur, même si ce n’est pas toujours possible dans la valise.
Très belles fêtes à chacune et chacun d’entre vous.
Auteur/Autrice
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Gilles Roux est un juriste, entrepreneur et auteur français qui vit dans la région de Mannheim en Allemagne depuis plus de 35 ans.
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