Il y a 75 ans, le 29 mars 1947, des insurgés malgaches attaquaient la caserne militaire française pour chasser les colonisateurs. Une insurrection durement réprimée. Marie-Clémence Andriamonta-Paes en a fait un documentaire : « Fahavalo, Madagascar 1947. »
La grande révolte de 1947
Les 29 et 30 mars 1947, une insurrection éclate sur l’île de Madagascar, alors colonie française. Des centaines de Malgaches attaquent villes, camps militaires et concessions coloniales.
Les causes de l’insurrection sont d’abord à rechercher dans les tares structurelles du système colonial instauré à la fin du XIXe siècle : le travail forcé, le code de l’indigénat, la justice indigène (confiée aux administrateurs qui cumulent et confondent les pouvoirs) et enfin le racisme de contact colonial au quotidien. La promesse, faite pendant la Seconde guerre mondiale d’une indépendance rapide si les Malgaches combattaient pour la France libre, n’a pas été tenue par ceux qui succèdent au Général De Gaulle.
Un pouvoir colonial qui s’accroche
A partir d’octobre 1946, le pouvoir colonial se raidit dans une politique de répression, qui se traduit notamment par l’arrestation de nombreux cadres du parti nationaliste du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM).
Parallèlement, au sein du MDRM, grandit un courant radical qui rejette l’idée d’une indépendance « dans le cadre de l’Union française », comme définie dans la nouvelle Constitution de la IVe République. Une société secrète, la Jina (Jeunesse nationaliste), est à l’origine de l’insurrection du 29 mars 1947.
Du sang des deux côtés
Les 29 et 30 mars, des centaines d’hommes hâtivement rassemblés, armés de sagaies et d’antsy (coupecoupe malgache), sont lancés contre Moramanga et son camp militaire, contre les villes côtières de Manakara et de Vohipeno, et contre les concessions coloniales de ces districts qui ont le plus souffert de la colonisation. Outre les Européens, les insurgés attaquent tous ceux qui sont plus ou moins réputés pro-Français, par exemple des membres du Padesm (Parti des déshérités de Madagascar).
Les forces coloniales françaises entament alors une longue répression militaire et judiciaire faisant environ 40 000 morts. S’il n’y a pas eu de volonté exterminatrice de la part des Français, des crimes de guerre ont bien été commis : fusillades, prisonniers jetés d’avion, massacres.
Devoir de mémoire
Alors que 75 ans nous séparent de ces évènements, la chaine francophone mondiale reçoit Marie-Clémence Andriamonta-Paes, une productrice et réalisatrice de cinéma franco-malgache, qui défend sa double culture.