C’est une voix forte dans la lutte contre les violences, toutes les violences, que peuvent subir les Français de l’étranger, que reçoit Lesfrancais.press. Et cette voix est celle de la députée « Ensemble pour la République » Amélia Lakrafi, représentante de la 10eme circonscription des Français établis hors de France. Un territoire électoral qui compte, entre autres, près de 50 pays répartis entre le Proche-Orient, l’Afrique et l’Océan Indien. Mais que ce soit au Palais Bourbon ou bien à la tête de son association, La Fibre (la Fédération internationale des bienfaisances et entraide des résidents à l’étranger) l’engagement de cette parlementaire ne faiblit pas et traduit une volonté profonde d’apporter des solutions concrètes et adaptées à chacun.
Un constat alarmant : "La violence ne s’arrête pas à la frontière"
La lutte contre les violences conjugales reste un sujet central dans les actions d’Amélia Lakrafi. Lors d’un webinaire organisé par La Fibre à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, la députée a soulevé une question cruciale : « Si une femme vient me voir demain et me dit qu’elle est victime, qu’elle a peur, qu’est-ce que je fais concrètement ? ». À travers cet événement, la parlementaire a mobilisé associations, élus locaux et diplomates pour mieux structurer l’accompagnement des victimes.
En outre, elle rappelle que les violences conjugales, qu’elles soient physiques, psychologiques ou économiques, ne disparaissent pas lorsque l’on quitte le territoire français : « Comme si, quand un homme est violent sur le territoire, en quittant la France, la violence s’en allait… Non, la violence reste là. ».
Un réseau consulaire mobilisé, mais encore méconnu
En 2024, selon les chiffres de « France Consulaire« , 162 victimes de violences ont été accompagnées par le réseau consulaire, dont 109 pour des violences conjugales. Parmi elles, on compte également 12 mariages forcés et 41 viols signalés auprès des ambassades. Mais ces chiffres, bien que significatifs, sont loin de refléter la réalité :
"On pense que c’est bien en deçà de la réalité. L’information n’arrive pas encore aux femmes qui en ont besoin."
Amélia Lakrafi, députée 10e circonscription des Français établis hors de France
Aussi, Amélia Lakrafi insiste sur l’importance de sensibiliser les victimes à leurs droits et aux ressources disponibles. Elle souligne l’existence de mécanismes d’urgence comme le laisser-passer consulaire ou le passeport d’urgence, pouvant être délivrés en moins de 24 heures en cas de confiscation des papiers d’identité par le conjoint violent. De plus, elle rappelle que l’application « Mémo de Vie » aide les femmes à documenter les violences subies de manière sécurisée : « C’est essentiel pour rassembler des preuves et porter plainte, si elles le souhaitent. »
Des initiatives solidaires et transfrontalières
L’élue met également en lumière des initiatives associatives comme la plateforme « Save You » qui connecte des femmes expatriées pour offrir une écoute bienveillante, un hébergement d’urgence ou encore un soutien psychologique. Cette entraide spontanée repose sur la solidarité féminine :
"C’est une écoute, un canapé, une chambre pour une nuit ou un mois… Tout le monde a envie d’aider."
Amélia Lakrafi, députée 10e circonscription des Français établis hors de France
Dans un cadre plus institutionnel, des collaborations avec le Barreau de Paris permettent aux victimes de bénéficier d’un soutien juridique, notamment grâce à des associations locales. Amélia Lakrafi revient d’ailleurs sur les difficultés d’obtenir une aide juridictionnelle en tant que Français de l’étranger.
Un modèle unique de gestion des crises
Au-delà des violences domestiques, Amélia Lakrafi rappelle que les Français expatriés peuvent également se retrouver confrontés à des crises majeures, comme des catastrophes naturelles, des attentats ou des conflits armés. Elle évoque le travail du Centre de Crise et de Soutien (CDCS) du Quai d’Orsay, qu’elle décrit comme un modèle unique :
"Nous sommes l’un des rares pays à évacuer nos ressortissants, mais aussi d’autres nationalités, lors de situations d’urgence."
Amélia Lakrafi, députée 10e circonscription des Français établis hors de France
Grâce à un réseau de chefs d’îlot, les Français à l’étranger peuvent recevoir rapidement des informations cruciales en cas de crise, un dispositif qui, selon Amélia Lakrafi, sauve des vies. « Si vous restez dans le pays plus de 6 mois, enregistrez-vous au consulat dès votre arrivée. Et pour une courte durée, vous pouvez vous inscrire sur le Fil d’Ariane pour faire savoir que vous êtes là. Ce n’est pas pour vous surveiller, mais pour garantir votre sécurité. »
Par ailleurs, les efforts doivent également se concentrer sur une meilleure reconnaissance des victimes, qu’il s’agisse des violences conjugales ou des catastrophes comme l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Amélia Lakrafi appelle à renforcer les liens entre les magistrats de liaison et les Français expatriés, tout en simplifiant les démarches administratives pour l’aide aux victimes.
"Ne restez pas seules"
En conclusion, Amélia Lakrafi exhorte les victimes à parler, même si la peur ou la honte persistent.
"Parlez, même si vous avez peur. Le consulat est votre allié."
Amélia Lakrafi, députée 10e circonscription des Français établis hors de France
Cet engagement témoigne d’une volonté constante d’assurer une meilleure protection des Français à l’étranger. « Chaque cas est unique, et nous nous adapterons à chaque situation. » Un message d’espoir pour celles et ceux qui, dans les moments les plus difficiles, ne savent pas vers qui se tourner.
Numéros d’urgence :
Solidarités Femmes : 3919 (depuis la France)
Aide aux victimes : +33 1 80 52 33 76
Centre de Crise et de Soutien : +33 1 53 59 11 00
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