ROME – L’Italie a mis en place un plan pour préserver ses entreprises au cas où les États-Unis imposeraient des droits de douane, et a envoyé lundi une délégation à Washington pour discuter de l’épineux dossier.
« Aujourd’hui, une délégation que j’ai envoyée à Washington rencontre des responsables américains pour aborder la situation des droits de douane. Ils travaillent en coordination avec la Commission européenne, qui détient la compétence exclusive en matière d’accords commerciaux », a déclaré lundi le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani.
Prudent, il a également ajouté : « nous devons attendre de voir si les droits de douane sont effectivement imposés ».
L’Italie en position de faiblesse
Selon les propos d’Antonio Tajani, le gouvernement italien mène un projet « pour s’assurer que les exportations italiennes puissent continuer à prospérer ».
En plus de rechercher le dialogue avec les États-Unis — qui pourrait « impliquer une augmentation des importations et des investissements italiens aux États-Unis » — Antonio Tajani a souligné la nécessité de renforcer « la présence de l’Italie sur d’autres marchés tels que le Mexique, les pays du Golfe, l’Indonésie, le Japon et la Turquie ».
L’Italie est l’un des pays européens qui enregistre le plus grand excédent commercial avec les États-Unis, ce qui pourrait la rendre plus vulnérable que d’autres en cas d’imposition de droits de douane.
Selon les dernières données disponibles de l’Institut national italien de statistique (Istat), les exportations italiennes vers les États-Unis ont totalisé 67,3 milliards d’euros en 2023, tandis que les importations se sont élevées à 25,2 milliards d’euros, soit un excédent commercial de 42 milliards d’euros.
Une analyse réalisée par le centre de recherche de la Confindustria a identifié les secteurs clés les plus exposés au marché américain : les boissons (39 %), les véhicules automobiles et autres équipements de transport (respectivement 30,7 % et 34 %) et les produits pharmaceutiques (30,7 %).
« Des moyens de protéger le pays »
Malgré les inquiétudes, plusieurs personnalités de la coalition au pouvoir en Italie restent rassurées par les liens étroits que le pays entretient avec Washington. « Je pense que l’Italie est bien placée pour engager le dialogue avec les États-Unis », a réagi la semaine dernière le vice-premier ministre Matteo Salvini. Selon lui, « tout différend impliquera les Allemands, pas nous. Nous ne sommes pas la cible de Trump ».
Mais, en tant qu’État membre de l’UE, l’Italie ne peut pas négocier des accords commerciaux de manière indépendante. Les discussions tarifaires ont lieu entre les États-Unis et l’Union européenne, et selon les principes du marché unique, aucun pays de l’UE ne peut être exempté des droits de douane imposés à l’ensemble du bloc.
Un diplomate de haut rang a confié à Euractiv que si l’Italie ne pouvait pas être exemptée de droits de douane, il pouvait y avoir des moyens de protéger le pays en ciblant les secteurs auxquels l’Italie est moins exposée, minimisant ainsi l’impact. Cela pourrait potentiellement favoriser l’Italie par rapport à d’autres pays de l’UE.
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