Selon le New York Times, la Russie continuerait à vouloir influencer les élections dans les pays démocratiques par une activité organisée de manipulation de l’information et à travers des sites web et des réseaux sociaux diffusant des fausses informations.
L’ingérence russe avait déjà été mise en lumière lors de la présidentielle américaine et l’élection américaine. Lors du Brexit, l’activisme de la Russie et la diffusion de « fake news » avait aussi été révélée par une Commission d’enquête britannique. En Allemagne, les autorités avaient lancé des avertissements très clairs et renforcé leur vigilance avant les élections. Selon le New York Times, plusieurs comptes, groupes, sites web diffusent de fausses informations sur le fonctionnement de l’UE et sur l’OTAN. Certains sites sont directement hébergés sur des serveurs russes, notamment des sites allemands et italiens, tchèques.
L’Agence de cybersécurité Safeguard Cyber a publié une étude selon laquelle un électeur européen sur deux a été exposé à des campagnes de fausses informations. Ces campagnes sont alimentées par des milliers de comptes robotisés qui envoient des messages personnels et des posts. Dernièrement, Facebook a fermé 97 comptes faisant la promotion de la Russie en Ukraine.
La Russie a élaboré depuis longtemps une stratégie de « guerre de l’information », conforme aux leçons traditionnelles de propagande et d’infiltration adaptées aux réseaux sociaux. L’investissement dans ce domaine à travers des medias traditionnels dits « alternatifs » comme l’agence Sputnik ou la chaine « Russia Today » représente un effort remarquable pour les Russes. 80 medias russophones opèrent à l’étranger selon le Kremlin. Mais ce ne sont pas les Russophones qui sont les cibles. Russia Today est diffusé en cinq langues, Sputnik en 35. Le principe est simple : exploiter les tensions ethniques, religieuses, culturelles, linguistiques, promouvoir les militants et les revendications « antisystèmes », à gauche et à droite, dévaloriser les institutions atlantiques et européennes.
Pour ce faire, les Russes mènent aussi un travail de relations publiques et réseau à travers toute l’Europe. On se rappelle l’amitié de Berlusconi pour Poutine, et le financement du Front National par les banques Russes. On s’interroge sur les financements et la visibilité d’autres partis, sans rapport avec leur socle électoral. D’autres relais, aussi bien dans le monde des affaires que dans le monde politique, participent de cette stratégie d’influence qui vise soit à légitimer les actions de la Russie (en Crimée comme en Syrie) soit à diviser les Européens soit à accuser les Américains.
Un des adversaires traditionnel de la Russie est bien évidemment l’Union Européenne, c’est pourquoi les Russes avaient fortement investi dans le Brexit (Le siège de Russia Today est à Londres). Et la Russie entretient des relations étroites avec les partis dits « populistes » eurosceptiques. Slovaquie, Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie abritent de nombreux sites et comptes pilotés par les Russes, mais aussi et surtout de forts réseaux politiques.
Mais l’Allemagne et la France restent des cibles de choix : les réseaux russes à l’Assemblée et au Sénat sont connus. Certains politiques agissent par conviction et avec sincérité. D’autres sont plus légers. Le but de la Russie est de renforcer son poids au Parlement européen. Elle devrait y arriver. On ne peut qu’admirer la disproportion entre l’influence russe dans le monde au regard de son poids réel. Le Pib de la Russie est un peu supérieur à celui de l’Espagne, son budget militaire est inférieur à celui de la France, la population russe diminue. Le véritable avenir de la Russie serait en Europe. C’est peut-être pourquoi elle s’y intéresse tant.
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