Espagne : Frontex au large des côtes africaines ?

Espagne : Frontex au large des côtes africaines ?

Jeudi 10 octobre, le ministre de l’Intérieur espagnol a chargé à l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex de demander aux pays africains l’autorisation de patrouiller dans leurs eaux afin de « sauver des vies » sur la périlleuse route d’immigration clandestine qui relie le continent à l’archipel espagnol des Canaries.

Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a déclaré que Frontex avait opéré en territoire africain lors du dernier pic de migration vers les îles Canaries en 2006, et que l’agence avait déjà travaillé avec les forces frontalières espagnoles pour recueillir des renseignements dans les îles Canaries.

L’agence européenne de surveillance des frontières devrait maintenant demander l’autorisation à la Mauritanie, au Sénégal et à la Gambie — les principaux pays d’origine et de transit des exilés qui traversent l’Atlantique sur des bateaux de pêche précaires — de s’attaquer aux trafiquants d’êtres humains et de freiner les départs.

Migration vers les Canaries : l’Espagne appelle Frontex à intervenir dans les eaux africaines

« Frontex ne pourra réellement protéger les frontières de l’Europe de l’immigration irrégulière que si elle opère également en dehors de celles-ci », a affirmé le ministre de l’Intérieur espagnol.

« Il est particulièrement important d’améliorer sa capacité à agir à l’étranger, tant en termes de retours que de gestion des frontières », a-t-il expliqué aux ministres de l’Intérieur de l’UE réunis à Luxembourg jeudi 10 octobre.

Ces dernières années, c’est sur la route atlantique menant aux îles Canaries que l’immigration clandestine a connu la croissance la plus rapide, même si les chiffres restent inférieurs à ceux des personnes qui empruntent la route de la Méditerranée centrale en direction de l’Italie.

Les chiffres du ministère de l’Intérieur espagnol montrent que les îles Canaries ont accueilli un total de 26 758 exilés entre janvier et juillet de cette année, contre 39 910 pour l’ensemble de l’année 2023.

 Le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, assiste à la séance de questions au gouvernement au Congreso, chambre basse du Parlement espagnol, à Madrid, Espagne, le 10 septembre 2024. ©EPA-EFE/Sergio Perez
Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, assiste à la séance de questions au gouvernement au Congreso, chambre basse du Parlement espagnol, à Madrid, Espagne, le 10 septembre 2024. ©EPA-EFE/Sergio Perez

Crise migratoire : tensions entre Madrid et les Canaries sur la gestion des mineurs isolés

Ce flux a suscité des tensions entre l’administration régionale de l’archipel et le gouvernement national, notamment au sujet de la prise en charge de 5 000 mineurs.

Le gouvernement de Pedro Sánchez (PSOE/S&D) a promis de verser 50 millions d’euros d’ici la fin du mois pour compenser le coût de la prise en charge des mineurs immigrés par les îles Canaries, alors que le gouvernement régional réclame 160 millions d’euros.

Dans ce sens, le chef du gouvernement des Canaries a exprimé jeudi sa déception, accusant le gouvernement de « fermer les yeux » sur la gestion de l’accueil des mineurs immigrés non accompagnés.

Le mois dernier, un bateau s’est renversé alors que les sauveteurs s’en approchaient, laissant au moins 48 personnes portées disparues. Il s’agit de l’incident le plus meurtrier en 30 ans de traversées sur cette route.

Mercredi, toutefois, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a défendu l’immigration avec passion, un discours qui est devenu rare en Europe, pour soutenir la population et l’économie vieillissantes de l’Espagne, et a insisté sur le fait que l’immigration illégale ne représentait qu’une petite proportion des arrivées.

Il a également annoncé aux députés espagnols qu’il réclamerait que le Pacte européen pour l’asile et la migration soit mis en œuvre en 2025 au lieu de 2026.

Par ailleurs, le chef du gouvernement des îles Canaries Fernando Clavijo a exhorté jeudi Pedro Sánchez et le chef du Partido Popular (PPE) de centre droit, Alberto Núñez Feijóo, à mettre de côté leur différend politique sur la crise migratoire et à chercher un accord.

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