Epiphanie : la Frangipane est française..quelles sont les autres traditions?

Epiphanie : la Frangipane est française..quelles sont les autres traditions?

Elle a envahi depuis quelques jours les rayons et les vitrines de France : la galette des rois.

Elles ont fleuri dans les boulangeries des 36 000 communes à l’occasion de l’Épiphanie, célébrée ce lundi 6 janvier.

En France, la fête chrétienne et cette pâtisserie sont indissociables, mais ce n’est pas le cas partout.

Petit tour d’horizon des différentes traditions à travers l’Europe, continent qui est le seul à la fêter réellement.

Au commencement était la fève

Pas étonnant : l’Épiphanie est un épisode-phare de la religion chrétienne. Douze jours après la naissance du Christ, elle symbolise la rencontre entre les Rois mages, Melchior, Gaspard et Balthazar et Jésus enfant à Bethléem. Sauf que les éléments les plus ancrés de cette tradition (la fève, le choix d’un « roi » tiré au hasard, la pâtisserie) viennent d’ailleurs et de plus loin.

Dès l’Antiquité, la civilisation romaine organise des fêtes saturnales à cette période de l’année, pour honorer l’allongement des jours à venir. C’est à cette occasion qu’apparaît la fève (une vraie fève !! pas une pièce d’or ! ) cachée dans une pâtisserie. Elle désigne un « roi », qui pourra ordonner ce qu’il souhaite le temps de la célébration. « C’était une fête importante, familiale« , révèle Stéphanie Wyler, maître de conférences à l’université de Paris. « Il y avait des échanges de cadeaux, et le prince des Saturnales, désigné par la fève, donnait des gages aux autres. »

Il faut attendre le IIIe siècle pour que les traditions chrétiennes relient l’Épiphanie à une « apparition divine » en tant que telle, celle du Christ aux rois Mages. Avant, « le mot était utilisé par les païens, pas uniquement pour les dieux mais pour toutes sortes de prodiges« , ajoute Stéphanie Wyler.

Voilà pour le terreau symbolique, qui a permis d’ancrer cette cérémonie dans les coutumes jusqu’à aujourd’hui. Mais, selon les lieux, la fête de l’Épiphanie prend des tournures bien différentes. Quels sont les différents profils en Europe ?

Les gourmands

Dans plusieurs pays dont la France, l’Épiphanie signifie d’abord et avant tout le passage à table. La galette feuilletée est aujourd’hui prisée par 70% des Français, selon un sondage mené par OpinionWay et l’interprofession des Cidres de France en 2014. Avec ou sans frangipane, elle est également très prisée en Belgique : il s’en est vendu 800 000 en Wallonie il y a deux ans, selon la RTBF. Un succès également confirmé en Suisse et au Luxembourg. En France, le succès est encore plus frappant : il se vend 32 millions de galettes chaque année.

Succès, d’accord, mais surtout dans le nord de la France : plus au sud, on préfère la couronne des rois, un gâteau brioché garni de fruits confits qui a convaincu 22% des sondés français en 2014. Plus proche de la pâtisserie antique, cette couronne se retrouve dans les traditions ibériques : le 6 janvier, on mange le « Bolo Rei » au Portugal, et le « Roscón de Reyes » en Espagne.

Au passage, l’Épiphanie se substitue littéralement à Noël dans ces pays. Ceux qui distribuent les cadeaux sont les Rois Mages eux-mêmes, le Père Noël est quasiment au chômage technique. Le 6 janvier, on déguste le « Roscón de Reyes » mais on ouvre aussi les cadeaux chez les petits Espagnols.

En Italie, on célèbre bien Noël fin décembre, mais l’Épiphanie est aussi l’occasion de recevoir ou non des cadeaux et quelques gourmandises : une sorcière issue du folklore italien, la « Befana », profite du 6 janvier pour apporter des sucreries aux enfants sages, et… du charbons aux autres, tout de même apprécié car fabriqué en sucre ou en réglisse.

Les mélomanes

En Allemagne, la tradition de l’Épiphanie joue davantage sur les cordes vocales que sur l’estomac. Il est coutume de voir, dans les régions à dominante catholique comme la Bavière, des « Sternsinger », ou chanteurs à l’étoile : ces jeunes choristes déguisés en Rois Mages passent de maison en maison, munis d’un bâton de pèlerin surmonté d’une étoile. Leurs chants ont vocation à récolter des dons … et quelques friandises au passage. À noter que le 6 janvier est férié dans trois régions allemandes : la Bavière, le Bade-Wurtemberg et la Saxe-Anhalt.

Ce rappel en chanson du parcours des Rois Mages a aussi lieu aux Pays-Bas, lors de la fête du « Driekoningen ».

Les intrépides

Dans les pays d’Europe occidentale, l’on constate un attachement aux mêmes racines symboliques : l’Épiphanie, c’est la manifestation du Christ, les Rois Mages, et les usages empruntés au paganisme antique avec la fève ou la galette. « Il y a un fond commun qu’on a fixé dans le courant du IVème siècle, et qui puise dans les inspirations chrétiennes« , précise l’historienne Stéphanie Wyler. « À partir de ce fond commun, on adapte l’histoire aux traditions locales. »

Mais force est de constater que l’Épiphanie revêt une toute autre atmosphère dans les pays d’Europe de l’est aux racines chrétiennes orthodoxes. « En occident, l’Épiphanie est l’adoration de Jésus par les mages. Dans les rites orientaux, la fête, nommée Théophanie, a pour objet le baptême du Christ dans le Jourdain qui a sanctifié les eaux« , pointe le site cybercure.fr, un forum créé en 2000 et géré par un groupe de prêtres, destiné à répondre aux questions sur les grands thèmes du christianisme.

C’est pourquoi, en Russie, il est de coutume de s’immerger dans de l’eau gelée au moment de cette Théophanie, qui a lieu entre le 6 et le 19 janvier.

La cérémonie s’accompagne souvent d’une bénédiction des eaux par un prêtre : en Bulgarie, en Ukraine ou en Grèce, une croix est jetée dans l’eau glaciale. « Des plongeurs rivalisent afin de récupérer le crucifix. Celui qui le trouve sera chanceux toute l’année« , révèle le site cybercure.fr. Une manière de célébrer l’Épiphanie autrement plus sportive et intrépide que celle de leurs voisins occidentaux.

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