La troisième circonscription des Français de l’étranger (Royaume-Uni et Europe du Nord) est en première ligne sur les grands enjeux internationaux : Brexit, guerre en Ukraine, réarmement européen. Depuis juillet 2024, son député, Vincent Caure, siège à l’Assemblée nationale, au groupe Ensemble pour la république, dans un contexte de majorité introuvable et d’inquiétudes croissantes parmi les expatriés.
Invité du podcast En toute confidence sur lesfrancais.press, il décrit une vie parlementaire sous tension, la spécificité des Français installés en Europe du Nord, mais aussi ses combats concrets sur le service national volontaire ou la reconnaissance des diplômes de médecine obtenus au Royaume-Uni avant le Brexit.
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« La politique est un sport de combat » dans une Assemblée sans majorité
Interrogé sur ce qu’il a découvert une fois entré à l’Assemblée nationale, Vincent Caure confirme que le travail parlementaire est tout sauf un long fleuve tranquille : « Je me suis confirmé par l’expérience que la politique est un sport de combat et un sport assez violent. »
« Il faudra peut-être un jour simplifier certaines règles (…)
parce qu’il faut aussi quand même toujours garder à l’esprit que tout ça, on le fait pour les citoyens et les citoyennes »
Vincent Caure, député des Français de l’étranger, 3ème circonscription
L’absence de majorité claire renforce encore cette pression : « Quand il n’y a pas de majorité, (…) sur chaque texte qu’il y a une incertitude (…) il faut aller chercher les voix, il faut aller négocier avec les collègues. Ça, c’est du vrai travail parlementaire. » La France, estime-t-il, est en train de rattraper son retard par rapport aux « vieilles démocraties européennes » plus habituées à la culture du compromis.

Mais cette complexité se voit peu de l’extérieur. Même lui reconnaît que « parfois on s’y perd entre les lectures, entre les votes, entre les secondes délibérations ». Il dit comprendre que les Français, qu’ils vivent en France ou à l’étranger, soient désemparés, et en tire une leçon politique : « Il faudra peut-être un jour simplifier certaines règles (…) parce qu’il faut aussi quand même toujours garder à l’esprit que tout ça, on le fait pour les citoyens et les citoyennes », nous dit notre invité.
Des Français de l’étranger en première ligne face aux risques internationaux
La spécificité de cette circonscription, qui inclut la Finlande et les pays baltes, tient aussi à sa proximité avec la Russie et avec la guerre en Ukraine. Vincent Caure constate : « On est probablement dans un des endroits où les Français expatriés sont le plus à même de connaître les risques internationaux. »
« Je me fais fort de relayer cela à la fois au ministre des Affaires étrangères
et aux personnes avec qui j’ai travaillé par le passé (…) qui sont aujourd’hui à l’Élysée avec le président de la République »
Vincent Caure, député des Français de l’étranger, 3ème circonscription
Ces Français, installés dans des pays qui ont payé le prix fort au XXᵉ siècle, lui envoient beaucoup de messages : ils comprennent les enjeux de sécurité, certains soutiennent même les propos jugés très fermes du chef d’état-major devant les maires de France, « parce qu’en fait ils savent tout simplement ce qu’est la réalité du conflit en Ukraine mais ce qui a aussi été l’histoire du XXe siècle pour la Finlande, pour les pays baltes. »
Le député assure relayer ces remontées de terrain : « Et bien sûr, je me fais fort de relayer cela à la fois au ministre des Affaires étrangères et aux personnes avec qui j’ai travaillé par le passé (…) qui sont aujourd’hui à l’Elysée avec le président de la République. »
Kit de survie, préparation civile et diversité des situations des expatriés
La question du fameux « kit de survie » et des consignes de préparation en cas de crise revient naturellement lorsqu’on évoque les Français de l’étranger. Pour l’invité d’ « En toute confidence » Vincent Caure, la diffusion des instructions doit être maximale : « Les instructions je pense qu’il sera nécessaire qu’elles aient la diffusion la plus large. (…) Ça permet une acculturation de nos concitoyens, c’est nécessaire. »

Mais il rappelle que tous les expatriés ne vivent pas dans les mêmes environnements : « Si vous êtes expatrié vous pouvez d’ores et déjà vivre dans un pays dont les standards (…) de préparation, de défense passive (…) sont déjà très élevés. (…) À rebours vous pouvez avoir des Français expatriés au Portugal ou au Brésil (…) où ce n’est pas les mêmes besoins. » D’où sa prudence sur un kit unique : « Sur le kit il faudra avoir je pense plus au cas par cas et éviter d’être redondant avec ce qui peut exister dans certains pays. »
Service national volontaire : inclure aussi les Français de l’étranger
Au-delà de la protection civile, le président Emmanuel Macron souhaite instaurer un service national volontaire exclusivement militaire de dix mois. Pour les jeunes Français de l’étranger, souvent très attachés au lien avec la France, la question de l’accès à ce dispositif est cruciale. Vincent Caure le reconnaît : « Moi je pense qu’il faudra, c’est le même débat qu’on avait aujourd’hui sur les journées d’appel à la défense pour les jeunes, savoir comment on en trouve des déclinaisons (…) numériques. »
« Aujourd’hui, en tant qu’Européens notamment,
on prend conscience du besoin de défense »
Vincent Caure, député des Français de l’étranger, 3ème circonscription
Sur la possibilité d’effectuer ce service au sein de contingents situés à l’étranger, il souligne les défis de coopération, mais aussi l’opportunité européenne : « Aujourd’hui, en tant qu’Européens notamment, on prend conscience du besoin de défense (…) de se penser et d’agir en tant qu’Européens. Donc peut-être que le service national volontaire pourrait trouver effectivement (…) des traductions dans les différents contingents qui se situent en Europe. »
Médecins formés au Royaume-Uni avant le Brexit : effacer une injustice
Autre dossier très concret pour les Français du Royaume-Uni : la situation des étudiants en médecine partis étudier outre-Manche avant le Brexit, avec un diplôme britannique aujourd’hui difficilement reconnu en France. Vincent Caure a déposé une proposition de loi pour corriger ce qu’il considère comme une injustice : « Il s’agit un peu d’effacer l’effet du Brexit pour ces étudiants en médecine, partis étudier au Royaume-Uni avant le Brexit, et qui ne pouvaient donc tout simplement pas anticiper les conséquences politiques qu’aurait le Brexit. »

Ces diplômés, rappelle-t-il, ont été formés « dans un pays où la formation en médecine est excellente », mais « du fait du Brexit, ne peuvent plus revenir tout simplement exercer en France, alors que certains étaient simplement partis s’expatrier pour leurs études. » Résultat : ils partent exercer au Royaume-Uni, au Canada, en Suisse ou ailleurs, alors même que la France souffre de déserts médicaux. Pour lui, le texte est gagnant-gagnant : « C’est à la fois bon pour ces étudiants-là, qui étaient un peu les oubliés de l’histoire du Brexit, et bon pour des gens qui (…) ne trouvent pas un médecin. »
« C’est à la fois bon pour ces étudiants-là, qui étaient un peu les oubliés
de l’histoire du Brexit, et bon pour des gens qui (…) ne trouvent pas un médecin »
Vincent Caure, député des Français de l’étranger, 3ème circonscription
Il assure avoir travaillé « avec le ministère de la Santé à Paris » afin que la proposition soit compatible avec le cadre juridique européen, et dit espérer une adoption rapide, dans un climat politique plutôt consensuel sur ce sujet. La discussion à l’Assemblée nationale devrait avoir lieu le 19 janvier 2026.
Présidentielle de 2027 : faire barrage à l’extrême droite
En fin d’entretien, la discussion glisse vers la présidentielle de 2027 et les sondages donnant Jordan Bardella gagnant face à plusieurs figures de la majorité. Sans se prononcer sur un nom, Vincent Caure pose un critère : « Le bon candidat ou la bonne candidate sera celui qui sera en capacité de faire le rassemblement le plus large avec une dynamique politique autour de lui ou autour d’elle. »
Son opposition au Rassemblement national reste frontale : « Je ne me résous pas à voir le Front National gagner dans mon pays. » Il estime que le parti cherche « à se maquiller » L’exemple du Royaume-Uni nourrit son avertissement : « Je vois bien, par exemple, ce qu’a créé le Brexit au Royaume-Uni en termes de croissance économique perdue ou en termes de dégradation des conditions de flux migratoires. »
Écoutez l’épisode complet du podcast « En toute confidence » avec Vincent Caure, député des Français de l’étranger (3ème circonscription – Royaume-Uni et Europe du Nord) pour comprendre, entre autres, pourquoi, « la politique est donc un sport de combat ».
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