En Iran, nue contre le monde entier.

En Iran, nue contre le monde entier.

Mère célibataire, Ahou Daryaei, étudiante en littérature française, n’est pas une « femme à chat ». Elle n’en est pas moins méprisée. Cette jeune femme, vêtue de solitude, dans la foule du campus de l’université de Téhéran, le monde entier l’a vue. Battue parce qu’elle ne portait bien pas son voile, en protestation, elle s’est déshabillée, a déambulé en sous-vêtements en Iran.

Personne ne l’a approchée. Sans doute parce qu’elle irradiait. Personne n’a rien dit. L’étonnement passé, les services de sécurité l’ont amenée vers une destination inconnue, pourtant connue de tous, la prison. Puis l’hôpital psychiatrique, vieille dénomination des centres de torture pour les régimes totalitaires. Vouloir être libre est folie.

Il y a deux ans, une autre jeune femme, Mahsa Amini, portait mal son voile. Elle en est morte, en prison. D’immenses manifestations commencèrent cette « Révolution des femmes » peu à peu étouffée par la répression. Et par la guerre, car la guerre externe permet toute répression.

Une guillotine spéciale pour les mains a été conçue.  

Couvertes par le bruit des missiles, les autorités religieuses iraniennes ont exécuté en un mois 150 personnes. Depuis l’élection du nouveau président iranien, en juillet dernier, 386 exécutions officielles ont eu lieu. Des milliers de héros sont dans les geôles, comme la lauréate du prix Nobel, Narges Mohammadi. Trois Français sont détenus, otages d’Etat. Certains prisonniers sont condamnés à l’amputation, soi-disant pour vol, de la main droite. Une guillotine spéciale pour les mains a été conçue. S’exportera-t-elle comme les missiles livrés aux Russes ?

Tel est le régime qu’a osé défier cette jeune femme. Des services secrets qui ont empoisonné l’eau des écoles de filles pour effrayer les mères, une théocratie militaire en guerre contre son propre peuple, en guerre partout où il peut l’être. La religion ? La corruption, la terreur et la guerre. Les Mollahs sont pour la guerre parce que toute guerre accroît la servitude.

Mollahs et Ayatollahs ne sont pas seuls. Les Talibans ont mis toutes les femmes en prison. Il leur est interdit de chanter, de sortir, de dire de la poésie. Elles ont « le droit de parler », « à d’autres femmes », a précisé le « ministère de la propagation de la vertu et de la prévention du vice ». Quand la moitié d’un peuple est en prison, où est l’autre ? En prison, aussi. Hommes et femmes ensemble et séparés sont à la fois opprimés et oppresseurs. C’est possible, tant la passion de la soumission est forte. Pour les tueurs comme pour les tués, le meurtre est mortel.

Propagation de la vertu et prévention du vice

Les femmes et les enfants d’abord. Boko Haram interdit les écoles pour les filles, massacre, vend, comme Daech et ses petits, au Moyen-Orient et en Afrique. Le nouveau ministre de l’Intérieur libyen veut créer une police religieuse et imposer le voile à partir de neuf ans.

La guerre contre les femmes s’arrêterait-elle au Moyen-Orient ?  En Chine, les femmes ont les mêmes droits que les hommes. La politique de l’enfant unique ayant déséquilibré la démographie, les filles étant plus souvent éliminées, il manque des femmes, au bureau politique comme dans les foyers. Des réseaux criminels en importent du Cambodge, du Laos, d’ailleurs. Est-ce le seul réseau de traite avec la complicité de l’Etat ?

Qu’en est-il en Occident, quelque temps après Meetoo ? Le néo machisme de Poutine, qui dénonce l’Occident décadent, efféminé, a son pendant vainqueur avec Trump, avec son vice, Vance, qui moque les « femmes à chat ». La moitié de l’Amérique, leader du monde libre, d’applaudir. Après sa victoire, déferlent les messages misogynes sur les réseaux asociaux : « Votre corps nous appartient », scandent quelques « masculinistes ». Imagine-t-on Ulysse parler ainsi ? Et si l’on ne connaît pas Ulysse, Superman, John Wayne ?

Le destin du monde est-il d’être gouvernés par des abrutis frustrés ou des barbus enturbannés ?

Le destin du monde est-il d’être gouvernés par des abrutis frustrés ou des barbus enturbannés ? Oussama ben Laden avait plusieurs femmes. Il passait son temps à regarder des films pornos. Propagation de la décadence occidentale. À l’annonce du discours de victoire de Trump, les branchements sur Pornhub ont bondi de 15%, aussi bien dans les comtés Républicains que Démocrates. Ère de la pornographie politique ? Elon Musk a renommé Twitter « X ». Vulgarité et machisme s’affichent, demain s’affronteront, puisque la guerre contre les femmes s’épanouit dans la guerre.

Quelle est la bataille ? La révolution mondiale féminine ? Au-delà : le corps, la liberté. Le corps est un objet politique. La violence s’exerce sur les corps. Quand on parle de droit, on commence par « l’intégrité de la personne humaine ». La première caractéristique de l’esclavage est de matérialiser le corps. On commence par les femmes.

La liberté des femmes est odieuse à tout régime qui déteste la liberté. Les mollahs ne haïssent pas plus les femmes que les masculinistes complexés, ils haïssent l’idée occidentale de liberté, étrangère à leur culture comme elle est étrangère aux dirigeants chinois et à bien d’autres. La liberté, surtout celle des femmes,  est une idée « coloniale ».  Un tiers des pays du monde accepte la polygamie.

Femmes libres ? Femmes occidentales, ou occidentalisées. La liberté des femmes, l’égalité entre les sexes, ne se déploient qu’à partir de la révolution industrielle. Aucune volonté, aucun plan : D’une part, l’idée de liberté a besoin de s’étendre à tous pour être défendue. Elle s’étend aux pauvres. Elle combat l’esclavage, le bannit, l’interdit, émancipe peu à peu les femmes, en Europe, puis dans le monde entier avec, paradoxe, l’expansion des empires coloniaux.

D’autre part, l’amélioration matérielle des conditions de vie permet l’autonomie des femmes. Les corvées du linge, de l’eau, du foyer sont facilitées, voire disparaissent. Produits machistes peut-être, le lave-linge et la pilule libèrent. La ménagère de moins de 50 ans, cible publicitaire, retourne le consumérisme en capital de temps libre. La révolution matérielle accompagne, autorise la révolution de mœurs. Toute régression matérielle entraînera, entraîne déjà, la régression des mœurs : La preuve par la guerre.

La plus grande révolution de l’histoire de l’humanité est la libération des femmes. 

La guerre appauvrit, valorise le destructeur, transforme les femmes en victimes. Les viols sont des méthodes de guerre. Cette terreur enseignée aux femmes, aux hommes, n’est pas la « domination masculine ». Elle est l’asservissement des hommes et des femmes tout court.

Régler les questions internationales par la guerre s’appuie sur une guerre interne contre les femmes. La plus grande révolution de l’histoire de l’humanité n’est pas la Révolution française, la bolchevique, l’anglaise, l’américaine, l’islamiste : elle est la libération des femmes. C’est le phénomène mondial des deux derniers siècles.

L’image de cette étudiante, nue contre le monde entier, vue par le monde entier, est une arme. Pour la révolution permanente, la vraie. Si elle détruit le régime des mollahs, elle bousculera tous les régimes. C’est une révolution mondiale. Révolution sans frontière. Ahou Daryaei étudiait la littérature française. Éduquez les hommes, éduquez les filles. La majorité des étudiants chinois sont des Chinoises. Espoir.

« Le monde doit savoir que si la guerre s’étend, ses effets nuisibles ne se limiteront pas uniquement à la région du Moyen-Orient », avertit le ministre iranien des Affaires étrangères. Aide-t-on suffisamment les Iraniennes ? Diffusez les images. Elles valent bien des missiles. Les Iraniennes sont en première ligne. La deuxième ligne, c’est vous.

Laurent Dominati
Laurent Dominati

Laurent Dominati

a. Ambassadeur de France

a. Député de Paris

Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press et France Pay

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