En Algérie, le vol furtif est à l’honneur.

En Algérie, le vol furtif est à l’honneur.

Alors que le Président Tebboune, malade, a quitté l’Algérie depuis le 28 octobre, le gouvernement algérien a signé un contrat d’armement de 2 milliards de dollars avec la Russie pour acheter 14 avions de combats Sukhoï 57. L’information a été confirmée par les agences russes d’information. L’Algérie devient ainsi le premier acheteur de cet avion de « cinquième génération » à l’étranger. 

Des avions furtifs pour 2 milliards

La « cinquième génération » est plus un concept marketing que technologique, qui met l’accent sur les capacités furtives des appareils, ce qui est contesté par bien des spécialistes. Le Sukhoï 57 est de toute façon un avion haut de gamme, le dernier né de l’industrie russe. L’armée algérienne sera ainsi la deuxième armée au monde, après l’armée russe, à être équipée par cet appareil. L’Inde, qui faisait partie de l’accord de développement initial, s’est retiré du projet. L’Algérie aurait aussi conclu deux autres contrats pour acheter des bombardiers SU 34 et Su 35.

L’accord était négocié depuis plusieurs mois par le ministère de la défense algérien, l’ancien chef d’Etat Major Gaïd Salah était même allé à Moscou pour négocier plusieurs contrats de matériel militaire concernant aussi bien l’aviation que la marine ou les blindés. 

L’Algérie est toujours de loin le premier acheteur d’armes en Afrique. Selon l’Institut sur la paix de Stockholm, qui suit les dépenses d’armement à travers le monde, elle aurait dépensé plus de 10 milliards de dollars cette année en armement. Très loin devant le deuxième budget militaire du continent, le voisin marocain, avec 3.6 milliards. Suivent l’Afrique du sud (3.8), le Nigeria (1.8), l’Angola (1.8), puis le Kenya et la Tunisie, de l’ordre d’1 milliard.

Un budget militaire excessif, le premier, de très loin, d’Afrique

On se demande contre qui se surarme ainsi l’Algérie, puisqu’aucun de ses voisins ne peut rivaliser avec elle. Une rapide analyse des conflits possibles pour l’Algérie montre que ce type d’armement est inutile ou exagéré. Les menaces auxquelles elle a du faire face dans le passé sont plutôt d’ordre intérieur : actions terroristes, guerre civile. Dans ces cas, un armement « à la russe » est tout à fait inutile. A moins que l’Algérie n’ait l’ambition de se lancer dans un conflit extérieur, ce qui ne semble pas être le cas, heureusement. Il est vrai que le SU 57 a été testé en Syrie, et qu’il y a été repéré, malgré sa furtivité.

L’intérêt manifesté pour ces commandes est curieux, à moins que l’on imagine que des commissions tout aussi furtives justifient ces achats. Il n’y a pas que les avions qui volent. On peut s’interroger sur les prix particulièrement élevés de ces appareils : 14 avions pour 2 milliards, cela fait 140 millions l’avion, un des plus chers au monde. 

A titre d’exemple, le Pentagone a conclu un marché avec Lockheed-Martin  pour des F35 (considéré comme le programme le plus coûteux de l’histoire de l’aviation) à des prix entre 80 millions et 100 M$ par appareil. Le Rafale, lui, est vendu entre 100 et 135M, l’Eurofighter, 150 millions. Et sans vouloir abaisser la compétence de l’industrie aéronautique russe, ils ne sont pas les meilleurs du monde pour ce qui est des composantes électroniques qui font le prix et la performance des appareils.

Comme l’entretien des avions demande chaque année entre 15 et 20% de son prix, on sait déjà que le budget de l’Algérie sera contraint pendant des années. 

Difficile de comprendre que la priorité du pouvoir en Algérie est de se doter du dernier modèle de l’aviation russe. Mais qui a le pouvoir en Algérie ? Chacun attend le retour du Président Tebboune, absent depuis plus un mois, tandis que les démentis alimentent toujours plus de rumeurs.

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