Emmanuel Macron s’échappe en Serbie pour vendre des Rafale

Emmanuel Macron s’échappe en Serbie pour vendre des Rafale

Alors que la crise politique s’éternise en France, Emmanuel Macron se déplace deux jours en Serbie les 29 et 30 août, dans l’espoir vendre des avions de chasse au régime du président Aleksandar Vučić, malgré les liens supposés que Belgrade entretient avec la Russie.

Englué dans la crise politique hexagonale, le président français espère vendredi revenir à Paris avec quelques bonnes nouvelles dans les valises. Au terme d’une rencontre avec son homologue serbe Aleksandar Vučić, c’est un contrat de trois milliards d’euros qui pourrait être signé entre Paris et Belgrade, avec la vente de douze avions de chasse Rafale, ainsi l’ont plusieurs fois répété ces derniers mois les autorités serbes.

« Nous espérons voir ces discussions aboutir », a expliqué l’Élysée mercredi 28 août, mais sans préciser le nombre d’appareils envisagé et le montant du contrat. « La Serbie fait le choix stratégique de coopérer avec un pays européen [pour moderniser son armée] », se félicite-t-on encore dans l’entourage du président.

Un beau succès pour Dassault Aviation dans les Balkans, après la vente de douze Rafale d’occasion à la Croatie en 2021, pour la somme d’un milliard d’euros. Un succès qui soulève malgré tout quelques interrogations, alors que les autorités serbes n’hésitaient pas avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie à mettre en scène leur proximité avec Moscou, notamment par des exercices militaires communs.

Un beau succès pour Dassault Aviation dans les Balkans, après la vente de douze Rafale d’occasion à la Croatie en 2021, pour la somme d’un milliard d’euros. Un succès qui soulève malgré tout quelques interrogations, alors que les autorités serbes n’hésitaient pas avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie à mettre en scène leur proximité avec Moscou, notamment par des exercices militaires communs.

Reste que malgré ces attaques répétées contre la liberté de la presse, dénoncées par toutes les organisations internationales, le tout-puissant Aleksandar Vučić, qui règne sans partage sur le pays depuis 2012, est redevenu pour la France un allié de choix dans les Balkans. Paris se félicite ainsi des « pas faits en particulier par la Serbie pour mettre en œuvre les accords d’Ohrid », théoriquement conclus pour « normaliser » les relations du pays avec le Kosovo voisin en février 2023, mais jamais appliqués depuis.

Belgrade a de fait retrouvé une centralité stratégique qu’elle avait perdue depuis l’éclatement de la Yougoslavie. Si la Serbie a soutenu la résolution de mars 2022 des Nations Unies condamnant l’agression du Kremlin, le régime serbe s’est toujours refusé à appliquer les sanctions européennes contre Moscou, jouant un habile jeu d’équilibristes avec les pays de l’UE. Ces derniers se gardent donc de dénoncer les dérives autoritaires du régime serbe, de peur de voir le pays se jeter dans les bras du « grand frère russe ».

 Emmanuel Macron se déplace deux jours en Serbie les 29 et 30 août, dans l’espoir vendre des avions de chasse au régime du président Aleksandar Vučić. @SARAH MEYSSONNIER / POOL/EPA

Le pays dispose surtout de ressources stratégiques qui sont loin de laisser indifférentes les capitales européennes, en particulier d’importants gisements de lithium. Le 19 juillet dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz et le directeur général de Mercedes étaient en déplacement à Belgrade pour assister à la signature d’un partenariat entre la Serbie et l’UE. Ce dernier prévoit le développement d’une filière de valorisation du minerai et l’installation en Serbie d’une usine de production de batteries électriques.

« Aujourd’hui, l’UE et l’Allemagne ont échangé la démocratie, l’État de droit et la perspective européenne des Balkans pour du lithium », s’alarmait après la rencontre le politologue spécialiste des Balkans Florian Bieber sur le réseau social X.

Depuis des années, les citoyens serbes se battent contre l’ouverture par le géant anglo-australien Rio Tinto d’une mine dans la vallée du Jadar, dans le sud-ouest du pays. Celle-ci serait capable selon le président Vučić de produire 58 000 tonnes de lithium par an, un volume suffisant pour « fournir 17% de la production européenne annuelle de véhicule électrique ».

Fragilisé par une mobilisation sans précédent de la société civile serbe contre le projet, qui selon ses opposants causerait des dommages irréversibles à l’environnement, le gouvernement serbe avait fini par révoquer en janvier 2022 les licences d’exploitation de Rio Tinto. Il a cependant annoncé la reprise du partenariat en juin dernier, après avoir reçu de « nouvelles garanties » de l’entreprise.

Les manifestations ont donc repris au cœur de l’été, rassemblant au début du mois d’août des dizaines de milliers de personnes à Belgrade. Décidée à poursuivre la lutte, la Fédération des associations écologistes de Serbie a adressé le 28 août une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour lui demander de « soutenir » les défenseurs de l’environnement.

« L’Europe doit proposer un partenariat plus attractif que l’exploitation éhontée que certains préconisent », est-il encore écrit. Peu de chances cependant que le président français prenne le risque de froisser son partenaire d’affaires en abordant des sujets embarrassant. Ouvrir une mine de lithium est « un choix qui appartient à la Serbie », précise-t-on d’ailleurs à l’Elysée.

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