Le président français Emmanuel Macron, qui mise sur la future présidence française de l’UE pour doper sa probable campagne de réélection, est attendu jeudi (26 août) à Dublin pour effectuer sa rentrée sur la scène européenne.
L’Irlande est l’un des quatre derniers pays de l’UE restant à visiter par le chef de l’Etat depuis le début de son quinquennat, avec la Croatie, la Slovénie et la Hongrie, où il espère se rendre dans les prochains mois.
A la fin de l’automne, la France présentera ses priorités pour la présidence de l’UE qu’elle assurera au premier semestre 2022. Elles devraient tourner autour de la relance post-Covid, la souveraineté européenne, la réforme des accords de Schengen ou le pacte asile/immigration. Autant de dossiers sur lesquels Emmanuel Macron cherchera à obtenir des avancées avant le premier tour de la présidentielle, le 10 avril.
Cette visite de travail d’une journée sera courte mais dense, avec un entretien avec son homologue Michael Higgins, homme politique et poète qui préside l’Irlande depuis 2011, suivi d’un déjeuner de travail avec le Premier ministre Micheal Martin, à la tête depuis juin 2020 d’un gouvernement de coalition comprenant deux partis centristes et les Verts.
Emmanuel Macron rencontrera aussi des intellectuels, des étudiants ou des patrons de start-up. Il déambulera dans les rues de Dublin sur les traces de James Joyce, le plus célèbre romancier irlandais, avant un dîner à l’Aras an Uachtarain, la résidence présidentielle.
Actualité oblige, les discussions à Dublin porteront sur la crise en Afghanistan et le difficile débat sur l’accueil des réfugiés, « une question qui se pose au niveau européen », selon la présidence. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs évoquée ces derniers jours avec plusieurs autres dirigeants européens, dont l’Allemande Angela Merkel, l’Italien Mario Draghi ou le Néerlandais Mark Rutte.
L’Irlande, qui a envoyé cette semaine une délégation à Kaboul avec l’aide de la France, prévoit d’accueillir quelque 230 Afghans.
Brexit, dossier toujours sensible
Emmanuel Macron, qui sera accompagné des ministres Jean-Yves Le Drian (diplomatie), Bruno Le Maire (Economie) et Clément Beaune (Affaires européennes), abordera aussi deux dossiers dans lesquels l’Irlande joue un rôle central.
Le premier concerne le Brexit et la remise en cause par Londres du protocole conclu entre le Royaume-Uni et l’UE sur les dispositions douanières post-Brexit en Irlande du Nord. Paris, comme Bruxelles, exclut « toute renégociation » de cet accord difficilement obtenu, tout en se disant prêt à « discuter » de « solutions concrètes » pour mieux le mettre en oeuvre, a précisé la présidence française.
Avec le Brexit, la France est désormais « le voisin le plus proche de l’Irlande dans l’UE », ce qui a entraîné un « accroissement des liaisons maritimes » entre les deux pays, souligne la présidence, en se félicitant que l’Hexagone soit devenu « le premier pays d’accueil européen des investissements irlandais, à hauteur de 2,27 milliards d’euros ».
L’autre dossier sensible porte sur les « réserves » émises par Dublin à l’accord signé au début de l’été dans le cadre de l’OCDE pour mieux taxer les bénéfices des multinationales avec un taux minimum d’au moins 15%.
L’Irlande réticente
L’Irlande a l’un des taux d’imposition des sociétés parmi les plus bas au monde, à 12,5%, ce qui lui a permis d’accueillir le siège européen de toute une série d’entreprises américaines, géants de la technologie et de la pharmacie.
La France, l’un des pays les plus en pointe sur le dossier, note que Dublin « n’a pas entièrement fermé la porte » à l’accord, déjà signé par 132 des 139 pays membres de l’OCDE, et « a donné des signes de disponibilité pour avancer », souligne encore la présidence française.
Sur le plan bilatéral, Paris et Dublin entendent, avec un accord sur la mobilité des enseignants, développer leurs relations dans l’éducation, alors qu’un tiers des étudiants Erasmus accueillis en Irlande viennent de France.
Après ce déplacement, l’agenda européen d’Emmanuel Macron s’annonce bien rempli jusqu’à la fin de l’année, avec une inconnue majeure : le résultat des élections du 26 septembre en Allemagne, de loin le premier partenaire de Paris, qui marqueront la fin de l’ère Merkel.
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