Emmanuel Macron a appelé lundi sa majorité et son gouvernement à la fermeté sur l’immigration, pour éviter d’être « un parti bourgeois » qui ignore l’opinion de classes populaires séduites par l’extrême droite.
Devant quelque 200 députés et sénateurs de LREM, du Modem et partis alliés, ainsi que l’ensemble du gouvernement, le chef de l’État a précisé, pendant plus d’une heure, ses quatre priorités – écologie, retraites, travail et le « régalien », c’est-à-dire sécurité et immigration, ont rapporté des participants à cette réunion à huis clos.
Durcissant le ton sur l’immigration à 15 jours d’un débat parlementaire sur l’immigration prévu les 30 septembre et 2 octobre, il a souligné que « les flux d’entrée n’ont jamais été aussi bas en Europe et les demandes d’asile jamais aussi hautes en France ».
« Nous n’avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet (de l’immigration) en face », a-t-il lancé, adoptant une ligne beaucoup plus ferme sur ce sujet alors que jusqu’ici il défendait sans restriction le droit d’asile. « Je crois en notre droit d’asile, mais il est détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui le manipulent. Si nous ne le regardons pas en face, nous le subirons. Cela donne quoi ? Des quartiers où le nombre de mineurs non accompagnés explose », a-t-il averti, selon un participant.
« Parti bourgeois »
Selon lui, « la question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas. Les bourgeois n’ont pas de problème avec cela : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec », a-t-il souligné.
« La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite. On est comme les trois petits singes : on ne veut pas regarder ».
« Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain : c’est le Front national (devenu Rassemblement national, ndlr). Il faut confirmer cette opposition car ce sont les Français qui l’ont choisie. Il y a deux projets : celui du repli, faire peur, ou bâtir une solution ouverte, mais pas naïve », a-t-il conclu.
Il a par ailleurs appelé ses troupes à mieux expliquer et à prendre leur temps sur la réforme des retraites, sans pour autant reculer.
Il faudra « faire des choix. Nous aurons des discussions sur les professions pour qui il y a des régimes spéciaux », mais « peut-être faudra-t-il plus de temps. Il ne faut rien fermer, ne rien fermer trop tôt », a-t-il demandé.
Sur l’écologie, il a pointé des erreurs. « Nous n’avons pas réussi à fixer le cadre de référence ». Il a regretté de ne pas « avoir eu pour certains la fin du glyphosate dans les 3 ans » et jugé que la fin des centrales à charbon d’ici à 2022 « ce n’était pas assez rapide ».
Il a aussi rappelé la crise des gilets jaunes en appelant les élus à éviter un excès « d’arrogance », mais aussi que trop de « prudence qui conduit à l’immobilisme ».
« Nous sortons d’une crise politique sociale profonde. L’expression symptomatique d’un mal très profond qui est encore gros dans la société. Il faut être précautionneux », a-t-il répété. « Plusieurs catégories de la population restent nerveuses », a-t-il mis en garde.
Il a enfin appelé sa majorité à l’union, alors que les discussions sur les investitures aux municipales secouent les alliances, affirmant : « Ce qui est mortel en politique, c’est la division ».
« Quand certains disent que les Commissions nationales d’investiture sont illégitimes, ils oublient qu’ils en sont issus », a-t-il ajouté, une critique directe adressée à Cédric Villani, candidat dissident à Paris face à Benjamin Griveaux.
Visiblement mal à l’aise à sa sortie, l’intéressé a répondu à la presse qu’il était « déterminé à aller jusqu’au bout ».
Le chef de l’État a en revanche gratifié Richard Ferrand, mis en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, d’un « cher Richard, qu’on est tout particulièrement content de retrouver en ce moment ».
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