Elsa Di Meo : "Lutter contre l’extrême droite, c’est aussi lutter contre le gouvernement d’extrême droite de Mr Netanyahou"

Elsa Di Meo : "Lutter contre l’extrême droite, c’est aussi lutter contre le gouvernement d’extrême droite de Mr Netanyahou"

Poursuite de nos rencontres avec les candidats aux élections législatives pour les Français de l’étranger. Nous sommes avec Elsa Di Meo, candidate du Nouveau Front Populaire pour la 10e circonscription des Français de l’étranger. Installée en Afrique, à Yaoundé, Elsa Di Meo a rejoint le Parti Socialiste après une date importante, le 21 avril 2002. Aujourd’hui, elle brigue parmi les 12 candidats de cette circonscription le mandat de députée. 

Écouter l’interview de la candidate du Nouveau Front Populaire

« Ce sont des dizaines de crises qui traversent les 49 pays de notre circonscription. »

Q : Il ne reste que quelques jours d’ici le vote, notamment le vote électronique, comment pensez-vous vraiment pouvoir faire une campagne en si peu de temps ? 

En effet nous sommes face à une élection anticipée qui est précipitée, situation institutionnelle créée par le président de la République. On ne peut pas se satisfaire aujourd’hui de devoir dans des conditions extrêmement précipitées, mais aussi dans un contexte politique très tendu, demander aux Français et aux Françaises de l’étranger de se prononcer aussi rapidement. 

Je décolle dès aujourd’hui pour aller rencontrer nos compatriotes du Liban, de Madagascar et très probablement de l’île Maurice. Donc c’est un marathon qui commence pour moi aujourd’hui.

J’ai une équipe qui s’occupe, dans chaque pays d’organiser le vote des 30 juin et 7 juillet prochains, de convaincre sur notre candidature avec Anne-Claire Yaeesh. C’était important pour nous de montrer qu’en tant que Français de l’étranger, nous avons conscience que cette élection c’est un enjeu national fort, mais c’est aussi une élection qui doit servir aux Françaises et aux Français de l’étranger pour défendre leurs préoccupations. 

Il ne faut pas que cette élection précipitée passe sous le tapis les problématiques concrètes que nous rencontrons et c’est ça que je veux porter dans cette campagne. C’est une échéance qui est très importante pour notre pays et on ne peut pas en faire abstraction, des préoccupations des Français de l’étranger qui doivent être entendues à Paris et en France. 

Q : N’avez-vous pas le sentiment que cette campagne « express » prive les électeurs de véritables débats ?

Là où nous sommes privés de débats, c’est surtout sur nos préoccupations, parce que la campagne est confisquée par la situation créée par le président de la République. Je vais faire en sorte de donner l’occasion aux électeurs de la 10ème circonscription de se positionner sur un vrai choix de société. Voulons-nous demain ou non une assemblée nationale dirigée par l’extrême droite ? 

Chaque député va compter. 

Donc le premier message que je veux faire passer aux électeurs c’est que le vote utile, pour empêcher l’extrême droite d’être majoritaire à l’Assemblée nationale, c’est le vote, dans cette 10ème circonscription, pour le nouveau Front populaire, donc pour ma candidature avec ma suppléante Anne-Claire Yaeesh. 

Deuxième chose, vous avez raison, il ne faut pas se faire confisquer les problématiques sur lesquelles nous attendons un député. Dans la 10ème circonscription, nous avons vu à quel point nous étions inaudibles, peu représentés à l’Assemblée nationale depuis sept ans, nous avons vu à quel point la députée était absente d’un certain nombre de nos pays, d’un certain nombre de nos débats. Je reviendrai sur son bilan dans cette campagne. 

Je veux aussi dire aux Français de l’étranger, vous avez un vrai sujet devant vous pour vos préoccupations et pour défendre les sujets et les défis quotidiens que nous avons sur cette circonscription. Défi sur les services consulaires, défi sur l’accès au financement français. Je crois que vu de l’étranger, nous sommes encore plus conscients que les Français sont face à un choix de société.

Nous sommes à un moment crucial sur le choix de société qu’on veut pour la France, pour la France à l’étranger, et pour le rayonnement de la France. 

Q : Vous parlez des extrêmes et de ce choix de société. Dans votre circonscription, le Rassemblement national et le bloc de l’extrême droite dans son ensemble a fait un score. Parlez d’eux n’est-ce pas les faire évoluer auprès des électeurs ? 

Hélas, l’extrême droite n’a besoin de personne pour évoluer. C’est la première fois qu’on est confronté à des scores aussi importants. Donc ne nous y trompons pas, le danger est réel et le danger est partout. 

Ne nous y trompons pas non plus. Celui qui a posé, hélas, les termes du débat comme un défi face à l’extrême droite, c’est le Président de la République. Rien de l’obligeait à dissoudre, rien de l’obligeait à expliquer que le score du Front National ouvrait des élections nationales en France. 

On ne fait que répondre à ce défi.

Ce qui ressort de la responsabilité qu’a eue la gauche à s’unir, c’est que la course de vitesse aujourd’hui, elle est entamée entre un bloc d’extrême droite dure, dont il faut être clair sur ce qu’il raconte, sur son projet, sur les attaques sur la binationalité par exemple, et en face une union responsable d’un arc républicain très large qui veut empêcher cela. Nous devons nous unir et demain gouverner la France avec un programme de rupture à la Macronie. 

Q : Je le rappelais en introduction, vous vous êtes engagée au Parti Socialiste lors de la présidentielle de 2002. 

J’ai adhéré au Parti Socialiste au lendemain de l’accession de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. J’ai été très engagée à Fréjus, dans le Var, une des dix premières villes ayant basculé à l’extrême droite en 2014. Et nous avons vu, hélas, ce qu’était le Front National, le Rassemblement National aux Affaires. Nous avons vu ce bloc d’extrême droite casser, abîmer l’ensemble des services publics pour les plus vulnérables. 

Mon combat aujourd’hui, est de faire en sorte que la France ne bascule pas dans ce vote le 30 juin prochain et ne donne pas une majorité à l’extrême droite. 

Bien sûr, j’aurais préféré que l’ensemble des partis républicains apportent suffisamment de réponses et enraillent cette dynamique.

Q :  Je reviens sur justement cette notion de campagne express. On va être concret. Dans un premier temps, quelle serait la réforme pour les expatriés de façon générale, et pas uniquement sur votre circonscription, que vous vous engagez à porter ? 

Pendant sept ans, la députée sortante a fait zéro proposition de loi écrite. Ce qui veut dire zéro proposition de loi pour les Français de l’étranger. Ce n’est pas comme ça que l’on représente nos compatriotes de la 10ème circonscription des Français de l’étranger. 

La première loi que je m’engage à mener est celle du réengagement dans nos services consulaires et dans nos services à l’étranger. La contraction des moyens financiers pour nos services consulaires, c’est la casse pour nous de la proximité avec la France, de notre lien avec la France. J’entends par là les services consulaires, les services d’enseignement du français à l’étranger. Ce sont toutes ces composantes qui ont été totalement cassées par le désengagement financier et par la suppression du rayonnement de la France à travers ses services consulaires. 

Donc mon premier engagement, ce sera d’appeler à une loi qui permettra le réengagement financier sur ces sujets. 

Q : Et sur le plan local, pour la 10ème circonscription, quelle serait justement la première action en tant que député que vous souhaiteriez mener ?

La première action, doit être celle, en tant que député, de mettre en place un rythme de proximité avec nos concitoyens. Cette circonscription, c’est 49 pays et deux continents. Donc je m’engage d’abord à un rythme régulier de rencontres sur chacun de nos pays. On ne peut pas à la fois être absent de l’Assemblée nationale comme l’a été la députée sortante.

Le premier engagement que je prends devant vous c’est celui-là, celui d’être une députée présente sur l’ensemble de nos pays, deux fois par an, à votre rencontre. La deuxième chose, puisque vous m’interrogez sur les éléments concrets pour notre circonscription, nous avons 80% des centres médicaux sociaux français restants qui sont sur les pays de notre circonscription. C’est un enjeu considérable. Ce n’est pas juste un enjeu symbolique, c’est un enjeu pour les populations les plus vulnérables mais aussi pour pouvoir être, dans une situation de crise extrême dans nos pays, assurer d’avoir pour nos familles un accès à la santé et au service public de santé de qualité. 

Je m’engagerai dès mon élection pour que le service santé des Français de l’étranger soit à la hauteur. Ce sera ma première proposition, je m’engagerai dès mon élection pour les sujets d’accès à la santé.

Q : Vous êtes dans une circonscription qui vit sur le plan géopolitique des situations humanitaires extrêmement graves. Vous avez des Français sur ces zones-là. Qu’est-ce que vous avez à dire sur cette situation ? 

La situation est extrêmement grave et on voit bien avec la montée de la crise aujourd’hui et les déclarations du gouvernement israélien à quel point nos compatriotes sont inquiets. Ce sont des dizaines de crises qui traversent les 49 pays de notre circonscription. Vraiment, je veux dire d’abord tout mon soutien à nos compatriotes qui sont particulièrement inquiets au fur et à mesure qu’ils voient cette situation s’enflammer et s’embraser chaque jour un peu plus au Moyen-Orient. 

Je l’ai dit en rentrant en campagne et je veux le redire ici. Lutter contre l’extrême droite, c’est aussi lutter contre le gouvernement d’extrême droite de M. Netanyahou, qui est en train de piétiner le droit international, qui est en train de bafouer la dignité humaine et qu’il faut stopper dans l’ensemble de son embrasement de la région. Je crois que la France doit être audible, doit être vocable sur cette situation. On ne peut pas laisser les Français de l’étranger dans cette zone être chaque jour plus inquiets de la situation et avoir le sentiment que la France n’est pas à leurs côtés.

Q : Quel est le message que vous souhaitez aujourd’hui adresser à vos électeurs de la 10e circonscription ? 

Je suis engagée depuis plus de 20 ans dans le milieu associatif, dans le milieu syndical et dans le milieu politique. J’ai une expérience d’élu que je mettrai au service des Français de cette circonscription, une problématique des Français de l’étranger que je connais bien, puisque je suis moi-même Française de l’étranger depuis plus de dix ans, et j’ai envie de passer un message aux électeurs de cette dixième circonscription, ne vous y trompez pas, ici aussi il s’agit de répondre à deux enjeux. Empêcher l’extrême droite d’être majoritaire à l’Assemblée nationale en envoyant le plus de députés du 

Nouveau Front Populaire. Mais il s’agit aussi de ne pas se faire confisquer cette campagne et de porter la voix des Français de l’étranger à l’Assemblée nationale. Je serai cette députée, députée de proximité et députée engagée sur vos défis et vos challenges. 

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Les candidats de la 10ème circonscription dans l’ordre du tirage au sort

1. Mme MOJON-CHEMINADE Odile, remplaçant M. LAVERNHE Christophe;

2. M. LAMAH Lucas, remplaçant M. MOUSSALLEM Joseph;

3. Mme LAKRAFI Amélia, remplaçant M. MOUKARZEL Joseph;(députée sortante renaissance)

4. M. MARIE-LOUISE Hugues Michel, remplaçante Mme MORBY Nathalie Marie Betty;

5. Mme MABASI Marie Josée, remplaçante Mme MOUEFFEK Zahira;

 6. Mme DI MEO Elsa, remplaçante Mme YAEESH Anne-Claire;

7. M. CASTELLAN Philippe, remplaçant M. LOUVET Michel;

8. M. HOJEIJ Ali Camille, remplaçante Mme GORAYEB Sandra;

9. M. DE VERON Jean, remplaçante Mme FUSCO Anne-Sophie;

10. Mme LAGUI Julie, remplaçante Mme MONTHILLER Christelle;

11. Mme MAZOT Nathalie, remplaçant M. BELLOTTO Michel;

12. Mme LAROSE Sandra, remplaçant M. EBERHARDT Frédéric.

Auteur/Autrice

  • Catya Martin a eu plusieurs vies. Après une carrière dans le groupe Dassault, elle s'envole avec sa famille pour Hong-Kong où elle se pique pour le journalisme et l'expatriation. Elle y crée Trait d'Union et est élue Conseillère consulaire en 2014 et 2021. Elle a créé aussi La French Radio Hong-Kong, partenaire du site Lesfrancais.press

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