Depuis le premier jour de l’année 2023, la France est de nouveau exportatrice d’électricité vers le reste de l’Europe, après une année historique d’importations.
Mercredi (11 janvier) à 18h00, la France exportait environ 7000 mégawatts (MW) d’électricité vers ses voisins anglais, suisse, italien et espagnol. En réalité, depuis le 1er janvier, la France est de nouveau exportatrice nette d’électricité, et sans discontinuité — si ce n’est une importation nette de quelques dizaines de MW le 6 janvier dans la matinée.
Ainsi, depuis le début de l’année, « le solde net d’exportation d’électricité s’élève à 1,4 térawattheure (TWh) », a indiqué mardi (10 janvier) le gestionnaire de réseau RTE à l’Agence française de presse (AFP).
Les échanges transfrontaliers s’équilibrent
Selon les données de RTE, les exportations depuis le 1er janvier se dirigent en grande majorité vers l’Italie, la Suisse et l’Angleterre, tandis que les échanges, avec une tendance importatrice, se poursuivent avec l’Espagne.
Avec l’Allemagne et la Belgique, les échanges s’équilibrent. Fait notoire, RTE enregistre des exportations françaises sans discontinuité, si ce n’est une à la marge, entre le 6 et le 9 janvier. Une telle situation, sur trois jours, n’était pas arrivée depuis novembre 2021.
La sobriété et les bonnes performances de l’éolien
Plusieurs facteurs expliquent le retour à cette situation d’accoutumée normale pour la France.
D’abord, la sobriété roule à plein régime. Sans prendre en compte les écarts de températures anormalement hauts de ce mois de janvier (jusqu’à +9,2°C par rapport aux moyennes de janvier entre 2014 et 2019), RTE note que la consommation d’électricité est en baisse d’environ 9% sur la première semaine de janvier, par rapport à la moyenne de la première semaine de 2014 à 2019. La baisse atteint plus de 8% en moyenne sur les quatre dernières semaines.
Tous les secteurs sont concernés, de l’industrie au tertiaire, en passant par le résidentiel, complète RTE.
À cela s’ajoutent les bonnes performances du parc éolien, dont la production a atteint, en moyenne, plus de 15% de la production totale du parc électrique français entre le 3 et le 10 janvier, selon les calculs de franceinfo basés sur les données de RTE.
Retour des réacteurs nucléaires
Aussi et surtout, la France doit son salut à la remise en route de plusieurs réacteurs nucléaires.
Le pays compte désormais 44 réacteurs en fonctionnement sur les 56 que compte son parc, soit une disponibilité de l’ordre de 73,4%, selon l’agrégateur — non-officiel — de données de RTE, energygraph.info.
Avec 44,1 GW de capacité en fonctionnement, la France se rapproche de l’objectif de 45 GW de disponibilité qu’elle s’est fixé pour la mi-janvier.
Dans le même temps, les pointes d’émissions de dioxyde de carbone (exprimées en gCO2eq/kWh) du parc électrique français sont passées d’un pic de 114 gCO2eq/kWh au 2 décembre 2022 à un pic de 51 gCO2eq/kWh le 5 janvier.
Fin relative des importations ?
Au départ, le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, pariait pourtant sur un hiver d’importation nette historique pour la France, dans la même tendance que pour l’année 2022. Une situation qui, d’ailleurs, n’était pas arrivée depuis 42 ans, rappelle l’AFP.
Quoi qu’il en soit, Nicolas Goldberg, senior manager énergies chez Colombus Consulting, appelait à la prudence dans les colonnes de l’AFP. « Tout cela peut se retourner assez vite, si en février il y a un coup de froid et peu de vent », désenchante-t-il.
D’autant qu’EDF, gestionnaire du parc nucléaire, annonçait le 16 décembre 2022 qu’elle procéderait à des maintenances anticorrosions sous contraintes sur encore six réacteurs courant 2023.
N’en reste pas moins que la France redevient donc premier exportateur d’électricité d’Europe, après s’être fait ravir la première place par la Suède — l’Allemagne juste derrière — sur l’ensemble du premier semestre 2022.
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