Elections Consulaires 2020 : Frédéric Petit répond, malgré sa quarantaine volontaire, pour la majorité présidentielle à nos questions

Elections Consulaires 2020 : Frédéric Petit répond, malgré sa quarantaine volontaire, pour la majorité présidentielle à nos questions

A 9 semaines des élections consulaires, la rédaction du site Lesfrancais.press finalise sa série de rencontres avec les élus représentant les Français de l’Etranger. Députés, Sénateurs, mais aussi ceux que vous, électeurs inscrits sur la liste électorale consulaire, allez renouveler le 17 Mai : les conseillers des Français de l’étranger .

En charge localement d’animer et de gérer la vie commune des expatriés français, ils vont aussi élire parmi eux les Conseillers de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE). Informant et conseillant le gouvernement, ils sont vos relais à Paris.

Après le format avec le président du Groupe d’Union de la Gauche à l’AFE, Mehdi Benlahcen, suivi d’Alexandre Château Ducos, Conseiller élu à l’AFE et Co-secrétaire EELV  (Europe Ecologie Les Verts) de la région Hors de France, nous avons reçu ce dimanche 01 Mars 2020 Meyer Habib – Député des Français de l’Etranger suivi de Florence Poznanski , conseillère des Français du Brésil, pour la France Insoumise. Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir l’analyse des actions menées depuis 2017 par Frédéric Petit, député de la circonscription d’Europe Centrale (Modem/Majorité présidentielle). Nous conclurons cette série avec la sénatrice Les Républicains Joelle Garriaud-Maylam dans les tous prochains jours. 

 

Lesfrancais.press : Après une phase d’accroissement inédite de la communauté des Français de l’étranger au cours des années 2010, le phénomène s’est tassé depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Dans certains pays, un reflux s’est même amorcé. Comment expliquez-vous cette évolution et quelles perspectives anticipez-vous pour notre communauté ?

Frédéric Petit : Peut-être que rester en France devient de plus en plus attractif, notamment en raison de l’amélioration de la situation économique intérieure, grâce à l’action du gouvernement qui commence à porter ses fruits ?

Je pense surtout que les itinéraires personnels de nos concitoyens sont de plus en plus marqués par la mobilité, la volonté de changer d’environnement, de créer ailleurs, et cela est valable pour toutes les générations et tous les profils : jeunes à la recherche de leur premier emploi, séniors qui veulent transmettre ou tester leurs convictions, fonctionnaires en disponibilité, engagements dans des ONG, etc. Cette population n’a pas immédiatement le réflexe de l’enregistrement stable sur les listes consulaires.

Lesfrancais.press : Une « diaspora » qui réussit, n’est-ce pas l’effilement du lien avec la France ? Mais avec nous, FdE, qui par essence, avons peu d’attitudes communautaires, comment entretenir une « envie de France » ?

Comme le dit avec justesse le président de la Répubique, les Français sont aussi un peuple d’innovateurs, de bâtisseurs, de gens qui osent. « Entrepreneur » est bien un mot français.

Frédéric Petit : Au contraire, il me semble qu’une diaspora qui réussit ne peut que renforcer et faciliter le lien entre la France et le pays d’accueil. Chaque citoyen français à l’étranger est un ambassadeur de la France, un représentant de son pays.

Je fais tout pour aider les Français à réussir, où qu’ils soient, à entreprendre, à initier des projets, qu’ils soient économiques, sociaux, culturels, éducatifs. Il y en a beaucoup, nous sommes riches d’idées et de projets, et je me réjouis que nous ayons transformé la réserve parlementaire en fonds STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français établis à l’Etranger). Comme le dit avec justesse le président de la Répubique, les Français sont aussi un peuple d’innovateurs, de bâtisseurs, de gens qui osent. « Entrepreneur » est bien un mot français.

Loin de l’image caricaturale de Français dits « de l’étranger privilégiés », bénéficiant de hauts salaires, pour qui tout est facile et qui voyagent à l’étranger pour faire des affaires, j’ai toujours eu à cœur de rappeler que la majorité des électeurs français établis à l’étranger sont des hommes et des femmes qui ont fait le choix de s’établir dans un autre pays depuis de nombreuses années, comme moi, souvent pour des raisons de choix de vie personnels. Et, beaucoup ne sont pas dans des situations privilégiées, loin s’en faut…

Ces Français ont en revanche, développé de précieuses qualité d’autonomie, de plurilinguisme, d’adaptation et d’ouverture culturelle qu’il est important de reconnaître, et qui sont particulièrement utiles à la nation et à notre réflexion collective sur l’avenir du pays. Beaucoup sont également binationaux et portent dans l’intimité de leur personne ces confrontations : ils sont bien évidemment une richesse pour notre pays.

Notre réseau d’enseignement, unique au monde, est un autre atout majeur de la présence française à l’étranger. L’effort d’investissement de notre pays dans l’éducation à l’étranger est symbolique des valeurs que porte la France dans le monde, de l’importance que nous accordons à la culture et au développement de la personne humaine. Le soutien à l’enseignement français à l’étranger est d’ailleurs l’une des lignes directrices de mon mandat.

Lesfrancais.press : Concernant les élections consulaires qui approchent à grand pas, êtes-vous confiant pour les listes de la majorité présidentielle dans votre circonscription ? Allez-vous participer à la campagne ? Et êtes-vous inquiet concernant un des enjeux de la campagne : la participation ?

J’espère que la participation sera en hausse le 17 mai, et j’encourage depuis déjà plusieurs semaines mes concitoyens à se saisir de cette occasion pour s’exprimer.

Frédéric Petit : L’enjeu principal est d’augmenter le taux de participation et je me réjouis de la possibilité de voter en ligne en mai prochain grâce au ministère de l’Europe et des affaires étrangères qui a rendu cette modalité de vote possible cette année.

Cette question de la participation des citoyens au débat public, dans ce que j’appelle les confrontations fraternelles, est également au cœur de mon mandat. La participation aux élections, si elle augmente, sera le signe que cette citoyenneté progresse au quotidien, et que les élections démocratiques en sont le signe : contrairement à ce que pensent certains partisans de la « démocratie directe permanente », nous ne sommes pas sensés « voter de temps en temps en abandonnant notre pouvoir de citoyen entre deux élections à des privilégiés ». Bien au contraire, les élections tous les cinq ou six ans ne viennent que conforter et rythmer le rôle éminent du citoyen au quotidien.

J’espère que la participation sera en hausse le 17 mai, et j’encourage depuis déjà plusieurs semaines mes concitoyens à se saisir de cette occasion pour s’exprimer.

Je ne souhaite pas participer directement à la campagne, qui est principalement centrée sur des enjeux locaux. D’ailleurs, je m’entends très bien et travaille régulièrement avec les 36 conseillers de ma circonscription, quelles que soient leurs options politiques. Mais, je ne fais pas pour autant mystère de mon appartenance au Modem (nous avons des sortants et des candidats), ni de mon soutien à la majorité gouvernementale, comme je le fais depuis le début du mandat, ni plus, ni moins.

Lesfrancais.press : Au cœur des préoccupations des Français transfrontaliers, dont notamment ceux de votre circonscription, la réforme de la fiscalité ! En effet, certains transfrontaliers seront particulièrement impactés par la réforme ? Le moratoire est-il la solution et pouvez-vous nous expliquer la méthodologie adoptée pour le rapport d’étude ?

Frédéric Petit : Un moratoire n’est jamais une solution, c’est un moyen de construire.

Je travaille en ce moment sur une quarantaine de cas concrets qui constituaient un angle mort de la réforme, effectivement surtout dans des situations de « transfrontaliers au quotidien ». Nous proposerons au gouvernement des pistes pour adapter la réforme ; les principes en sont bons, qui tendent à rendre comparables les règles de la fiscalité des revenus français (seuls concernés, on l’oublie trop souvent), que l’on soit d’un côté ou l’autre de la frontière. Cette réforme encourage également la transparence, et je crois que c’est un atout pour éviter les amalgames sur les Français à l’étranger que certains qualifient à tort d’‘éviteurs’ d’impôt…

Lesfrancais.press : Parlons de votre circonscription. Elle est relativement large, mais surtout elle est très diverse avec de nombreux pays avec des problématiques totalement différentes. Comment aborder vous votre rôle de député, quelle est votre façon de rencontrer les Français de la circonscription et d’entendre leurs revendications ?

Frédéric Petit : Ma circonscription comporte 16 pays européens, ce qui est une taille moyenne pour les circonscriptions de l’étranger. Je l’appelle parfois la circonscription du « cœur de l’Europe ». Elle comporte des pays germaniques (Allemagne, Autriche), des pays d’Europe centrale (Pologne, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie) et des pays des Balkans (Bulgarie, Serbie, Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Macédoine du Nord, Kosovo, Monténégro).

Contrairement à une idée reçue, il y a une grande unité autour de la construction de l’Union européenne, entre le couple fondateur, les entrants de 2004, et les futurs adhérents…

Je me déplace souvent et circule dans tous les pays de ma circonscription, ce qui demande une bonne organisation, mais j’ai la chance de ne jamais me retrouver à plus d’une ou deux heures de vol de Paris (lorsque je ne prends pas le train depuis l’Allemagne), ce qui est tout à fait raisonnable.

Je m’efforce de rencontrer mes concitoyens aussi souvent que possible, sans pour autant délaisser le travail parlementaire. Mon agenda est d’ailleurs accessible en ligne. Outre les réunions publiques habituelles, j’organise chaque année depuis le début de mon mandat, un cycle d’ateliers de réflexion citoyenne. Je prévois à chaque fois, une dizaine de dates dans une demi-douzaine de pays et les différentes régions d’Allemagne. En 2017-2018, nos séminaires citoyens étaient consacrés au budget de l’Etat, en 2018-2019, à l’Europe (en partenariat avec des responsables politiques locaux), et en 2019-2020, nous avons choisi le thème de la transition écologique et associer les jeunes générations, particulièrement engagées sur le sujet du climat. De plus, nous avons mené l’an dernier 16 rencontres du Grand débat national dans douze pays (les comptes-rendus sont disponibles sur mon site Internet).

J’utilise bien entendu les moyens modernes de communication à distance : tout citoyen peut m’écrire par email et suivre mon action sur les réseaux sociaux, sur mon site Internet ou en s’abonnant à ma lettre d’information. Tous les emails sont traités et pris en compte pour une réponse sur le fond (par exemple sur un sujet de réforme en cours ou de loi en discussion à l’Assemblée nationale) ou un renvoi aux autorités compétentes (notamment pour des questions qui dépendent des consulats).

Je suis également très engagé dans le travail interparlementaire.

En tant que membre de la commission des affaires étrangères, de l’assemblée parlementaire de l’OSCE et de nombreux groupes d’amitié parlementaires, je considère que j’ai également un rôle institutionnel à jouer dans la diplomatie parlementaire et la facilitation des échanges entre les différents pays de ma circonscription. En novembre 2019, j’ai par exemple célébré les 30 ans de la chute du rideau de fer en invitant à l’Assemblée nationale des parlementaires de l’ensemble des pays de ma circonscription, pour échanger sur ce qui nous rapproche, au-delà de nos différences politiques.

Compte tenu de ma position au cœur de l’Europe, je suis sans doute plus sensible que la plupart de mes collègues à l’importance du projet européen pour notre avenir à tous. J’ai une conscience aigue du rôle fondamental que doit jouer le couple franco-allemand et de la coopération transfrontalière, des opportunités sous-utilisées du triangle de Weimar et de notre relation avec la Pologne, du dynamisme de la francophonie roumaine, de l’intérêt du groupe de Visegrad et de l’importance du renforcement de la présence française et européenne dans les Balkans.

 

Lesfrancais.press : Une des problématiques des Français de l’étranger qui se retrouve partout est celle de l’éducation. Le Président est en la matière très ambitieux avec une volonté de doubler le réseau des lycées français. Certains, notamment parmi les syndicats, sont extrêmement sceptiques et voient en ceci une volonté de privatiser une partie importante du réseau. Etes-vous d’accord avec cette analyse ? Quelle est votre vision de l’avenir du réseau ? Quel rôle pourraient jouer les élus consulaires ?

Frédéric Petit :

C’est un beau projet et je crois que notre réseau d’enseignement français à l’étranger sera à la hauteur de cette ambition.

Nous pouvons être fier de la « puissance éducative » de notre pays. Quel autre Etat au monde investit un demi-milliard d’euros chaque année pour soutenir et développer un réseau de plus de 500 établissements qui accueillent 360 000 élèves dans 137 pays ? Et je ne parle pas de la relance du Partenariat mondial de l’éducation en 2018…

Là encore, le soutien de la communauté française, des parents-financeurs, des parents-décideurs, des citoyens engagés, est un levier déterminant. Ceux-ci jouent un rôle décisif dans la direction des établissements conventionnés et partenaires. J’aime à dire que ce sont des « héros » de la République.

Au sein du réseau de l’AEFE, nous avons une grande majorité d’établissements conventionnés et partenaires, gérés par les parents d’élèves, et une minorité d’établissements gérés directement par l’Etat. Je pense que c’est un modèle mixte qui a fait ses preuves et qu’il est important de valoriser.

En tant que rapporteur sur l’AEFE et sur le budget du programme budgétaire de la diplomatie culturelle et d’influence, je sais qu’il y a des débats. Je ne les fuis pas. Au contraire, je rencontre systématiquement, lors de mes visites à l’étranger, les lycées français, la direction, les parents d’élèves et le conseil d’administration, mais aussi les syndicats et représentants du personnel. Je crois à l’importance du dialogue et au respect mutuel dans nos désaccords. Je rejoins pleinement les syndicats des enseignants français à l’étranger pour défendre l’AEFE, son budget, son modèle de fonctionnement et ses valeurs. Je m’éloigne de leurs positions lorsqu’ils répandent parfois des rumeurs infondées et des contre-vérités dans des buts électoraux, ce qui a pu se produire lors de certaines élections internes aux établissements. Il est faux de dire que nous voulons « privatiser » l’enseignement français à l’étranger, qui est déjà largement géré par des acteurs privés et citoyens, en partenariat avec l’AEFE. Cela n’aurait d’ailleurs aucun sens, et je ne suis pas partisan du modèle anglo-saxon, dans lequel les frais d’écolages sont bien plus élevés. Oui, nous voulons agir main dans la main avec l’AEFE pour trouver des solutions lorsque des problèmes se posent et continuer à développer le réseau. Non, l’objectif de doublement n’est pas irréaliste. Oui, enfin, je suis convaincu qu’il est important d’essayer de négocier avec les autorités locales et de respecter les lois du pays d’accueil, pour créer des partenariats gagnants-gagnants avec une double reconnaissance de la formation par la France et par le pays d’accueil.

Les élus consulaires sont déjà membres des conseils d’administration des lycées conventionnés à titre consultatif et c’est une excellente chose. Ils jouent un rôle important dans l’attribution des bourses. Ils savent aussi mobiliser leur expérience et leur réseau pour promouvoir de nouveaux projets éducatifs francophones en dehors des grandes capitales et des structures déjà existantes. Ils devront être associés de façon systématique aux « Plans Ecole » que chaque poste diplomatique est appelé à construire dans chaque pays. C’est un exemple de la vocation citoyenne de leur rôle d’élus à l’étranger.

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