La République tchèque introduit des contrôles aléatoires à sa frontière avec la Slovaquie. Cependant, ce n’est pas le nombre de migrants qui est à l’origine de cette décision, mais plutôt la décision du gouvernement polonais, qui a déclenché un effet domino dans la région de l’Europe centrale.
Le gouvernement tchèque a annoncé mardi (3 octobre) l’introduction de contrôles à la frontière avec la Slovaquie, après avoir communiqué avec ses homologues polonais.
« La Pologne nous a informés lundi […] que des contrôles à la frontière slovaco-polonaise seraient mis en place dans la nuit de mardi à mercredi. Nous devions réagir de manière opérationnelle dans la journée de mardi. Sinon, tous les flux migratoires illégaux se déplaceraient logiquement vers la République tchèque », a déclaré le ministre tchèque de l’Intérieur, Vít Rakušan (STAN, non affilié), à la télévision tchèque.
Alors que le Premier ministre tchèque Petr Fiala (ODS/CRE) a cité le nombre de migrants comme raison des contrôles, le ministre de l’Intérieur a donné une explication différente.
Selon M. Rakušan, le nombre actuel d’immigrés clandestins venant de Slovaquie en République tchèque est nettement inférieur à celui de l’année précédente, et il n’est donc pas nécessaire d’adopter une approche plus stricte.
« Toutefois, dès lors que la Pologne accepte une telle mesure [contrôles frontaliers], nous devons coopérer avec la Pologne et l’Autriche pour maintenir la stabilité dans la région et protéger les citoyens de l’immigration illégale », a expliqué M. Rakušan.
La décision de l’Autriche d’introduire des contrôles avec la Slovaquie est intervenue peu de temps après celle de la République tchèque.
La République tchèque applique des contrôles temporaires à la frontière avec la Slovaquie. [EPA-EFE/MARTIN DIVISEK]
« Nous agissons ainsi parce que nous savons, par expérience, que les passeurs réagissent très rapidement à ces contrôles et changent d’itinéraire », a déclaré Gerhard Karner, ministre autrichien de l’Intérieur, dans un communiqué de presse. « Nous lutterons avec la plus grande véhémence pour que les itinéraires alternatifs passent par l’Autriche », a-t-il ajouté.
Les mesures seront en place pendant les dix prochains jours et ont été « étroitement coordonnées » avec la Pologne et la République tchèque, a déclaré le ministre autrichien.
Les trois pays mettront en place de nouveaux contrôles à partir de mercredi (4 octobre), au grand dam du gouvernement slovaque.
« La migration nécessite une solution européenne pour les frontières extérieures », a déclaré le Premier ministre slovaque Ľudovít Ódor dans un communiqué. « Si un pays commence à surveiller davantage ses frontières, cela entraînera un effet de cascade que nous paierons tous, et le résultat ne sera pas très clair », a-t-il averti.
Le ministre tchèque de l’Intérieur, également favorable à une solution européenne, a lancé un avertissement similaire.
« Il s’avère que si nous ne disposons pas d’un cadre migratoire à l’échelle européenne, d’une politique de retour, d’une frontière extérieure protégée, d’une politique d’asile, autant d’éléments que le nouveau pacte migratoire est censé inclure, il est remplacé par une coopération régionale, et nous nous privons du principal privilège de l’UE, l’espace Schengen », a déclaré le ministre tchèque de l’Intérieur, M. Rakušan.
Le nouveau pacte européen sur les migrations continue d’être discuté au plus haut niveau européen. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a annoncé qu’il souhaitait opposer son veto à l’approbation de la nouvelle politique migratoire de l’UE lors du Conseil européen informel de cette semaine.
Les élections polonaises auront lieu le 15 octobre, et la protection de la Pologne contre l’immigration est l’un des principaux thèmes de la campagne.