Éducation et prospérité : la France en panne 

Éducation et prospérité : la France en panne 

Les Français de l’étranger, et en particulier ceux qui ont grandi en France, ont été éduqués avec l’image d’une nation, référence en matière de formation intellectuelle. Mais depuis 20 ans, la situation a bien évolué. Et alors que le lien entre l’éducation et la prospérité est de plus en plus évident, la France est en panne.

En effet, tandis que le niveau d’études progresse rapidement en Asie, en Amérique du Nord ou au Moyen-Orient, l’Hexagone peine à suivre le rythme imposé par une mondialisation fondée sur l’innovation. Les dernières données sur la population la plus éduquée révèlent un basculement profond de l’équilibre éducatif mondial, où les anciennes puissances ne dominent plus les classements.

L’éducation, un moteur de croissance

Loin d’être un simple indicateur culturel, le niveau d’instruction d’un pays est devenu un levier central de sa compétitivité. Les nations qui investissent dans l’enseignement supérieur récoltent aujourd’hui les fruits d’une stratégie à long terme. Elles forment une main-d’œuvre plus qualifiée, plus adaptable, capable de porter l’innovation dans tous les secteurs.

Le rapport Global Tech Talent Guidebook 2025 publié par CBRE montre que les pays ayant les meilleures performances éducatives sont aussi ceux qui attirent les entreprises les plus innovantes. En Asie, en Amérique du Nord comme en Europe, les métropoles dotées d’un écosystème universitaire solide, d’instituts de recherche reconnus et d’un accès massif à l’enseignement supérieur deviennent des pôles de croissance incontournables.

Le lien entre éducation et prospérité se vérifie concrètement. En Irlande, plus de 52% des adultes sont diplômés du supérieur. Ce niveau d’instruction soutient la croissance, notamment dans le numérique et les services. À Singapour ou en Suisse, la même logique s’applique. L’excellence académique y renforce l’économie et attire les talents du monde entier.

Irlande, Suisse, Singapour

Comme nous l’évoquions plus haut, le classement des pays ayant le plus de diplômés a été totalement bouleversé depuis les années 90. Pendant longtemps, les pays historiquement industrialisés occupaient le haut du classement en matière d’éducation. Ce n’est plus le cas. En 2023, la France se place bien en dessous du top 20 mondial, avec seulement 28,1% de sa population adulte détenant un diplôme de niveau licence ou supérieur. En comparaison, des pays comme la Corée du Sud, Israël ou encore les Pays-Bas dépassent allègrement les 39%. Au dernier classement, c’est l’Irlande, la Suisse et Singapour qui s’imposent sur le podium.

Et même les États-Unis, souvent critiqués pour le prix de leurs études, comptent plus de 78 millions de diplômés. Malgré un taux de 14,2%, l’Inde dépasse la France en chiffres absolus. Sa population massive lui permet d’atteindre près de 140 millions de diplômés. Ce réservoir humain alimente aujourd’hui les besoins croissants des géants de la tech.

Centre technologique en Inde
Centre technologique en Inde

Ce changement dans la carte mondiale de l’éducation n’est pas un hasard. Partout où des investissements ciblés ont été faits, des pôles d’excellence ont vu le jour. Cette évolution montre qu’avec une stratégie claire, il est possible de hisser un pays au sommet. Les villes comme Bengaluru, Shanghai, Toronto ou encore Tel Aviv concentrent désormais les talents de demain. Elles offrent un environnement académique de qualité et des opportunités de carrière dans des secteurs à forte valeur ajoutée comme l’intelligence artificielle, les biotechnologies ou la cybersécurité.

Le modèle français dépassé

La France semble enfermée dans un modèle qui peine à répondre aux nouveaux défis. Le nombre de diplômés stagne, alors même que la demande pour des profils hautement qualifiés explose dans tous les secteurs d’activité et ce alors qu’elle ne manque pas ni d’universités, ni d’histoire intellectuelle, ni d’ambition en matière de formation.

Mais Le système reste très sélectif, avec des inégalités d’accès persistantes selon les origines sociales ou géographiques. La complexité de certaines filières, le manque d’accompagnement des étudiants et les tensions autour des plateformes d’orientation comme Parcoursup contribuent à un décrochage précoce.

Parcoursup
Parcoursup

De plus, l’offre universitaire française peine à s’adapter aux besoins réels du marché du travail et à attirer les étudiants étrangers dans les mêmes proportions que ses voisins. Selon le rapport CBRE relayé par JVTECH, la France se maintient donc difficilement dans la course à la population la plus éduquée. Ce décalage freine l’intérêt des entreprises du numérique, qui visent les pays aux talents déjà formés. Elles privilégient les régions où la main-d’œuvre qualifiée est abondante et immédiatement disponible. Certains pôles français, comme Paris ou Lyon, conservent une attractivité réelle.

Mais face à la montée d’autres capitales du savoir, leur poids recule lentement et cela se transcrit sur le nombre d’élèves non-résidents qui chute d’année en année.

Auteur/Autrice

  • Paul Herikso est franco-norvégien né à Paris d'une maman française et d'un papa norvégien. Après des études de tourisme, il retrouva sa famille paternelle en Norvège où il participa au développement des croisières. Il est aussi correspondant pour lesfrancais.press

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