Moufide Bouchibi, PA7, les Français qui veulent échapper à la justice semblent se concentrer dans ce petit émirat, Dubaï. Pourquoi ? C’est ce que nous avons voulu savoir…
Complaisance des autorités
En 2017 les Dubaï Papers avaient révélé la mise en place d’un système de paradis fiscal à Dubaï, contre lequel Abu Dhabi s’érigera un temps en s’appuyant notamment sur le secteur militaire et l’énergétique pour sécuriser son économie et non le blanchiment. Mais la contagion a gagné toute la confédération. L’homme tout puissant des EAU, Mohamed Ben Zayed semble couvrir des scandales d’Etat de l’étranger et accueille des fonds de tout ordre, en fermant les yeux sur leur provenance et sur leurs origines.
En mai 2018, le deuxième volet des Dubaï papers avait secoué à nouveau la ville et révélait, cette fois, l’existence sans scrupules d’années de pratiques financières douteuses. Une certaine société domiciliée à Dubaï, du nom de Hélin, dirigée par un franco-belge du nom de Henry de Croÿ, était gestionnaire de fortune pour plus de 200 sociétés de par le monde et de personnalités de très haut niveau. On découvrira l’existence de dizaines de milliers de comptes cachés depuis des années pour des clients parmi les plus fortunés au monde (footballeurs, comme Nicolas Anelka, oligarques russes notamment) afin de leur offrir une optimisation fiscale unique, ce que certains présentent plus élégamment comme de l’ingénierie de l’opacité. Des intermédiaires, parmi lesquels des avocats, des experts-comptables, banquiers, notaires, joueront le rôle de passerelles entre Hélin et ses clients.
Le blanchiment au coeur de la mécanique
Depuis, un nouveau tribunal a été mis en place à Dubaï pour lutter contre les crimes financiers. Le tribunal fonctionne au sein du tribunal de première instance et de la cour d’appel. Il se concentre sur la lutte contre le blanchiment d’argent. Il vise à accroître encore la compétitivité mondiale des Émirats arabes unis et de Dubaï en renforçant la justice et la transparence. Depuis les Emirats Unis se sont engagés sur une voie plus consensuelle.
Coopération en développement
En effet, aucun agent des stups n’était sur place lors de l’arrestation dans l’émirat de Moufide Bouchibi, le plus gros trafiquant de drogue français, celle-ci marque toutefois une notable amélioration de la coopération policière avec la France. Lors de l’affaire qui fût révélée en début de semaine, les autorités furent plus réactives. Le jeune homme avait été discrètement expulsé le 25 août par les autorités dubaïotes puis mis en examen le lendemain à Paris pour « escroquerie en bande organisée » et « blanchiment aggravé ». Il est soupçonné d’avoir détourné, selon des estimations encore très partielles, au moins 5,8 millions d’euros d’aides d’État liées à la pandémie de Covid-19 grâce à un montage audacieux et sa petite notoriété sur Internet.
Un mal nécéssaire ?
Mais Dubaï, c’est aussi l’eldorado des oubliés et des exclus de la mondialisation : des forêts africaines aux steppes d’Asie centrale, nombreux sont les pays enclavés, encerclés, sous embargo comme l’Iran, en proie à des régimes politiques ou à des systèmes économiques qui les étranglent, quand ce n’est pas à l’incompétence, à la corruption et au manque d’infrastructures modernes de transport et de communication. Pour eux, c’est de Dubaï que parviennent les biens de consommation, c’est par Dubaï que l’on accède au monde, alors que se ferment tous les autres réseaux, ceux des anciennes métropoles coloniales ou de l’ex-URSS et que l’Amérique hostile et honnie rejette dans les limbes les périphéries maléfiques de la planète. Dubaï est le supermarché des pauvres, individus mais aussi États, d’Asie et d’Afrique.
Laisser un commentaire