DU RIFIFI DANS LA PLUS ANCIENNE COMMUNAUTÉ DE FRANÇAIS EXPATRIÉS

DU RIFIFI DANS LA PLUS ANCIENNE COMMUNAUTÉ DE FRANÇAIS EXPATRIÉS

Imaginez le cadre : La villa Médicis, un  superbe palais situé sur le mont Pincio à Rome. Depuis 1803 s’y trouve l’Académie de France à Rome .  C’était l’époque du Royaume d’Etrurie !

Jeudi 6 septembre , l’actuelle directrice de la Villa Médicis, la comédienne Muriel Mayette-Holtz , a informé son équipe qu’elle ne serait pas reconduite à la tête de l’Académie. Elle l’aurait appris deux jours plus tôt par la ministre de la culture, Françoise Nyssen. Son mandat prend fin mi septembre. Pour Muriel Mayette-Holtz, le coup est rude : dans l’histoire – pourtant mouvementée – de la Villa, c’est la première fois qu’un directeur n’est pas reconduit au terme de son premier mandat.

Françoise Nyssen a mis les formes. Dans un communiqué le Ministère de la Culture a voulu « remercier » Mme Mayette-Holtz en souligant que depuis 2015 elle et ses équipes « ont cherché à ouvrir davantage la programmation culturelle de l’Académie de France à Rome à la diversité des expressions artistiques » et « veillé tout particulièrement à valoriser le travail d’artistes femmes »

 

Muriel  Mayette-Holtz

Fondée en 1666 par Colbert, l’Académie de France à Rome est une très vénérable institution.  Quasiment aussi âgée  que celle voulue à Paris par le Cardinal de Richelieu,  elle a pour mission d’accueillir  des artistes et des chercheurs pour leur permettre de poursuivre leurs travaux, études et recherches. La liste de ses illustres pensionnaires est prestigieuse : Ingres, Berlioz, Carpeaux, Debussy, Garnier etc…   Plus récemment elle a hébergé de nombreux artistes et historiens de l’art aujourd’hui reconnus au niveau international : François Rouan, Élisabeth Ballet, Ange Leccia, Patrick Faigenbaum, Marie NDiaye, Pascal Dusapin, Hervé Guibert, Xavier Beauvois, Yan-Pei Ming, Valérie Mréjen, Philippe Rahm, Bruno Mantovani, Yannick Haenel, Malik Mezzadri.

Dans son livre sur le Cardinal de Bernis – ambassadeur dans la ville éternelle de 1774 à 1794- Jean- Marie Rouart raconte combien les pensionnaires  étaient turbulents et protestataires  en ce XVIIIème siècle si calme à Rome.   250 années plus tard leurs dignes successeurs  ne sont pas moins revendicatifs !

C’est que les relation entre la directrice et ses pensionnaires ne sont pas bonnes.  Au début de l’été  dix des quinze résidents  2017 ont signé une lettre de complainte adressée au Ministre de la Culture. Y figurent l’écrivain Boris Bergmann, l’historien de l’art Maxime Guitton, le plasticien Eric Baudelaire ou  la peintre Giulia Andreani .  (Cette dernière serait-elle de la famille de l’ancien ambassadeur de France à Rome  et de l’actuelle ambassadrice de France en Hongrie? ) Les jeunes protestataires dressent une impressionnante liste de griefs.   « Le travail des pensionnaires a été relégué en arrière plan » pour des « privatisations pour des mariages » écrivent -ils…  S’ils reconnaissent la nécessité de chercher de l’argent et  des mécènes, ils raillent le fait que leur directrice  » privatise le parvis de la  Villa  » et mette « en scène son époux dans l’un des rôles titres du jeu de l’amour et du hasard de Marivaux ».  Enfin ils reprochent à Madame Mayette  des programmations pour vouloir « surprendre les rombières romaines ».

Bref, la plus ancienne communauté de Français établis hors de France a fait une vraie  révolution et obtenu de Paris la tête de sa très influente directrice.    

La Révolution est En Marche.

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Malgré les mutins tout réussira.
Nos ennemis confus en restent là
Et nous allons chanter « Alléluia ! »

La Rédaction,

 

Le 11/10/2018

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