Donald Trump a engagé son second mandat, tonitruant, en multipliant les annonces spectaculaires sur les droits de douane, l’immigration, les revendications territoriales, l’environnement, l’Europe, l’Ukraine, la bande de Gaza, etc.. Quitte à en démentir certaines quelques heures ou jours plus tard. Cette politique, ou cette non-politique, génère un climat d’incertitude susceptible de peser sur l’économie américaine.
L’incertitude accrue sur les politiques économique, climatique et étrangère des États-Unis pourrait décourager l’investissement des entreprises. Les investisseurs surréagissent en cas d’inquiétude quant à l’évolution du chiffre d’affaires et des bénéfices des entreprises. L’investissement non résidentiel qui était au plus haut en 2024, atteignant 14 % du PIB, connaît un effritement depuis trois mois.
Le contexte économique instable aux États-Unis pèse également sur les décisions des chefs d’entreprise des pays alliés. L’investissement est en baisse depuis le milieu de l’année dernière au Canada, en zone euro ainsi qu’au Mexique. L’incertitude accrue pourrait se traduire par un recul des indices boursiers, avec une hausse de la prime de risque due à une prévision de baisse des profits futurs.
« L’indice de la peur » remonte
L’indice VIX, aussi appelé « indice de la peur », oscille aujourd’hui entre 15 et 19. Ce qui est plus élevé que son niveau du premier semestre 2024. Cet indicateur mesure la volatilité implicite du S&P 500 sur une période de 30 jours. Il est calculé par le Chicago Board Options Exchange (CBOE) et repose sur les prix des options sur le S&P 500. Le Nasdaq et le S&P sont à la peine depuis la fin de 2024.
Certes, l’élection de Donald Trump n’explique pas à elle seule cette stagnation qui est également la conséquence de l’annonce de la startup chinoise DeepSeek concernant la commercialisation d’un nouveau robot conversationnel moins coûteux que celui d’OpenAI.
L’augmentation des inquiétudes provoque un report des investisseurs sur les actifs sans risque, comme les obligations d’État ou l’or. Les taux d’intérêt des emprunts d’État à 10 ans tendent à baisser, malgré les craintes d’un rebond de l’inflation. Les investisseurs se détournent des actions et préfèrent les obligations, ce qui fait baisser les taux. De même, les achats d’or augmentent, contribuant à sa hausse. L’once d’or a progressé de plus de 10 % du 1er au 17 février et a dépassé 2 900 dollars.
La poursuite des annonces disruptives pourrait provoquer un ralentissement de la croissance. Non seulement aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde. Les risques commerciaux, la hausse des prix et la volatilité accrue des valeurs boursières pourraient inciter les investisseurs à l’attentisme.
L’incertitude est devenue une variable économique à part entière sous la présidence de Donald Trump
Les effets économiques et financiers liés aux variations d’humeur du président pourraient être tout aussi importants que ceux générés par les mesures réelles. L’incertitude est devenue une variable économique à part entière sous la présidence de Donald Trump. Pesant autant sur les décisions des investisseurs que sur les fondamentaux macroéconomiques. Dans un monde où les marchés réagissent en temps réel aux déclarations présidentielles, l’instabilité politique peut avoir des effets aussi déstabilisants qu’une crise économique majeure.
Si cette volatilité nourrit, à court terme, une dynamique de repli vers les actifs refuges, elle pourrait, à moyen terme, affaiblir la croissance en limitant l’investissement productif. Face à cette nouvelle donne, la Fed et la BCE devront arbitrer entre soutien à l’activité et maîtrise des tensions financières. Le tout dans un contexte où la politique américaine devient un facteur d’incertitude structurel. Reste à savoir si cette imprévisibilité, érigée en mode de gouvernance, finira par provoquer un choc économique d’ampleur.
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