L’ancien président américain et candidat à la présidentielle Donald Trump a désigné lundi (15 juillet) le sénateur républicain controversé James David Vance, qui s’est ouvertement prononcé en faveur d’une politique étrangère isolationniste, comme candidat à la vice-présidence.
James David Vance, sénateur républicain de l’Ohio âgé de 39 ans, a été désigné par Donald Trump comme colistier lors du premier jour de la convention républicaine qui s’est tenue à Milwaukee lundi, après que l’ex-président soit officiellement devenu le candidat du parti pour les élections présidentielles de novembre.
Né dans le sud de l’Ohio, dans la région des Appalaches — qui connaît depuis longtemps des difficultés économiques et reste associée à la pauvreté — J.D. Vance est devenu un personnage politique majeur après la publication en 2016 de ses mémoires intitulées « Hillbilly Elegy » (Hillbilly Élégie).
Dans ce best-seller, il dépeint les problèmes socio-économiques auxquels sont confrontées sa ville natale et les communautés des Appalaches. Des éléments pouvant expliquer la popularité de Donald Trump, qui a rejoint la Maison-Blanche en novembre de cette année-là, parmi les Américains blancs pauvres de la classe ouvrière, en particulier dans la région surnommée « Rust Belt ». À cette époque, il s’était résolument prononcé contre le candidat républicain.
Après avoir servi dans la Marine et fait ses études à la faculté de droit de Yale, J.D. Vance a travaillé comme investisseur en capital-risque à San Francisco, passant du statut d’opposant à celui de partisan de M. Trump lorsqu’il s’est présenté aux élections sénatoriales de 2022.
Politiques isolationnistes
Les convictions politiques de James David Vance peuvent se résumer à un mélange d’isolationnisme et de populisme économique, ce qui plaît aux alliés les plus conservateurs de Donald Trump mais a aliéné une partie du noyau dur des républicains.
Il est considéré comme l’un des plus fervents partisans du programme « Make America Great Again » de Donald Trump, notamment sur les questions de commerce, de politique étrangère et d’immigration.
En matière de politique étrangère, il est perçu comme un défenseur de l’isolationnisme « America First », à l’instar des membres les plus radicaux de son parti.
S’il accède au pouvoir, le duo Trump-Vance pourrait causer des maux de tête aux Européens, qui s’inquiètent notamment de ce qu’une deuxième présidence du milliardaire américain pourrait signifier pour l’engagement américain à l’égard de la sécurité de l’Europe.
Plusieurs diplomates européens ont confié à Euractiv au début de l’année qu’ils étaient particulièrement inquiets de la forte opposition de J.D. Vance à l’aide américaine pour l’Ukraine.
Lorsque le Congrès américain a bloqué un paquet d’aide militaire de 60 milliards de dollars pour Kiev à un moment critique de l’effort de guerre ukrainien contre la Russie, M. Vance a joué un rôle clé dans le débat sur le rejet du projet de loi.
Le discours de Munich
S’exprimant devant un public européen à Munich plus tôt cette année, il s’était vivement opposé au transfert de fonds américains supplémentaires pour soutenir l’Ukraine et avait dénoncé la dépendance excessive de l’Europe vis-à-vis des États-Unis en matière de sécurité.
« La protection américaine a laissé la sécurité européenne s’atrophier », avait affirmé J.D. Vance.
Il avait ensuite déclaré que le président russe Vladimir Poutine ne représentait pas une menace existentielle pour l’Europe, que les Américains et les Européens ne pouvaient pas fournir suffisamment d’armes pour vaincre les troupes russes en Ukraine et que la guerre devait se terminer par « une paix négociée ».
Lors de son passage à Munich, il avait également évité de rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky avec les autres sénateurs américains.
S’agissant des dépenses de l’OTAN et de l’avenir de la politique étrangère américaine, M. Vance avait toutefois assuré qu’il ne pensait « pas que nous devrions nous retirer de l’OTAN, et […] que nous devrions abandonner l’Europe ».
« Mais oui, je pense que nous devrions nous recentrer. Les États-Unis doivent se concentrer davantage sur l’Asie de l’Est. Ce sera l’avenir de la politique étrangère américaine pour les 40 prochaines années, et l’Europe doit s’en rendre compte », avait-il précisé.
Les diplomates européens s’attendent à ce qu’il soutienne une politique agressive vis-à-vis de la Chine, poussant les Européens encore plus loin sur la voie de la confrontation avec Pékin qu’ils ne le sont actuellement avec les enquêtes sur les barrières commerciales sur une série de produits allant des véhicules électriques à la viande de porc, en passant par le cognac.
« Il y a beaucoup de méchants partout dans le monde. Et je m’intéresse beaucoup plus aux problèmes en Asie de l’Est qu’à ceux de l’Europe », avait-il souligné.
Ses propos, perçus par la majorité des participants comme une « douche froide », ont suscité l’inquiétude de nombreux dirigeants et diplomates européens, car depuis sa création, le forum était habituellement utilisé pour afficher l’unité transatlantique en matière de coopération sur la sécurité et la défense.