La Réserve Fédérale des États-Unis, épaulée par une politique budgétaire restrictive, affiche un objectif de réduction rapide de l’inflation. En Europe, la situation est légèrement différente. La Banque Centrale Européenne et la Banque d’Angleterre mènent une politique monétaire peu restrictive dans un contexte budgétaire expansionniste.
De manière plus ou moins implicite, le message est que la réduction de l’inflation exige du temps et que l’atterrissage en douceur est privilégié. Depuis le milieu du printemps, aux États-Unis, la Réserve Fédérale a décidé de ramener l’inflation vers l’objectif de 2 %. Pour cela, elle a annoncé qu’elle réalisera autant que nécessaire des augmentations de taux avec, en outre, une réduction de son bilan. Par ailleurs, l’État fédéral entend également réduire son déficit public. Ce dernier devrait passer de 15 à 4 % du PIB de 2020 à 2023. Les investisseurs parient sur un respect de l’objectif dès l’année prochaine.
La BCE ne remonte que lentement les taux d’intérêt afin d’éviter une récession
En Europe, le soutien massif aux ménages et aux entreprises conduit au maintien de déficits publics élevés qui alimentent l’inflation. Ils s’élèvent à 5 % du PIB en zone euro et à plus de 7 % au Royaume-Uni. Les Banques Centrales ne remontent que lentement et faiblement leurs taux d’intérêt afin d’éviter une récession et de mettre sous tension les dettes publiques. Les taux directeurs de la BCE (fourchette de 0,75 à 1,5 %) sont extrêmement faibles par rapport à une inflation qui s’élève à 9 % et atteint plus de 25 % au sein des Pays Baltes. Il en est de même pour la Banque d’Angleterre dont le principal taux directeur est de 1,75 % pour une inflation de près de 10 %.
Dans les années 1980, pour endiguer la vague inflationniste, les banques centrales optaient pour des taux autour de 7 %, voire plus en tant que besoin. Il n’est donc pas surprenant que les anticipations d’inflation à un ou deux ans demeurent élevées en Europe.
La dépréciation de l’euro et de la livre par rapport au dollar alimente également l’inflation
La faible réaction des banques centrales européennes induit une dépréciation de l’euro et de la livre sterling par rapport au dollar, ce qui alimente également l’inflation, le prix des importations et notamment ceux de l’énergie. Les banques centrales européennes parient sur une décrue de l’inflation non pas par les taux qui sont en termes réels à des niveaux historiquement bas, mais par une baisse des prix des matières premières et de l’énergie. Si ces derniers tardent à diminuer, l’inflation pourrait s’installer en Europe rendant son éviction difficile.
Les autorités européennes ont peut-être, implicitement ou non, décidé d’avoir un peu plus d’inflation pour faciliter la résorption des dettes publiques et pour opérer des arbitrages au sein des dépenses publiques. L’inflation peut entraîner une érosion des prestations sociales et en particulier des pensions de retraite au moment où les États européens sont confrontés au problème du vieillissement.
Laisser un commentaire