Près de sept ans après la disparition de Tiphaine Véron, survenue le 29 juillet 2018 à Nikkō, au Japon, sa famille continue de se battre pour savoir ce qui s’est passé ce jour-là. Malgré les obstacles culturels, politiques et judiciaires qui sont le lot de beaucoup lorsqu’une disparition survient à l’étranger, la mobilisation des proches de Tiphaine n’a jamais faibli. Une association, l’ANTRED a d’ailleurs été créée pour accompagner les familles des disparus hors des frontières de l’Hexagone. Damien Véron, le frère de Tiphaine revient pour Lesfrançais.press sur son combat pour faire éclater la vérité.
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Une enquête « cold case »
Aujourd’hui encore la coopération est au ralenti, le silence est pesant. Alors que le Japon n’a toujours pas ouvert d’enquête criminelle, « c’est paradoxal, mais dans leur système, une enquête n’est ouverte que lorsqu’un suspect est arrêté » déplore Damien Véron, côté français, l’affaire a été reprise par le pôle cold case de Nanterre.
« Cette initiative a permis de reprendre certains éléments négligés jusque-là, comme l’analyse de la valise de Tiphaine, qui n’avait jamais été expertisée auparavant. » Malheureusement, ces efforts peinent à trouver un écho au Japon rendant la recherche de la vérité d’autant plus complexe.
« Le dossier de Tiphaine est suivi par l’Élysée. Il est clairement estampillé Emmanuel Macron »
Damien, le frère de Tiphaine Véron disparue au Japon
En effet, « l’absence de traité de coopération judiciaire entre la France et le Japon entrave les échanges. Par exemple, la police japonaise refuse toujours de transmettre les 800 heures de vidéos de surveillance, pourtant conservées » explique Damien Véron. Le bras de fer est permanent.
Le soutien international grandit, mais les réponses se font attendre
La mobilisation a cependant franchi les frontières. L’ONU elle-même a interpellé le Japon pour réclamer une vraie coopération. Trois demandes précises ont été émises : l’identification des suspects, l’ouverture d’une enquête, et la mise en place d’un échange judiciaire avec la France. « C’est une avancée importante, ça légitime notre combat aux yeux du monde » souligne Damien Véron.
« C’est la politique des petits pas. Il faut multiplier les démarches pour espérer faire bouger les lignes »
Damien, le frère de Tiphaine Véron disparue au Japon
Malgré cela, le Japon reste silencieux. Mais pour la famille de Tiphaine, chaque action compte : « C’est la politique des petits pas. Il faut multiplier les démarches pour espérer faire bouger les lignes. »
Une entraide pour ne pas laisser les familles seules
Forts de cette expérience douloureuse, les proches de Tiphaine ont décidé de créer l’association l’ANTRED, afin d’accompagner d’autres familles confrontées à la disparition d’un proche à l’étranger. « Je pense notamment à la famille de Mathieu Martin qui se bat pour essayer d’obtenir des réponses. Mathieu Martin a disparu en Argentine quelques jours après Tiphaine. Ce genre de combat est trop complexe pour être mené seul. Il faut des avocats, des enquêteurs spécialisés, un réseau diplomatique » explique Damien Véron.
Outre le soutien humain, l’aspect financier est un frein considérable. « Nous attendons le rescrit fiscal pour permettre aux particuliers de faire des dons déductibles. Car pour agir, il faut des moyens. »
Une affaire portée jusqu’à l’Élysée
Dans cette quête, Damien Véron se dit soutenu par les institutions françaises : « Le dossier de Tiphaine est suivi par l’Élysée. Il est clairement estampillé Emmanuel Macron. Nos élus locaux aussi sont mobilisés, c’est essentiel. » Mais l’heure est à un tournant : « On va devoir à nouveau solliciter l’Élysée, car on entre dans une phase cruciale. »
Une statue pour ne pas oublier Tiphaine
Pour continuer à faire vivre la mémoire de Tiphaine et maintenir la mobilisation, une statue sera inaugurée à Nikkō le 29 juillet prochain, à la date anniversaire de sa disparition. Un nouveau voyage d’investigations est également en préparation.
Enfin, le livre Tiphaine, où es-tu ? (Robert Laffont), coécrit avec sa sœur Sybille, ainsi que le documentaire, L’air mouillé de Cécile Jujan (sortie prévue le 18 juin prochain), permettent de retracer l’enquête et de sensibiliser encore davantage. « Il ne faut surtout pas que Tiphaine tombe dans l’oubli. C’est ça le plus important », conclut Damien Véron.
Soutenir le combat de Damien Veron et celui des familles françaises à la recherche d’un proche disparu à l’étranger
Soutenir le combat de Damien Veron et celui des familles françaises à la recherche d’un proche disparu à l’étranger.
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