Des milliers de militants religieux et de droite ont défilé dans la capitale serbe dimanche (11 septembre), demandant aux autorités d’interdire l’EuroPride. L’événement, prévu le week-end prochain, a été annulé par les autorités, mais les organisateurs tiennent tête.
Les manifestants — qui portaient un énorme drapeau serbe — incluaient des groupes qui ont également crié des slogans soutenant la Russie, alliée historique de la Serbie, et des causes nationalistes et d’extrême droite.
« Ils veulent profaner le caractère sacré du mariage et de la famille et imposer une union dénaturée comme substitut au mariage », a déclaré à la foule le chef de l’Église orthodoxe serbe, le patriarche M. Porfirije, ajoutant que l’EuroPride menace les valeurs familiales traditionnelles.
L’influence russe
Une colonne de motards qui soutiennent la politique du président russe Vladimir Poutine et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont fait rugir leurs moteurs pour soutenir la foule qui a défilé jusqu’à la cathédrale Saint-Sava de Belgrade pour prier.
L’EuroPride se déroule chaque année dans une ville européenne différente, l’année 2022 étant le tour de Belgrade. Mais à la suite de l’indignation de la droite, M. Vucic a interdit l’événement au début du mois, l’imputant à la « crise importante au Kosovo ».
Les organisateurs ont donc décidé de tenir tête au gouvernement, et comptent bien organiser une manifestation malgré les risques.
Samedi (10 septembre), M. Vucic a déclaré que des menaces avaient été proférées à l’encontre de la marche et que c’était à la police de décider si elle devait être annulée.
Homosexualité légale en Serbie
L’homosexualité est légale en Serbie, mais les mariages entre personnes de même sexe ne sont pas autorisés et les discriminations envers les personnes LGBT sont nombreuses. De plus, la rhétorique des responsables politiques et des chefs d’église est marquée par la discrimination et l’antagonisme.
Les gouvernements serbes ont interdit les parades de la Pride, et certains événements au début des années 2000 ont été entachés de violence.
De nombreuses personnes dans la foule dimanche ont brandi des drapeaux russes, un signe de soutien à Moscou dans un pays où le gouvernement tente d’équilibrer son ambition de rejoindre l’Union européenne avec ses liens historiques avec la Russie et la Chine.
L’analyste politique Dusan Janjic a déclaré qu’il pense que les services secrets russes sont cette fois derrière le mouvement anti-pride.
« Avec les Loups de la nuit et les évêques, il est évident que le GRU était derrière tout ça », a-t-il dit au sujet d’une manifestation il y a plus d’une semaine.
Les motards des Loups de la nuit ont participé à l’invasion de la Crimée en 2014, et leurs membres ont combattu du côté russe en Ukraine. Ils ont des branches en Serbie et dans la Republika Srpska en Bosnie, pourtant les dirigeants russes du groupe ont été interdits d’entrée en Bosnie il y a quatre ans.
Bruxelles a déclaré que la Serbie devait procéder à une série de réformes pour devenir membre de l’UE, notamment améliorer l’État de droit et son bilan en matière de droits de l’homme et des minorités.
La Commission s’est prononcée contre les actions des autorités serbes, les incitant à respecter les droits de l’homme.
« Pendant des années, EuroPride a plaidé en faveur de l’égalité des droits pour les citoyens LGBTI+ dans toute l’Europe, donnant la parole à ceux qui sont souvent discriminés en raison de leur orientation sexuelle. Ce sont des droits fondamentaux pour l’UE, et nous attendons de nos proches partenaires qu’ils les respectent également », a déclaré la porte-parole du bloc européen, Ana Pisonero.
La situation a également été condamnée par des députés européens de tout l’éventail politique, y compris le PPE, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Renew Europe, la Gauche, les Verts européens et de nombreux membres du centre-droit.
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