Des expatriés de plus en plus nombreux et contents

Des expatriés de plus en plus nombreux et contents

La population française vivant à l’étranger s’élevait en 2018 à 3 millions de personnes. Elle progresse de 3,24 % par an en moyenne et cela depuis dix ans. 1,8 million de Français sont inscrits 2018 au registre des Français de l’étranger (tous les Français ne se déclarent pas au consulat). Un tiers d’entre eux sont âgés de moins de 25 ans.

La France a été longtemps très en retrait en matière d’expatriation. Dans les années 80, cette situation était jugée préjudiciable pour les exportations. Son développement lors de ces vingt dernières années n’a pas modifié les résultats du commerce extérieur mais marque sans nul doute une rupture. Le fort taux de chômage mais aussi une plus grande ouverture des jeunes sur l’extérieur expliquent la progression du nombre d’expatriés. Le succès du programme Erasmus a contribué à la mobilité des jeunes actifs.

Près de la moitié des expatriés français sont implantés en Europe et plus de 20 % en Amérique. Les pays où la présence française enregistrée par le ministère des Affaires étrangères est la plus forte sont, dans l’ordre, la Suisse, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne et le Canada. Selon une étude sur le marché du travail en Europe (The Workforce View in Europe 2019), près de 20% des Français interrogés envisagent de déménager à l’étranger pour travailler au cours des deux prochaines années, et, parmi eux, 4,9 % y songent très fortement.

Les volontaires au départ, qui sont majoritairement des hommes (68 %) diplômés (80 %). Ils mettent en avant l’importance au contenu de la mission et au développement de leurs compétences qu’à la sécurité de l’emploi. Si ce ne sont que des intentions, ces résultats témoignent de la montée en puissance de l’appétence pour l’expatriation.

Ce souhait de tenter sa chance à l’étranger se retrouve plus fortement chez 25-34 ans qui ont moins de contraintes familiales que les autres tranches d’âge. Dans les faits, l’expatriation est un marché de niches surtout en excluant les Français qui travaillent dans les pays frontaliers comme la Belgique, la Suisse ou le Luxembourg. La volonté de travailler à l’étranger diffère en fonction des compétences. Les non ou faiblement diplômés rechercheront les moyens de trouver du travail (hôtellerie, restauration) quand ceux diplômés de l’enseignement supérieur privilégient le niveau de rémunération et les conditions de vie. Le désir d’expatriation est ainsi élevé chez les jeunes actifs français travaillant dans l’intelligence artificielle. Ainsi, selon le Boston Consulting Group (BCG), 76 % des experts numériques français – intelligence artificielle, robotique, marketing digital – seraient ainsi prêts à s’expatrier pour développer leur carrière.

L’appel des États-Unis ou du Royaume-Uni est fort. Ce phénomène se rencontre chez tous les jeunes quel que soit leur pays d’origine. Néanmoins, en Chine, moins d’un expert digital sur quatre envisagerait selon le BCG une telle démarche ». Selon la 12e édition de l’étude HSBC Expat Explorer, réalisée en partenariat avec l’institut de sondage YouGov, les expatriés sont gagnants en termes de rémunération et de promotion au sein de leur entreprise. Au moment de décider de partir à l’étranger, les perspectives de carrière sont le principal critère de choix pour les jeunes (47 %). Le niveau de la rémunération joue dans 29 % des cas. 49 % des expatriés ont bénéficié d’une majoration de leur rémunération. A titre comparatif, 55% des expatriés européens déclarent percevoir une rémunération supérieure depuis leur arrivée dans leur pays d’accueil.

L’expatriation permet une accélération globale de la carrière des jeunes (moins de 35 ans). 71 % d’entre eux affirment avoir développé de nouvelles qualités et compétences. Pour les Français, l’expatriation est aussi synonyme d’acquisition de nouvelles compétences (64 %). Les expatriés s’insèrent de plus en plus dans la vie de leur pays d’accueil surtout quand il s’agit d’un pays européen. Ils participent à la vie locale notamment à travers la participation aux élections.

Près des deux tiers des expatriés sont propriétaires d’un bien immobilier, ce taux est supérieur à la moyenne française (58 %). 39 % ont acquis un bien en France et 33 % dans leur pays d’accueil. Cet écart s’explique en partie par le fait que les expatriés ont des revenus supérieurs à la moyenne des Français. 45% des moins de 35 ans établis à l’étranger sont d’ores et déjà propriétaires d’un bien tandis que 6% sont multipropriétaires et possèdent au moins deux biens. La possession d’un bien immobilier est considérée comme une sécurité en cas de difficulté, d’interruption de la mission à l’étranger.

En achetant dans le pays d’accueil, il y a la volonté de s’y insérer durablement. Au moment de leur départ, seuls 15 % des Français expatriés envisagent de passer plus de 20 ans dans leur pays d’accueil. Une fois installés, ils sont plus d’un quart (28 %) à affirmer vouloir rester plus de deux décennies. La durée moyenne de l’expatriation est de 11 ans. Plus le nombre d’années à l’étranger augmente, plus le souhait de revenir en France s’affaiblit.

La scolarisation des enfants et les problèmes de santé constituent les deux facteurs contribuant au retour en France. L’allongement des périodes d’expatriation n’est pas sans conséquence en matière de couverture « retraite » surtout pour les actifs qui ne sont pas salariés au sein de grands groupes internationaux ou qui travaillent dans des pays qui ne bénéficient de convention avec la France sur le sujet. 60 % des expatriés déclarent épargner en vue de leur retraite de manière régulière, ce qui est bien plus élevé que le taux des Français résidents.

Quand les Français expatriés sont interrogés sur les raisons qui les poussent à rester plus longtemps que ce qu’ils avaient initialement prévu, une majorité d’entre eux (52 %) affirment qu’ils prolongent leur séjour pour parachever leur évolution professionnelle. 49 % mettent en avant la volonté de maintenir leur niveau de vie. 68 % des Français expatriés avaient déjà expérimenté une première expatriation, une proportion supérieure à celle observée au niveau mondial (56 %).

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