Les rencontres francophones sont un réseau de plus de trois cent cinquante auteurs né à l’occasion de la célébration des 50 ans de la Francophonie en 2020 à à New-York. Les dîners littéraires francophones dans le monde permettront de lancer une « nuit de la lecture » le 25 janvier. Nuit qui sera déclinée sous forme de diners en présentiels dans un grand nombre de villes des cinq continents. Le passage du numérique et distanciel à une formule présentielle est une première. Il marque une nouvelle étape de la croissance de ce réseau mondial.
Les diners auront des programmes variés. Que ce soit des lectures, de la poésie, la mise en avant de coups de coeur littéraires ou la présence d’invités culturels. La liste des diners prévus montre une grande diversité. De plus, elle va de Kuala Lumpur (Malaisie) à Nice (France), de Sydney (Australie) à Montréal (Canada). L’Europe centrale est représentée à travers Varsovie. New-York, ville d’origine des rencontres, est bien entendu présente. Une vingtaine de villes ont répondu présent à ce stade.
Un réseau très actif de 380 auteurs sur 54 pays
Les activités de ce réseau s’organisent traditionnellement autour de cafés et blogs littéraires. Ils se traduisent par l’animation d’évènements en ligne ou en présentiel sur plusieurs continents. Le réseau revendique plus de 380 auteurs dans 54 pays : Des auteurs consacrés et populaires comme Marc Lévy, un des parrains du réseau. Mais aussi des auteurs plus confidentiels qui ont eu recours à l’auto-édition et qui sont en recherche d’expérience, d’échange et de contacts.
Les principaux auteurs du réseau : Marc Lévy est devenu Parrain de cœur du réseau et Amanda Sthers, la marraine et Yasmina Khadra le parrain pour l’Algérie. Le réseau compte aussi parmi ses membres André-Comte-Sponville, Jean-Baptiste Andrea (Prix Goncourt 2023), Alexandre Jardin, Line Papin, Monique Proulx, Philippe Vilain, Marek Halter, Olivia Elkaïm, Isabelle Bary, Annie Préaux, Laurent Seksik pour ne citer que les plus connus.
Un fonctionnement participatif et collaboratif autour de Blogs et d’une chaine Youtube
Le blog permet notamment de donner la parole aux auteurs qui ont des textes inédits ou des extraits de livres. Une façon d’aller au devant d’un public de lecteurs connaisseurs et désireux de lire de nouvelles plumes ou d’entendre de nouvelles voix. Les émissions de la chaîne YouTube dédiée permettent de mettre en avant les auteurs autour d’une thématique avec quelques émissions spéciales. Il y a donc dans ce réseau un aspect de solidarité qui permet de réunir des auteurs qui, par nature, ont plutôt l’habitude à travailler seul.
Les maisons d’éditions ont de moins en moins le temps de travailler au fond les textes. Ce sont souvent des « produits finis » qui sont exigés sans que le travail d’édition ne soit très poussé faute de moyens ou de temps. Le réseau permet donc à chacun de travailler sur ses textes. Le tout en s’inspirant des réussites des autres ou de simplement prendre du plaisir à échanger autour d’une passion commune (et parfois dévorante), l’écriture en français.
Nous avons donné la parole à Sandrine Mehrez Kukurudz, la fondatrice de ce réseau et sa principale animatrice.
Boris Faure : Les dîners littéraires francophones dans le monde sont une initiative du réseau "rencontre des auteurs francophones" que vous avez fondé avec de nombreux écrivains. Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce nouvel évènement ?
Sandrine Mehrez Kukurudz : « Chaque année depuis la création du réseau, à New York en 2020, nous célébrons les Nuits de la Lecture. Parce que l’initiative nous paraît importante et parce que nous sommes toujours partant pour célébrer notre belle langue, les mots, les livres et les auteurs dans le monde. La première édition était virtuelle puisque sous Covid. Elle a permis du coup de réunir des auteurs de plusieurs continents. Le ton était lancé. Nous avons poursuivi, sous des formats différents, cette célébration, inscrite au programme de nos divers rendez-vous annuels. Et cette année, alors que nous avons enchaîné les événements en présentiel en France et dans le monde, s’est imposé comme une évidence de célébrer l’édition 2025 lancée par le CNIL, en nous retrouvant.
« Dîner tous ensemble, sous des latitudes parfois opposées en récitant des textes avec passion ! »
Sandrine Mehrez Kukurudz
Et nous n’avons pas trouvé meilleur moyen que cette idée formidable de lancer les Dîners Littéraires Francophones dans le monde avec nos membres. Dîner tous ensemble, sous des latitudes parfois opposées en récitant des textes avec passion ! En lançant l’idée, on a très vite crée l’envie. Et en quelques jours, près de 20 de nos membres ont répondu présent. De New York à Sydney, de Miami aux Landes, des Deux Sèvres à la Suède, de San Diego aux plages bretonnes, de l’océan Indien à la Réunion à Paris, de Bourges à La Ciotat, de Varsovie à l’Algérie recrée à Paris.
Nous avons décidé dans la foulée d’inscrire l’événement comme un rendez-vous récurrent avec pour l’instant un rendez-vous par saison. Nous célébrerons la journée de la Francophonie lors du second dîner, le 23 mars prochain. »
BF : Parmi la communauté française de l'étranger, les clubs littéraires existent. Il s'agit souvent de discuter d'auteurs francophones et de leurs œuvres autour d'un bon repas ou d'un verre de vin. Les diners que vous fondez s'inscrivent ils dans cette tradition conviviale qui allie les lettres et les arts de la table ?
Sandrine Mehrez Kukurudz : « Oh que oui, même si nous avons laissé pour l’instant carte blanche aux co-organisateurs : Dans un restaurant de cœur, dans une villa ou un appartement privé, dans un théâtre, sous une bulle face à l’océan… Nous dînerons et nous lirons des textes. Certains membres vont également faire un appel aux livres de cœur de l’année.
« Il est important pour chacun d'entre nous d'être des passeurs de mots, des activistes littéraires »
Sandrine Mehrez Kukurudz
Tout sera filmé et le film souvenir de ce moment de coeur, de bienveillance, de culture, de partage et de transmission sera largement diffusé. Il est important pour chacun d’entre nous d’être des passeurs de mots, des activistes littéraires. Nous avons le devoir de diffuser notre amour des livres. Un livre n’est pas qu’un outil de plaisir ou de loisir, il est un passeport essentiel pour l’intégration en société. C’est un message que nous devons faire passer aux jeunes. Plus que jamais à l’heure de ChatGPT et du monde des écrans. Le cerveau ne se construit pas pareil avec ou sans le livre. »
BF : Parmi les auteurs qui soutiennent les rencontres on compte par exemple Marc Lévy, un des auteurs français les plus populaires en France et un des plus traduits à l'étranger. Comment mobilisez-vous les auteurs les plus reconnus comme lui au service de la promotion d'autres auteurs plus confidentiels ou débutants ?
Sandrine Mehrez Kukurudz : « Ce sont des rencontres qui permettent ces fabuleux soutiens à nos missions. Des rencontres entre nos membres auteurs et ces personnalités. Des rencontres que j’ai eu le plaisir aussi d’avoir, parfois après la lecture d’un livre que j’ai adoré et dont j’ai partagé le retour avec l’auteur. Nos membres sont nos ambassadeurs partout dans le monde. C’est le sens de cette grande famille, l’ADN de ce réseau. Il est bien rare qu’un auteur à qui on présente nos missions n’accepte pas de soutenir nos initiatives. En fait c’est arrivé une fois, parce que l’auteur estimait ne pas avoir le temps.
« plus les auteurs sont connus, plus ils sont généreux, bienveillants et humbles ».
Sandrine Mehrez Kukurudz
L’expérience montre que plus les auteurs sont connus, plus ils sont généreux, bienveillants et humbles. Amanda Sthers est notre marraine, Marc Levy notre parrain depuis presque le début de l’aventure, Yasmina Khadra est notre parrain pour l’Algérie, et parmi nos membres d’honneur nous avons la chance d’avoir notamment Jean-Baptiste Andrea (Prix Goncourt 2023), André Comte-Sponville, Michel Bussi, Alexandre Jardin, Grégoire Delacourt, Wilfried N’Sondé, Philippe Vilain, Monique Proulx, Benoit Cohen, Éric Chacour, Line Papin, Olivia Elkaïm, Marek Halter, … »
BF : Quand on pense aux dîners littéraires on songe aux salons littéraires qui, dès le 18ème siècle, permettaient à une société éclairée de deviser et de débattre autour des oeuvres des lumières. Y a t-il une filiation possible des dîners francophones avec ces célèbres salons ?
« Le réseau est un lieu d’amitié. Un lieu d’échange qui s’appuie sur le respect, la bienveillance, le partage. Toutes les religions s’y retrouvent. Toutes les nationalités aussi. Nous refusons le débat polémique politique. Nos seuls combats, ce sont les mots et la littérature, la défense du livre et l’accès à la littérature francophone partout et pour tous. Alors oui il nous arrive de discuter entre nous de sujets qui fâchent. Mais jamais personne n’a levé le ton sur l’autre. Au contraire, ces échanges commencent souvent par un « Je sais que c’est un sujet sensible pour toi, je sais que tu ne penses pas comme moi…« . Débattons nous sur la littérature ? Les œuvres ? la société éclairée ?
Oui bien sûr ! Et nous mettons à disposition des auteurs de nombreux « lieux » d’expression : Le blog des auteurs, les livres collaboratifs et thématiques de notre maison d’édition éponyme, les rendez-vous virtuels comme le Forum des Auteurs ou le Café Littéraire, les ateliers & panels lors des événements et Festivals… Et puis nos conversations quotidiennes, entretenues sur les réseaux sociaux ou en échanges privés. Parfois la nuit, en réaction à une réflexion, un avis, un texte…
« Le réseau ne dort jamais. Comme moi 🙂 »
Sandrine Mehrez Kukurudz
Ce que deviendront ces Dîners ? Ils sont certainement amenés à évoluer. Selon les envies de chacun. Selon les opportunités. En fonction aussi des soutiens et des mécènes. Nous allons avoir besoin du soutien de tous pour poursuivre notre ambition d’amener la culture et la littérature francophone dans chaque maison, partout dans le monde et de faire rayonner les talents du monde au-delà de leurs frontières. »
Auteur/Autrice
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Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.
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