La situation politique en France impacte aussi nos expatriés. En effet, la démission du Premier Ministre, Sébastien Lecornu, laisse un pays avec un gouvernement de ministres démissionnaires. Or, dans la liste présentée dimanche 5 octobre par le secrétaire général de l’Élysée, le ministre délégué en charge de nos compatriotes hors de France, Laurent Saint-Martin, n’y figurait pas. Quelles sont dès lors les conséquences sur les dossiers en cours ? Et aujourd’hui, les Français de l’étranger sont-ils sans cap ?
Un gouvernement de ministres démissionnaires
Entre situation inédite, crise institutionnelle et paralysie des pouvoirs publics, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le moment politique dans lequel se trouve actuellement la France. Quelques heures seulement après l’annonce de la composition de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté, ce matin du 6 octobre, sa démission au président de la République Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée.
Les raisons de ce départ soudain du locataire de Matignon s’expliqueraient par plusieurs facteurs. Dès la publication de la liste des ministres, la plupart des formations politiques présentes à l’Assemblée nationale ont aussitôt menacé de déposer une motion de censure, sans même attendre le discours de politique générale prévu le mardi 7 octobre à l’Assemblée nationale. Une défiance qui rendrait, semble-t-il, toute gouvernance impossible et explique cette démission du Premier Ministre.
Les Français de l’étranger sans ministre ?
Or, cela n’est sans doute pas sans conséquence pour les 2,5 millions de Français établis hors de France. En effet, dans la nouvelle composition gouvernementale publiée hier au Journal officiel, le ministre délégué aux Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin n’y figure plus. Pourtant, jusqu’à cette nomination, il assurait, en tant que membre du gouvernement Bayrou démissionnaire, la continuité des dossiers pour nos expatriés.
Et ce ne sont pas les chantiers qui manquent pour les Français de l’étranger : par exemple celui de la réforme de l’AEFE, du réseau des lycées français à l’étranger, dont la survie est engagée selon certains observateurs. L’avenir de la caisse des Français de l’étranger, (CFE) fait aussi actuellement l’objet de débats pour pérenniser ses activités. C’est un des sujets inclus dans les Assises de la protection sociale.
Ministres démissionnaires : quel impact pour les expatriés ?
D’ailleurs, à qui seront donc remises les conclusions de ces Assises ? Une conférence de consensus, prévue d’ici la fin de la semaine, devait clore près de sept mois de travaux (lancés en mars 2024) en hiérarchisant les priorités. Le rapport final, attendu pour le 15 octobre lors de la session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), devait proposer des mesures concrètes sur les aides sociales les bourses scolaires, l’accès aux soins de santé. Mais qui recevra officiellement ces recommandations ?
La démission de Sébastien Lecornu et la vacance du poste de ministre délégué compliquent donc la situation. Traditionnellement, les sessions plénières de l’AFE (qui réuniront 90 élus du 13 au 17 octobre à Paris) incluent un échange direct avec le gouvernement. Si les services de la DFAE (Direction des Français à l’étranger) seront bien présents, quels interlocuteurs politiques pourraient cependant répondre aux questions des élus représentants les expatriés ? Sans évoquer la rédaction d’un projet de loi spécifique pour les Français de l’étranger qui aurait dû faire l’objet d’un échange lors de cette plénière.
Face à l’incertitude, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) cherche à apaiser les craintes des Français de l’étranger. « À l’heure actuelle, seul Jean-Noël Barrot est ministre démissionnaire au sein du MEAE. D’ici la composition d’un nouveau gouvernement, c’est donc bien à lui et son cabinet que les affaires courantes concernant les Français de l’étranger et donc l’Assemblée des Français de l’étranger sont confiées » peut-on lire dans un message envoyé aux élus.
Mais cette continuité affichée suffira-t-elle pour répondre aux demandes concernant les 2,5 millions de Français qui vivent à l’étranger ? Les enjeux sont importants pour le quotidien des expatriés : éducation, santé, aides sociales, sécurité, fiscalité, … autant de dossiers inscrits à l’ordre du jour de la prochaine session de l’AFE (13-17 octobre). Ce sera dès lors l’opportunité de vérifier si, dans ces circonstances, les Français de l’étranger resteront, ou pas, sans cap ?
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