La « crise de régime (…) n’aura pas lieu » pour Sébastien Lecornu

La « crise de régime (…) n’aura pas lieu » pour Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu a prononcé son discours, très attendu, de Politique générale. Le Premier ministre devant les députés a assuré ce mardi 14 octobre que la « crise de régime (…) n’aura pas lieu ». Et en effet, après son allocution, alors que le chef du gouvernement était menacé de censure par les oppositions, le Parti socialiste a annoncé ne pas les voter. Pour les Français de l’étranger, on fait le point.

Suspension de la réforme des retraites

C’est cette mesure qui a décidé le PS de pas participer aux votes, de jeudi contre le gouvernement, initiés par LFI et le RN. Ainsi, Sébastien Lecornu a acté la suspension de la réforme des retraites « jusqu’à l’élection présidentielle » de 2027. Cette décision portera à la fois sur la mesure d’âge et la durée de cotisation.

« Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028 »

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale ce 14 octobre 2025

Concrètement, les Français, résidents ou non-résidents, pourront faire valoir leur droit à la retraite dès 62 ans et 9 mois jusqu’en 2028. Mais cette suspension a un coût,  « 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 », a néanmoins prévenu Sébastien Lecornu.

« Cette suspension bénéficiera à terme à 3,5 millions de Français.
Elle devra donc être compensée par des économies.
Elle ne pourra pas se faire au prix d’un déficit accru »

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale ce 14 octobre 2025

Le premier ministre a aussi proposé la tenue d’une conférence sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux « dans les prochaines semaines » afin de discuter de « l’ensemble de la gestion du système de retraite ».

Cette décision qui éloigne le spectre d’une France ingouvernable a été accueilli avec soulagement par les marchés. En effet, la référence des investisseurs internationaux, le taux d’emprunt de la France à dix ans s’est établi à 3,41 % vers 16 h 40, contre 3,47 % à la clôture lundi soir. Mieux, le spread, qui signale l’écart entre le taux d’emprunt français et le taux d’emprunt allemand, s’est réduit à 0,8 point de pourcentage, une première depuis la mi-septembre.

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale
Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale

Maintenir l’objectif d’un déficit de moins de 5%

Mais si pour éviter la crise institutionnelle, Sébastien Lecornu a renoncé à la mesure phare des mandats d’Emmanuel Macron, il n’abandonne pas les exigences budgétaires.

« J’ai accepté la mission que m’a confiée le président de la République parce que la France doit avoir un budget, parce qu’il y a des mesures d’urgence à prendre sans attendre, c’est un devoir »

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale ce 14 octobre 2025

Ainsi, pour Sébastien Lecornu, le déficit « devra être à moins de 5 % » du PIB en 2026. Pour lui, une « panne budgétaire » et une crise « réjouiraient » les ennemis de la France.

La fiscalité des très grandes fortunes

Enfin, Sébastien Lecornu a reconnu dans son discours « des anomalies » dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant « une contribution exceptionnelle » des Français les plus riches dans le prochain budget.  Car « Il faut reconnaître qu’il peut y avoir des anomalies » dans la fiscalité des très grandes fortunes, selon la déclaration du premier ministre devant les députés. Une phrase qui donne écho à la volonté du Parti socialiste qui réclame une mesure de justice fiscale.

« Nous demanderons à créer une contribution exceptionnelle des grandes fortunes que nous proposons d’affecter au financement des investissements du futur qui touchent à notre souveraineté, pour les infrastructures, la transition écologique ou la défense »

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale ce 14 octobre 2025

Il a promis également d’« encadrer l’optimisation fiscale – en particulier celle qui passe par les holdings ». Pourtant la holding n’existe pas dans les statuts français et la remontée des bénéficies au sein des l’Union européenne est organisée par la fameuse directive « mère-fille » qui échappe au champs de compétences du Premier ministre.

Changement de méthodologie

Dans sa déclaration de politique générale qui aura duré une demi-heure, Sébastien Lecornu a également confirmé l’abandon de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte sans vote.

« C’est la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat, notamment budgétaire mais pas seulement, dans tous les domaines, vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote »

Sébastien Lecornu, Premier ministre à l’Assemblée nationale ce 14 octobre 2025

Il prend donc au mot les parlementaires en les mettant face à leur responsabilité tant comme groupe comme individuellement. Une nouvelle façon de concevoir la Vème République, permettra-t-elle d’avoir un budget et une stabilité politique, la réponse dans quelques mois.

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