L’Alliance solidaire des Français de l’étranger a annoncé, ce vendredi 16 août, le décès de son fondateur et bienfaiteur, Jean-Pierre Bansard (Bensaïd). Ce chef d’entreprise qui exerça ses talents dans des activités aussi variées que le transit, la logistique, le transport, internationaux, l’hôtellerie et plus récemment, il a ajouté une dimension industrielle à ses activités en redonnant vie au groupe Solex. À côté, il s’engagea auprès de la communauté juive, dont il est issu, en tant que dirigeant du consistoire de Paris et fondateur de la maison France-Israël. Enfin, né à Oran, ce Français de l’étranger a créé en 2009 l’Alliance solidaire des Français de l’étranger dont il devient sénateur en 2017 pour la première fois.
Émotion chez les Français de l’étranger
Depuis l’annonce, les messages de condoléances comme les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux. En premier, on évoque celui du Ministre (démissionnaire) aux Français de l’étranger, Franck Riester qui a publié un message sur X (ex Twitter).
Aussi, très présents sur X comme sur Facebook, on retrouve les 70 élus conseillers des Français de l’étranger élus sous la bannière ASFE comme Ghassan Ayoub, élu au Liban ou Régine Mazloum-Martin de Suisse et bien d’autres.
« Il aura concouru à nous représenter et nous défendre avec sa marque personnelle. Mes condoléances à sa famille, ses proches, son entourage.«
Michel Zucchero, Conseiller des Français de Tunisie et de Libye., à Conseiller Consulaire Tunisie et Libye.
D’Orly à l’Avenue Marceau
Jean-Pierre Bansard est un autodidacte qui, selon le site de l’ASFE, « a bâti sa réussite sous le signe du travail, de la volonté, de l’esprit d’entreprise et d’initiative. »
Arrivé à Paris de son Algérie natale en 1978, il crée la société de transit Bansard International sur le site de l’aéroport de Paris-Orly, alors seule plateforme aéroportuaire de la région. Ses activités de transitaire l’amènent à se familiariser avec les diverses procédures parabancaires. Il crée en 1980 la société de caution Laficau (La financière de caution), agréée par la Banque de France.
À la suite du déplacement des Halles de Paris à Rungis, Jean-Pierre Bansard est sollicité par de nombreux importateurs/exportateurs qui souhaitent trouver des entrepôts destinés au stockage de marchandises. Pour répondre à ces demandes, il achète des terrains sur le site de Rungis et y édifie ses premiers entrepôts.
Usines Center et les Puces
En 1984, sa rencontre avec Christian Liagre, initiateur en France des magasins d’usines, l’amène à introduire en France le concept de solderies d’usines en créant 11 Usines Center, chaîne de centres commerciaux spécialisés dans la vente de surplus de stocks.
En 1985, il crée le groupe immobilier Compagnie Internationale Bansard Liagre Entreprises (CIBLE) et nomme Évelyne Renaud en qualité de président-directeur général (elle est désormais sénatrice des Français de l’étranger) avec laquelle il va progressivement investir tous les secteurs de l’immobilier puis de l’hôtellerie. En 1986, il rachète le restaurant Drouant et l’immeuble qui l’abrite. Il rénove l’ensemble pour sauvegarder le siège de l’Académie Goncourt.
En 1989, il acquiert les deux « marchés » les plus emblématiques des Puces de Saint-Ouen : le marché Paul-Bert et le marché Serpette, qui totalisent 420 stands et couvrent l’ensemble des spécialités du marché de l’antiquité. Entièrement rénovés, remis aux normes et loués de façon sélective à des antiquaires, ces deux marchés sont revendus par le groupe en 2000.
Hôtellerie et Solex
Au début des années 2000, le groupe Cible s’intéresse au marché hôtelier parisien. Jean-Pierre Bansard crée des boutiques-hôtels et des établissements de prestige, tels que l’hôtel InterContinental de l’avenue Marceau, Le Placide à Saint-Germain-des-Près ou Le Colette à Cannes.
En 2004, Jean-Pierre Bansard rachète les marques du groupe Solex, notamment le VéloSoleX à Magnetti Marelli, filiale de Fiat. Dessiné par Pininfarina et converti à l’électrique, le e-Solex voit le jour en 2007. Ce cyclomoteur désormais électrique se veut à la fois écologique, économique et sympathique. Dès 2010, la gamme s’élargit avec la conception et la mise sur le marché de vélos pliants à assistance électrique. Une nouvelle histoire est donc en train d’être créée pour le célèbre vélo à moteur.
Depuis 2016, Jean-Pierre Bansard souhaitait réorienter les activités de son groupe autour de l’hôtellerie haut de gamme pour devenir un groupe notoire sur ce segment. Il possède déjà une dizaine hôtels dont ceux cités précédemment. Il était classé 230e fortune de France par le magazine Challenges en 2016. Il grimpe à la 147ème place en 2023, avec une fortune estimée à 900 millions d’euros.
Du consistoire aux Français de l’étranger
Issu de la communauté juive de France, Jean-Pierre Bansard s’est investi dans les activités communautaires. Il a, aussi, rédigé un essai intitulé « Un judaïsme aux couleurs de la République. » Il a été porté à la tête du Consistoire régional de Champagne-Ardenne en 1991, puis en 1992, à la tête du Consistoire central, Union des communautés juives de France.
La politique en 3 temps
Lors des élections législatives de 1988, Jean-Pierre Bansard se présente comme candidat « majorité présidentielle » aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon à l’invitation du sénateur-maire Albert Pen. Cependant, il ne va pas au bout et annonce son retrait du scrutin quelques jours avant celui-ci.
En 2010, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, le désigne membre de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) au titre des « personnalités qualifiées ». À l’époque, les conseillers des Français de l’étranger n’existaient et n’élisaient donc pas les membres de l’AFE comme aujourd’hui.
Toujours avec l’Alliance solidaire des Français de l’étranger, Jean-Pierre Bansard se présente aux élections de 2017 des sénateurs représentant les Français établis hors de France (série 1), à la tête d’une liste classée divers droite mais qu’il présente comme apolitique. Sa liste obtient deux sièges : lui-même et Évelyne Renaud-Garabedian. Pourtant, il ne put siéger que peu de temps car le 27 juillet 2018, son élection en tant que sénateur est invalidée après la saisine du Conseil constitutionnel par un conseiller consulaire. Ce n’est que partie remise puisqu’il se représente en 2021. Élection à laquelle il est réélu sénateur. Depuis, il siégeait au Sénat en tant que rattaché au groupe Les Républicains (LR).
Sophie Briante-Guillemot, nouvelle sénatrice des Français de l’étranger
Comme le veut la constitution, le décès d’un sénateur entraîne son remplacement par la personnalité suivante sur la liste. C’est, donc, la secrétaire générale de l’ASFE, Sophie Briante-Guillemot qui devient sénatrice.
Cette dernière est Française d’Argentine où elle suivit sa scolarité au Lycée français Jean-Mermoz à Buenos Aires. Et son expérience professionnelle a commencé au Consulat de Françe dans la capitale argentine avant qu’elle ne rejoigne la France où elle travailla pour la première banque de développement latino-américaine avant de rejoindre le cabinet de Myriam El Khomri, Adjointe au Maire de Paris chargée de la Prévention et de la Sécurité. Classée à gauche, Sophie Briante-Guillemot rejoignit l’ASFE et le Sénat comme collaboratrice des élus de la fédération fondée par Jean-Pierre Bansard, une première fois en 2018 puis en 2021.
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En 2010, les Conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger étaient bien entendu élus, contrairement à ce que prétend à tort l’article. Toutefois, l’Assemblée des Français de l’étranger comprenait encore des « personnalités désignées » par le ministre des affaires étrangères. Ces dernières n’existent plus depuis la réforme entrée en vigueur en 2014.
[…] Décès du sénateur Jean-Pierre Bansard Il n’y a pas de circonscription, tous les 12 sénateurs représentent tous les Français de l’Étranger. M Bansard était donc aussi notre sénateur. […]