La crise du COVID-19 a eu un effet brutal sur les marchés car elle menace la demande, l’offre et les échanges. Le nombre des secteurs directement concernés est élevé en raison des interdépendances.
L’industrie en première ligne
La zone asiatique assure plus de 55 % de la production de biens manufacturiers. Que ce soit en biens intermédiaires ou finis, la Chine et ses voisins sont incontournables. De ce fait, un arrêt ou une réduction de la production a des incidences. Si le secteur de l’automobile est relativement compartimenté au niveau de chacune des grandes zones de consommation, il dépend de plus en plus des pièces électroniques et des batteries fabriquées en Chine. Pour le secteur électronique et de l’informatique, l’éclatement des chaînes de valeur est important avec une voie de passage quasi-obligée par les pays asiatiques. L’ampleur de l’épidémie en Chine, en Corée et au Japon peut générer des ruptures de stocks sur certains composants mettant en difficulté plusieurs productions. Apple a ainsi fait part de quelques difficultés pour la fabrication de ses smartphones.
Le secteur de la santé sous pression
Le secteur des médicaments est mis sous tension pour plusieurs raisons. Premièrement, la demande en produits pouvant limiter les effets du COVID-10 peut faire craindre des pénuries. Deuxièmement, la Chine est devenue un important producteur de médicaments qui sont exportés. Les problèmes de production peuvent avoir lieu en fonction du nombre de malades. Troisièmement, l’acheminement pourrait être rendu difficile du fait de transports internationaux entravés (personnel malade, fermeture des frontières).
Le secteur du tourisme fortement touché
Le secteur du tourisme est le premier secteur à être touché par la crise du COVID-19. La fermeture début mars, en application du droit de retrait de la part du personnel, du musée du Louvre qui a reçu 9,6 millions de visiteurs en 2019, est tout un symbole. Elle traduit tout à la fois l’anxiété des salariés de ce secteur et le risque d’arrêt net de cette activité. À Tokyo, les parcs d’attractions Disneyland et Universal Studios ont fermé leurs portes. Les autorités saoudiennes ont décidé d’interdire l’accès de La Mecque aux croyants étrangers. Dans la baie d’Ha Long, au Vietnam, le nombre de visiteurs a baissé de 60 % en un mois. En Indonésie, et notamment sur l’île de Bali, le taux d’occupation des hôtels est inférieur à 30 % contre 70 % en temps normal.
Les agences de tourisme constatent une baisse des réservations de 30 à 40 %. Le secteur du tourisme représente 10 % du PIB mondial avec un chiffre d’affaires de plus de 7 860 milliards d’euros selon le World Travel & Tourism Council. Un actif sur dix dans le monde travaillerait pour ce secteur.
Le nombre de touristes internationaux a, selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, atteint 1,5 milliard en 2019 (touristes en-dehors de leur pays d’origine). Les Chinois en représentent plus de 200 millions et sont responsables de plus de 250 milliards d’euros de dépenses.
Avant l’internationalisation de l’épidémie, la seule baisse des dépenses des touristes chinois était évaluée à plus de 20 milliards d’euros, a estimé la présidente du Conseil mondial des voyages et du tourisme (WTTC). Compte tenu des derniers évènements, le manque à gagner pourrait dépasser 100 milliards de dollars, soit bien plus que l’épisode infectieux de SRAS observé en 2002 et 2003. La contraction des recettes issues du tourisme est très forte pour les pays asiatiques. La Thaïlande pourrait enregistrer une baisse de sa fréquentation d’au moins 50% au cours du premier semestre. Son PIB dépend à hauteur de 20% du tourisme. L’Égypte qui reçoit chaque année une abondante clientèle asiatique est également concernée, le tourisme représentant plus de 12% de son PIB.
Pour le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, «l’épidémie de coronavirus a coûté un milliard d’euros par mois à l’industrie touristique européenne ».
La France est avec les États-Unis, l’Italie et l’Espagne un des pays les plus concernés par la chute du tourisme avec 87 millions de touristes étrangers dont 2,2 millions viennent de Chine. Ce secteur assure plus de 173 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et représente 7,4 % du PIB. 20 % des emplois du pays en dépendent directement ou indirectement de cette activité.
La diminution du tourisme d’affaires pèse également sur le secteur. L’Allemagne, la France et la Chine sont en première ligne. Les grandes multinationales dont Amazon, Nike, Google, LVMH, ont interdit à leurs salariés de se déplacer. La suspension des grands évènements sportifs et musicaux ainsi des salons professionnels joue un rôle amplificateur pour le secteur du tourisme. Les compagnies aériennes sont particulièrement touchées par la crise actuelle. Air France a annoncé un manque à gagner d’au moins 200 millions d’euros pour 2020. Lors de l’épidémie de SRAS de 2003 (8458 cas et 807 décès), la baisse de la fréquentation des avions en Chine et en direction de ce pays avait été de 72 % au point le plus bas (mars). Pour les liaisons avec les autres pays asiatiques, le nombre de passager avait diminué de 34 %. La remontée avait été progressive à compter de juillet. Selon une étude d’ID AERO, le nombre de passagers pourrait se contracter de plus de 16 % dans les prochains mois. Cette étude ne prenait pas en compte la transformation de l’épidémie en pandémie. D’après une étude réalisée par une équipe de l’université de Bergame, le coût de la crise pour le secteur pourrait être de plus de 16,7 milliards d’euros. Une étude de l’Association internationale du transport aérien mentionne une baisse du chiffre d’affaires de 113 milliards de dollars, le secteur ayant fait un chiffre d’affaires de 830 milliards de dollars en 2019.
Le secteur du luxe, victime collatérale
Le marché du luxe est lié à celui du tourisme. Il est, en outre, de plus en plus dépendant des consommateurs des pays émergents, et en premier lieu de la Chine. La réduction du nombre de touristes et les restrictions de circulation pèsent sur les ventes.
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