Les 500 établissements scolaires français dans le monde, répartis dans 135 pays sont mis à mal financièrement par la pandémie de Covid19 : les familles à travers le monde sont parfois elles même en situation financière complexe, en chômage technique, … et le paiement des frais de scolarité devient difficile.
Les lycées français sur les 5 continents ont des statuts différents. Il y a ceux qui sont des établissements en gestion directe par l’AEFE , l’agence de l’enseignement français à l’étranger, d’autres sont des établissements conventionnés, certains de ceux-ci sont gérés par la Mission Laïque Française, et d’autres enfin sont en partenariat, une relation plus distante tout en disposant de l’homologation qui est gérée directement par le ministère sans intervention de l’AEFE.
La situation inédite, et parfois catastrophique pour les établissements, qu’engendre le Covid-19 inquiète beaucoup. Les différents groupes politiques représentés à l’Assemblée des Français de l’Etranger, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, travaillent pour des solutions.
Un système de bourses étendues envisagé comme une aide indirecte de l’Etat aux établissements scolaires
Passer par les bourses pour s’assurer du paiement des mensualités aux lycées français peut apparaitre comme une bonne solution.. Cependant c’est nier qu’au niveau mondial qu’un tiers des élèves sont français et combien seront éligibles à cette bourse ? Par ailleurs, le système de sélection en plusieurs étapes passant par des comités, qui par essence en cette période de confinement ont des difficultés à se réunir, risquent de ralentir le processus de soutien. Et il resterait la question des autres élèves non français et leurs parents aussi en difficulté financière.
LREM parie sur une gestion moderne de la crise
Chez les élus LREM des Français de l’étranger, seuls Samantha Cazebonne, ancienne proviseur d’un lycée français en Espagne, et Frédéric Petit, rapporteur sur l’AEFE à l’Assemblée Nationale, prennent la parole. Et axent leur réponse à la crise autour de 3 piliers : la solidarité nationale ; la solidarité des parents qui le peuvent ; et le soutien local des Etats. Car les établissements établis hors de France, sont souvent juridiquement de droit privé à l’étranger. De nombreux services, comme le gardiennage, la cantine, le ménage, sont externalisés et les contrats vont être suspendus. Samantha Cazebonne imagine donc une transparence budgétaire, pour répercuter la baisse sur le montant de la scolarité. Le Député Petit, veut, lui, une structure pour assister les établissements concernés, avec les dispositifs mis en place dans les pays d’accueil.
Du côté de l’opposition, nous avons échangé avec le Sénateur socialiste Jean-Yves Leconte. Celui-ci nous indique son étonnement : l’AEFE, et le gouvernement et notamment Jean-Baptiste Lemoyne et Jean-Yves Le Drian sont, depuis plusieurs semaines, conscients de la situation très tendue dans les établissements français dans le monde. Des annonces sont attendues, en tout cas espérées, mais dans l’attente, les établissements en gestion directe ne peuvent prendre aucune mesure, dépendant entièrement pour, par exemple une baisse des cotisations des parents, à une directive de l’agence.
« Des cris d’alarme viennent de partout, beaucoup de proviseurs d’établissements en gestion directe sont paniqués »Jean-Yves Leconte, Sénateur PS des Français de l’étranger
La situation est en effet paradoxale et surtout variable. Katia Velasco-Anton, qui gère un collectif de parents à travers une page Facebook Avenir des lycées français à l’étranger en danger a également répondu aux francais.press. Elle nous décrit notamment le cas de l’Espagne et au Portugal : « deux écoles conventionnées ont déjà actionné des réductions des frais de scolarité de 20%, c’est en revanche impossible dans les établissements en gestion directe comme le lycée de Madrid. A Barcelone il y a un moratoire sur les travaux prévus qui est demandé par le proviseur ».
Des décisions largement tributaires de Paris
Une situation confuse donc, chaque établissement cherchant à adopter la politique adéquate mais ceux étant gérés en direct ou largement subventionnées sont en la matière largement tributaires des décisions de Paris qui tardent à se prendre.
Pour les autres types d’établissements, c’est la situation économique des parents et la gestion interne passée qui priment. Et en l’espèce, les situations sont diverses d’un pays, ou d’un continent à l’autre. Si les écoles asiatiques sont fermées depuis presque 3 mois, ce n’est pas forcément le cas partout. Et par exemple en Asie, les états financiers ne sont pas identiques. Ainsi À Hong-Kong, ce sont les parents qui gèrent le Lycée Français, avec un financement garantie par un droit d’accès (restituable en fin de scolarité). Alors qu’au Viêt-Nam, nous sommes déjà au bord de l’asphyxie. En tout, ce sont près de 400 millions d’euros de charges de fonctionnement qui sont versés chaque trimestre par les parents.
« un rabais accordé aux familles de 15% couterait entre 120 et 130 millions d’euros » selon le Sénateur Leconte
Localement, des initiatives sont prises : citons par exemple un fond de solidarité pour les familles qui a été mis en place au lycée de Varsovie, à Budapest ou à Berlin se sont les états hôtes qui sont appelés à la rescousse.
Au niveau global, que faire ? Selon le Sénateur Leconte, un rabais accordé aux familles de 15% couterait entre 120 et 130 millions d’euros.
Des parents d’élèves que nous avons contacté également s’interrogent : dans les lycées en gestion directe, et notamment dans les petites classes comme la maternelle, le maintien des frais de scolarité risque d’engendrer à la rentrée prochaine un exode massif vers d’autres écoles internationales qui, elles, font des gestes pour les familles. Une solution à court terme, maintenir le budget de l’école en maintenant les frais de scolarité, risque de générer un problème à moyen terme : une pénurie d’élèves.
M. Leconte pense que les lycées en Asie, Océanie, Afrique et Amérique du Sud risquent, pour bon nombre d’entre eux, de se retrouver en très grande difficulté financière. Les élèves y sont souvent majoritairement français et beaucoup de familles partent.
Le gouvernement et le Président de la République ont régulièrement affiché leur volonté de doubler la taille du réseau d’ici 2030. La crise, inédite, que nous vivons rebat totalement les cartes. Ce n’est plus le doublement du réseau mais bien sa survie qui semble en jeu désormais.
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