Ce 16 mars, les États généraux de la diplomatie se sont conclus en présence du Président de la République, Emmanuel Macron, qui a fait des annonces afin de mettre fin à la grogne qui avait conduit à une grève historique, par sa rareté, le 02 juin 2022.
La genèse de ces rencontres
La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a lancé le vendredi 28 octobre les “États généraux de la diplomatie”. Le Président de la République, Emmanuel Macron, les avait annoncés à la fin de l’été. L’objectif de la tenue de ces États généraux de la diplomatie était de répondre aux attentes de la profession alors qu’une réforme ouvrant les métiers de la diplomatie à des personnalités publiques sème la discorde entre le corps diplomatique et le gouvernement.
En effet, tout a commencé avec une réforme de la haute hiérarchie du corps diplomatique. Celle-ci, actée par décret, entre les deux tours du scrutin présidentiel, mettait fin au corps diplomatique.
Plus qu’une simple disposition administrative, les fonctionnaires formés à la diplomatie pourraient être non seulement contraints de la quitter pour poursuivre leur carrière, éventuellement dans d’autres ministères, mais aussi faire face à la concurrence, pour des postes en ambassade, de non-diplomates. Une décision qui fut mal comprise par les concernés.
Pour les Français de l’étranger, nous avions reçu en décembre 2022, Jérôme Bonnafont, représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève, rapporteur général de ces États généraux de la diplomatie, et le secrétaire général Florian Escudié. Nous vous mettons le podcast de nouveau à disposition.
700 ETP en plus
Le chef de l’État français a annoncé, dans son discours de clôture, une augmentation « sur quatre ans des effectifs du ministère de 700 ETP (emplois temps plein) » et une hausse de ses crédits de « 20% » à 7,9 milliards d’euros.
C’est donc la conclusion qui découle du rapport réalisé par Jérôme Bonnafont et Florian Escudié avec la collaboration de plus de 5000 agents. Pour cela, le secrétariat des Etats généraux de la diplomatie avait déployé plus canaux de contacts comme des rencontres lors de déplacements à l’étranger, des participations aux séances organisées par les trois groupes de travail formés pour ces états généraux ou encore des questionnaires envoyés aux agents concernés soit près de 13 500 agents du ministère, ils furent plus de 700 à y répondre.
Une réserve diplomatique citoyenne
Mais Emmanuel Macron a voulu aussi répondre directement à la grogne liée à la fin du corps diplomatique. Une réforme qui avait fait grand bruit dans le cadre pourtant feutré de notre diplomatie. « Un métier n’a pas besoin de corps pour exister, ça n’a rien à voir », a-t-il lancé. « Mais le métier nous le défendrons bien », a-t-il assuré, avant d’indiquer vouloir « mettre les moyens en conformité avec nos ambitions ».
Il a par ailleurs annoncé la future création d’une « réserve diplomatique citoyenne », afin de « bâtir une intimité culturelle plus grande » entre le Quai d’Orsay et les Français sans pour autant détailler les paramètres de ce nouveau dispositif qui, si comme son nom l’indique, est ouverte à tous les citoyens, intéressera fortement les Français de l’étranger. Une nouvelle pierre pour rapprocher les expatriés de l’administration consulaire et diplomatique ?
Clarifier la stratégie française
Mais le Président de la République a aussi profité de ces rencontres pour définir le cap de notre politique internationale.
Ainsi il est notamment revenu sur le contexte mondial qu’aura à affronter la France dans les années à venir. Selon lui, le système diplomatique mondial sera « fait de coalitions mouvantes », en lien avec une multipolarité bien réelle. Il a surtout estimé que le monde à venir serait « querelleur et tenté par la renationalisation ». De fait, il estime que la France doit rester « sans cesse sur le qui-vive ».
Pour affronter ce monde mouvant, le locataire de l’Élysée a souhaité que la France réaffirme ou tisse de nouveaux partenariats. En « Europe, bien sûr », mais aussi dans d’autres zones du monde, comme « l’Indo-Pacifique », qui est une des zones prioritaires de son second mandat.
Emmanuel Macron entend également « organiser […] l’action d’influence » de la France. Il faut « ajouter à la grammaire de la solidarité celle de l’influence », a-t-il ainsi fait valoir, avant d’indiquer qu’il fallait « changer radicalement d’échelle » en la matière.
La France doit notamment « moderniser ses outils » informationnels et « prendre à bras-le-corps les réseaux sociaux », qui sont bien « un lieu de la guerre hybride ».
Il s’agit, pour le président de la République, d’un enjeu majeur puisque « lorsque nous perdons la bataille informationnelle, nous annihilons des efforts » financiers ou de solidarité réalisés dans certains pays, notamment en Afrique.