Pour Frans Timmermans, commissaire européen au Climat, la dernière publication du GIEC, synthétisant ses travaux depuis 2015, « devrait être la base d’une plus grande ambition lors de la COP28 ».
Lundi (20 mars), le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du Climat, dit « GIEC », a publié une synthèse (en anglais) reprenant ses travaux depuis 2015.
Le constat est sans appel : « la lenteur du monde à agir pour s’attaquer à la crise climatique est en train de miner nos chances de limiter le réchauffement à un seuil viable », a commenté l’Organisation des Nations-unies (ONU) après la sortie du texte du GIEC.
Sur son compte Twitter, le commissaire européen au Climat, Frans Timmermans, en a profité pour rappeler l’échéance internationale à venir, à savoir la COP28 à Dubaï en novembre prochain, dont la survenance permettra de rehausser, au plus vite, les ambitions climatiques mondiales, a-t-il avancé.
Surtout après une COP27 en Égypte qu’il qualifiait de décevante.
« Beaucoup de parties prenantes, beaucoup trop, ne sont pas prêtes à faire plus d’efforts aujourd’hui dans la lutte contre la crise climatique », s’était-il désolé au sortir de la conférence climatique de l’ONU (COP) en novembre 2022.
Rehausser les objectifs européens
À la COP27, le commissaire au Climat s’y était pourtant rendu optimiste, assurant avant l’évènement que l’UE pouvait faire mieux en matière de réduction de gaz à effet de serre en rehaussant son objectif à -57 % d’ici à 2030 par rapport à 1990, soit deux points de plus que les 55 % sur lesquels travaillent actuellement les parties prenantes européennes au travers du paquet de règlementation « Fit for 55 ».
D’autant que pour M. Timmermans, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est un préalable à la compensation des pertes et dommages, l’un des points clés de discussions lors des COP.
« Si nous ne réduisons pas radicalement nos émissions, aucune somme d’argent ni aucun effort consacré à l’adaptation ou aux pertes et dommages ne permettra à l’humanité de faire face aux catastrophes qui se produiront », avait-il déclaré aux journalistes avant la COP27.
Suite à la sortie de la synthèse du GIEC, l’ONU a avancé en ce sens que pour contenir la « hausse des menaces climatiques », il était nécessaire de « plafonner les émissions mondiales d’ici 2025 au plus tard, puis de les réduire de près de moitié d’ici à 2030 ».
Objectif : atteindre la neutralité climatique « le plus près possible de 2040 », a complété António Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Pour cela, les pays devront non seulement « arrêter toute expansion des réserves existantes de pétrole et de gaz », mais aussi, pour les pays développés, dont ceux membres de l’UE, « garantir une production nette d’électricité nulle d’ici 2035 ».
L’UE sur de bons rails ?
De nombreuses réglementations du « Fit for 55 » qui sont encore en négociations visent à atteindre ces objectifs, comme la directive sur les énergies renouvelables qui projette qu’elles couvrent au moins 40 % de la consommation énergétique de l’UE d’ici à 2030.
Pour cela, Timmermans a appelé lundi les États membres de l’Union européenne à entreprendre « des politiques nationales solides pour faire le travail ».
« Chaque fraction de degré compte et chaque pas fait la différence », a-t-il conclu.
Au sortir de la COP27, la ministre française de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, s’était elle aussi faite la porte-voie d’un rendez-vous international miné.
Dans une tribune publiée samedi (18 mars) dans le JDD, la ministre prend Frans Timmermans au mot, rappelant que sa mission première est de « diminuer notre consommation [d’énergie] de 40 % d’ici 2050 ».
Pour cela, la ministre assume « qu’être écologiste, c’est faire le choix des énergies renouvelables ET du nucléaire contre les énergies fossiles ».
Le nucléaire fait pourtant l’objet de querelles entre Européens. Certains États membres, comme la France, souhaitent que ses bénéfices climatiques puissent être comptés au même titre que les efforts de déploiements des énergies renouvelables, voire qu’ils soient directement comptabilisés dans la directive renouvelables.
Enfin, comme M. Timmermans, Mme Pannier-Runacher insiste sur l’importance de la future COP28. Ce rendez-vous « doit aussi marquer une nouvelle étape pour la communauté internationale », avance-t-elle.
« Après la déception de Charm-el-Cheikh [COP27], la COP de Dubaï doit permettre de rehausser nos ambitions en embarquant tous les pays du monde, et en particulier ceux qui émettent le plus », concluant que « les efforts de l’Union européenne seule ne suffiront pas ».
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