Illustratrice, traductrice et autrice, Clémentine Latron vit aux Pays-Bas après avoir posé ses valises dans plusieurs villes à travers l’Europe et au-delà. Elle collabore régulièrement avec Courrier International, où ses dessins accompagnent la rubrique « Courier Expat » et offrent un regard aussi tendre que piquant sur les réalités de l’expatriation. Clémentine est une illustratrice française qui croque la vie des expats avec humour et nuance.
C’est avec la bande dessinée Les Expats qu’elle a touché un large public francophone vivant à l’étranger. Ses personnages, pris entre choc culturel, quiproquos linguistiques et nostalgies culinaires, font écho à une expérience partagée par des millions de Français dans le monde. Elle est également l’autrice du Tour de France des expressions régionales (éditions First) et du livre « Dis-moi que tu es français sans me dire que tu es français » (Ed. Mango). Dans cet entretien pour Lesfrancais.press, Clémentine Latron revient sur son parcours, ses projets, et son regard aiguisé sur la langue, l’identité et l’humour en terre étrangère.
Clémentine Latron, sa vie d’expatriée
Lesfrancais.press : « Vous avez vécu dans de nombreuses villes, avant de vous installer à Amsterdam. En quoi ce parcours nomade a-t-il façonné votre regard sur les cultures, et votre manière de dessiner ? »
Clémentine Latron : « Effectivement j’ai pas mal déménagé dans mon enfance (une dizaine de fois, entre l’hexagone et l’outre-mer) puis effectué plusieurs stages ainsi qu’un semestre Erasmus à l’étranger avant de m’installer à Amsterdam. Je pense que cela a très certainement aiguisé mon sens de l’observation et m’a plongé dans le bain des différences culturelles, que j’adore illustrer. Pour ce qui est de ma manière de dessiner je ne pense pas que cela ait eu un réel impact – si ce n’est que j’ai commencé à dessiner sous forme de planches de 6 vignettes au moment où j’ai commencé à dessiner pour Courrier international. »
Lesfrancais.press : Vous collaborez régulièrement avec Courrier International pour illustrer ce que certains appellent « le vivre ailleurs ». Comment s’est construite cette collaboration et qu’aimez-vous dans cet exercice d’illustration éditoriale autour de la vie à l’étranger ?
Clémentine Latron : « Courrier international m’a contactée alors que je venais d’arriver aux Pays-Bas, pour me proposer d’illustrer la vie d’expat dans la rubrique Courrier Expat. J’ai bien évidemment sauté sur l’occasion. Ce que j’aime avec cet exercice, c’est que j’ai vraiment carte blanche : je peux aussi bien illustrer les mésaventures d’une française à l’étranger que les coutumes néerlandaises que je vais trouver rigolotes ou les petites manies des Français, parce que forcément, quand on vit à l’étranger, on porte aussi un regard différent sur sa propre culture ; c’est de là qu’est né mon livre Dis-moi que tu es français sans me dire que tu es français, qui porte sur toutes les petites habitudes très françaises dont j’ai découvert qu’elles l’étaient en vivant à l’étranger ! »
Clémentine Latron, croque le quotidien des Français de l’étranger
Lesfrancais.press : « Les Expats, votre BD parue chez First, a conquis de nombreux lecteurs francophones à l’étranger. Comment ce projet est-il né et comment avez-vous choisi les situations que vous mettez en scène ? »
Clémentine Latron : « Les Expats est en fait un recueil de mes chroniques sur Courrier international. Ces illustrations naissent en général de situations que j’ai vécues moi-même ou qu’on m’a racontées, d’observations au quotidien, de discussions avec les gens… Dès que quelque chose peut faire l’objet d’un dessin, je note ! Disons que 90 % sont des situations vécues, même si parfois j’exagère un tout petit peu. »
Lesfrancais.press : « En tant qu’autrice qui vit à l’étranger et observe les Français expatriés avec bienveillance, selon vous : qu’est-ce qui fait le sel (ou le manque) de notre identité lorsqu’on vit loin de la France ? »
Clémentine Latron : « S’il y a une chose que j’ai remarquée c’est que dès que je publie une illustration en rapport avec la nourriture, il y a un nombre de réactions incroyable de la part des lecteurs. Donc je dirais, sans aucune hésitation : le rapport avec la nourriture, entre nostalgie des spécialités françaises et chauvinisme du croissant ! »
Lesfrancais.press : « Vous explorez depuis plusieurs années la vie à l’étranger à travers vos dessins, vos mots et vos collaborations. Si vous deviez résumer en une idée ce que l’expatriation vous a appris, sur vous-même, sur les autres, ou même sur la France, que diriez-vous ? Et que souhaitez-vous continuer à explorer à travers vos créations dans les années à venir ? »
Clémentine Latron : Je ne saurais pas dire précisément ce qu’elle m’a appris, mais ce qui est sûr c’est que si je n’étais pas partie à l’étranger, je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui dans ma carrière ! Car ce sont mes dessins humoristiques sur la vie à l’étranger qui m’ont amenée à collaborer avec Courrier international et finalement m’ont fait connaître.
« Si je n’étais pas partie à l’étranger, je n’en serais pas là où j'en suis aujourd’hui dans ma carrière »
Clémentine Latron
De là sont ensuite nées des collaborations avec des institutions comme les Alliances françaises ou la Cité internationale de la langue française, avec lesquelles j’ai eu la chance d’illustrer des sujets touchant aussi à la langue et aux expressions françaises (ce qui me plait particulièrement car je suis traductrice de formation) ou encore l’Ambassade de France aux Pays-Bas, avec laquelle j’ai travaillé l’année dernière autour des Jeux Olympiques. J’adorerais travailler avec des alliances françaises d’autres pays, ou partir sur des projets en rapport avec le voyage. J’ai toujours un carnet avec moi quand je voyage, où je griffonne mes observations.
Dans les valises de tout expatrié, entre les papiers administratifs, le dictionnaire des faux-amis et le sachet de madeleines, il devrait toujours y avoir une bonne dose d’humour. Car vivre ailleurs, c’est souvent apprendre à rire de ses maladresses, à sourire des différences, et à transformer chaque décalage en clin d’œil complice. Clémentine Latron incarne à merveille cette philosophie : avec ses dessins pleins d’esprit et de tendresse, elle rappelle que l’humour est peut-être le plus fidèle compagnon de route de celles et ceux qui choisissent d’habiter le monde. Une boussole intérieure, légère mais essentielle, pour garder le cap loin de chez soi.
Vous pouvez retrouver Clémentine sur Instagram (@clementinelatron), où elle partage avec humour et finesse ses dessins du quotidien, ses carnets de voyage et ses réflexions illustrées sur la vie à l’étranger.
Auteur/Autrice
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Gilles Roux est un juriste, entrepreneur et auteur français qui vit dans la région de Mannheim en Allemagne depuis plus de 35 ans.
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