Le magazine de voyage Fodor’s a publié son classement des pays à éviter en 2026. Une démarche inversée qui a pour objectif d’encourager les touristes à ne pas choisir les destinations surchargées pour leurs séjours, allégeant ainsi le « fardeau pesant sur les terres et les populations locales ». Car derrière les images de plages dorées à Bali, d’architecture méditerranéenne à Lisbonne et de palmiers à Koh Samui, la réalité quotidienne, tant pour les habitants que pour l’environnement, devient bien plus complexe. Les expatriés le savent bien pour partager, parfois, ces nuisances. Pour les Français de l’étranger, on a choisi 6 destinations à éviter pour un tourisme responsable.
Préserver pour les générations futures
Mais avant de découvrir les destinations à éviter, penchons-nous sur les causes qui ont poussé Fodor’s Travel a publié ce classement des pays à éviter. Le guide ne cherche pas à bannir définitivement ces lieux mais plutôt à les préserver pour les générations futures. Cette approche vise à sensibiliser les voyageurs aux conséquences de leurs choix de destinations. Vous participez ainsi à un tourisme plus conscient en évitant temporairement ces zones saturées.
Les experts identifient trois problématiques majeures qui justifient ces recommandations. Le surtourisme génère une surfréquentation qui dépasse largement la capacité d’accueil naturelle des lieux. La dégradation environnementale s’accélère avec l’afflux massif de visiteurs, menaçant des écosystèmes souvent fragiles. L’impact sur les populations locales transforme leur quotidien en véritable enfer, entre hausse des prix immobiliers et perte d’authenticité culturelle.
Des nuisances dont on n’a pas vraiment conscience lors de nos voyages. Maintenant qu’on le sait, découvrons le classement.
11 millions de visiteurs à Montmartre
On commence par la France, évidemment ! Car on découvre dans le classement que le petit quartier historique parisien est visité par onze millions de touristes chaque année. Ce flux provoque un véritable exode des 30 000 résidents face aux conditions devenues « invivables ». Les prix immobiliers ont bondi de 35% en une seule année, transformant ce lieu de vie authentique en simple décor touristique.
Le risque ? Favoriser la « muséification » de Montmartre, processus déjà observé dans d’autres villes européennes comme Venise en Italie ou Bruges en Belgique. Même les rues autrefois calmes subissent désormais cette pression constante, effaçant peu à peu l’identité culturelle du quartier.
Le touriste repousse les limites en Antarctique
L’intérêt grandissant des touristes à visiter l’Antarctique aurait conduit plus de 120 000 visiteurs sur des bateaux de croisières entre 2023 et 2024, pour s’émerveiller devant les glaciers de ce dernier espace encore sauvage sur la planète, selon Fodor’s Travel.
Auparavant, ceux qui visitaient l’Antarctique utilisaient leur expérience dans une optique de développement durable. Mais aujourd’hui, beaucoup y sont attirés pour le « tourisme de dernière chance », c’est-à-dire l’envie de constater une merveille avant qu’elle ne disparaisse, dans ce cas-ci, en raison des changements climatiques.

D’ici 2033, on s’attend à voir ce tourisme de masse doubler, et cela risque d’avoir des conséquences néfastes sur cet environnement « fragile et rare », a noté Jessica O’Reilly, professeure agrégée d’anthropologie à l’Université de l’Indiana, au guide de voyage.
Pour l’instant, les entreprises de petites croisières qui conduisent les visiteurs sont volontairement membres de l’Association internationale des voyagistes en Antarctique (IAATO), qui promeut « un tourisme sûr et respectueux de l’environnement », mais l’IAATO n’a aucune autorité sur le nombre maximum de visiteurs.
Les îles Canaries étouffent
Avec 7,8 millions de touristes en seulement six mois, ces îles atlantiques croulent littéralement sous la pression touristique. Cette popularité excessive menace directement l’écosystème insulaire fragile et provoque une flambée des prix immobiliers qui rend la vie quotidienne impossible aux jeunes locaux.
La prolifération des locations courte durée type Airbnb accapare le marché immobilier local au profit d’investisseurs étrangers, laissant les habitants canariens dans une situation socio-économique précaire. Les profits générés par cette manne touristique échappent largement aux communautés locales pour enrichir des groupes hôteliers internationaux.

Les glaciers suisses
La région suisse de la Jungfrau, reconnue pour ses pics et ses glaciers spectaculaires, draine un nombre incalculable de touristes annuellement. Or, cette affluence met à mal la nature fragile et le cadre de vie des habitants. Les glaciers qui fondent et les ressources restreintes de la région subissent une pression particulière. La hausse de la fréquentation souligne que la capacité des Alpes à absorber le tourisme a des limites.
Sentiers abîmés, autocars encombrant les petites routes sinueuses de montagnes, groupes de touristes bruyants qui ne viennent que pour quelques photos, crise de logement en raison des locations…
Koh Samui, l’île thaï prise au piège

Koh Samui, joyau du golfe de Thaïlande, constitue un exemple frappant d’île piégée par sa propre popularité. Longtemps recherchée pour ses paysages et ses resorts haut de gamme, elle fait aujourd’hui face à une accumulation massive de déchets, conséquence directe de l’intensification touristique.
Des milliers de tonnes d’immondices s’entassent aussi bien dans l’arrière-pays que sur les flancs des collines. Des efforts logistiques existent, notamment l’incinération ou le transfert vers le continent, mais la croissance constante du tourisme dépasse les capacités locales.
164% de trafic portuaire en plus au Kenya
Le Kenya s’est récemment positionné comme premier centre touristique d’Afrique avec plus de 2,4 millions de visiteurs en 2024 et l’espoir d’atteindre plus de 3 millions en 2025, selon Fodor’s Travel.
Avec une hausse de 164% de trafic portuaire dans ses villes côtières, dont Mombasa, les visiteurs ont pu profiter de ses plages tropicales de sable blanc, de ses réserves naturelles protégées et de ses sites culturels riches, comme le Fort Jesus, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, peut-on lire.
Le hic, c’est que le pays manque de données sur ses capacités d’accueil touristique maximal qu’il peut atteindre sans nuire à la santé écologique des lieux, ce qui entraîne déjà, entre autres, un épuisement des ressources, une surpopulation, une mauvaise gestion des déchets, et le délabrement et la congestion de routes.
Le tourisme sexuel et la toxicomanie entraîneraient également du mécontentement chez les locaux, qui déplorent une priorisation du tourisme à leur détriment, a expliqué le guide de voyage.
Sur tous les continents
Si on ne peut que reconnaître la nécessité économique du tourisme, il est indispensable d’imaginer un développement responsable pour ne pas anéantir ce qui attire initialement les voyageurs. Une orientation vers l’écotourisme, associée à une politique stricte de gestion des déchets et à la limitation volontaire du nombre de visiteurs, pourrait allier protection du cadre naturel et maintien de l’activité économique.
Mais c’est une démarche longue et qui nécessite d’accompagner financièrement les acteurs sans oublier de les former. Car le surtourisme imprègne tous les continents, comme vous pouvez le découvrir dans le classement complet de Fodor’s Travel pour l’année 2026.























